Éditorial

2021 : une année à oublier pour l’économie haïtienne

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 Sans surprise, Haïti a encore fait ses adieux à l’année 2021 sur fond de performances économiques  médiocres.  En  effet,  l’économie haïtienne s’est retrouvée dans l’incapacité totale de renverser la tendance afin de renouer avec la croissance en 2021. Au terme de l’exercice fiscal 2021, selon l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI), le PIB a contracté de -1,8% après avoir enregistré une baisse de -3,3% en 2020. Pour les analystes de cet Institut, l’économie haïtienne a été «quasiment prise en otage» en 2021 par le climat d’instabilité marqué par un accroissement effréné du phénomène de l’insécurité. Ils inscrivent la détérioration du PIB en 2021 dans un contexte de crise socio-politique aigüe qui a atteint son paroxysme avec l’assassinat du président Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.

Cette situation chaotique, tout au long de l’année écoulée, n’est pas sans conséquence sur les trois grands secteurs de l’économie qui en ont fait les frais. Le secteur primaire s’est incliné de -4,1% contre -2,4% en 2020 tandis que les valeurs ajoutées des secteurs secondaire et tertiaire ont décru respectivement de -2,4% et de -2,0% en comparaison avec l’exercice précédent.

Cette opération de sabotage et d’autodestruction inter-haïtienne de l’économie nationale se déroule dans un contexte de crise sanitaire mondiale qui continue d’impacter durement certains secteurs d’activité dans bon nombre de pays. Paradoxalement, Haïti, l’un des pays les moins touchés par ce fléau mondial, a toutes les peines du monde à tirer son épingle du jeu à cause d’une absence criante de leadership éclairé et d’une vision commune claire et ceci, au plus haut niveau de l’Etat.

Contrairement à la République dominicaine, un modèle de stabilité politique dans la sous-région, qui vient d’enregistrer, selon la Banque centrale de ce pays, une croissance économique de l’ordre de 12.7% en 2021. Tous les secteurs ont montré une très bonne dynamique. A titre d’exemple, les exportations ont crû de 34.3% pour une valeur de 9.2 milliards de dollars US. Les investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 2.5 milliards de dollars US et les transferts nets sans contrepartie 7.7 milliards de dollars US.

Les agrégats macroéconomiques de la République voisine ont quasiment tous montré des tendances à la hausse. La dynamique sectorielle est particulièrement marquée par la croissance au niveau de la construction (17,4 %), hôtels et restaurants (15,0 %), activités extractives (14,4 %), transports et communications (11,0 %) et microentreprises (10,6 %). .

Une fois de plus, face à de telles performances de la part du voisin, Haïti s’expose en ridicule. On sent une lassitude chez les pays dits “amis” d’Haïti. Ils nous assistent, en train de creuser notre propre tombe. Avec ou sans leur complicité, les Haïtiens se sont mués en de grands fossoyeurs de la République, crachant ainsi sur les rêves d’une jeunesse de plus en plus aux abois.

Si les perspectives d’un retour à la croissance en Haïti n’avaient jamais été aussi sombres, la Banque mondiale en revanche prévoit que l’Amérique latine et les Caraïbes vont clore l’année 2021 avec une croissance de 5,2 % et progresseront de 2,9 % en 2022.

Les projections du Fonds monétaire international (FMI) pour la région sont un peu plus optimistes, prévoyant une croissance de 6,3 % fin 2021, soit 1,1 point de pourcentage de plus que la BM, et une croissance de 3 % du PIB réel en 2022.

Il y a là matière à réflexion intense sur ce que nous voulons faire de ce pays.

DevHaiti

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