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21 projets financés par la BID en Haïti pour 1,1 milliard de dollars américains

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«On a actuellement 21 projets approuvés dans notre portefeuille. Le montant total des projets approuvés s’élève à 1,1 milliard de dollars américains, dont 50% ont été déjà été décaissés. L’année dernière, on avait fait des projections de décaissement de l’ordre de 157 millions de dollars américains, et plus de 80% des projections ont été atteintes», a indiqué Corinne Cathala, représentante de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) en Haïti, lors d’une entrevue exclusive accordée récemment au quotidien Le Nouvelliste.

Haïti a également accès à des fonds concessionnels depuis l’année dernière, les plus importants projets du gouvernement haïtien financés par la BID concernent respectivement les secteurs eau potable et assainissement ; transport ; le social (en particulier la santé et l’éducation) et l’agriculture.

«Avant la détérioration de la situation sociopolitique, la grande majorité de notre portefeuille était allouée à l’infrastructure. Mais depuis, on a de plus en plus de projets financés dans le secteur social et l’éducation», a poursuivi Corinne Cathala.

Par le passé, le portefeuille social représentait environ 8% de tout le portefeuille approuvé ; il atteint actuellement la barre des 30%. Toutefois, selon Corinne Cathala, le volet infrastructure n’est pas totalement délaissé puisque «50% du portefeuille de la BID y est alloué».

Les travaux de la BID dans le secteur eau potable et assainissement

Dans le volet eau potable, assainissement et déchets solides, représentant la plus grande part de l’enveloppe de projets approuvés de la BID, Mme Cathala a fait mention des efforts qui sont mis en œuvre.

«Nous avons travaillé avec le Centre technique d’exploitation (CTE) [de la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA)]. En ce sens, nous avons appuyé pendant 6 ans la mise en place d’une assistance technique opérationnelle pour améliorer la performance du CTE de Port-au-Prince à la suite du tremblement de terre de 2010», a indiqué Mme Cathala, soulignant l’aide du secteur privé dans ce domaine.

«Le  secteur  privé  a  aidé  l’entreprise  de Port-au-Prince à se restructurer, à s’améliorer et à augmenter le nombre de ses clients, ses revenus et à favoriser l’accès à l’eau potable dans les quartiers défavorisés». Cependant, cet appui est arrivé à son terme il y a quelques années. L’insécurité a retardé la réalisation des travaux dans le secteur. Toutefois, malgré l’insécurité des travaux continuent dans ce secteur comme à Mariani où des entreprises sur le terrain sont à pied d’œuvre.

L’aéroportuaire et le cabotage, des secteurs clés

Au cours de cette entrevue, Corinne Cathala a informé de l’état d’avancement de la construction de la tour de contrôle de l’aéroport international Toussaint Louverture et du complexe de gestion de trafic aérien.

«La tour de contrôle est pratiquement terminée ; il y a des bâtiments administratifs autour qui sont bientôt finis», a affirmé la représentante de la BID en Haïti, fixant l’inauguration de ces infrastructures au premier trimestre de l’année 2025.

Grâce à ces travaux, dès l’année prochaine, l’espace aérien haïtien ne sera plus libre, a fait savoir Corinne Cathala. «Jusqu’à présent, il y a beaucoup d’avions qui survolent l’espace aérien du pays, mais aucun revenu ne peut être perçu par le gouvernement haïtien faute d’infrastructures», a-t-elle confié. Un droit de passage sera réclamé des compagnies internationales à partir de l’an prochain.

Par ailleurs, elle a affirmé que la BID est en train de faire une étude de l’état de plusieurs aéroports du pays pour évaluer les besoins, notamment celui des Cayes pour une possible rénovation de la piste d’atterrissage.

Pour ce qui est des infrastructures portuaires, la représentante de la BID a souligné qu’une étude est en cours pour améliorer le cabotage, afin de venir en aide à l’Autorité portuaire nationale (APN).

Évoquant le secteur des infrastructures, Corinne Cathala a mentionné l’adoption par la BID d’un cadre pour pays fragiles qui pourra, entre autres, faciliter le processus de passation de marchés entre l’institution et les entreprises locales.

L’apport de la BID au social

La BID intervient dans le social, à travers le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), qui travaille notamment dans des zones vulnérables difficiles d’accès. Dans certaines zones, a souligné Mme Cathala, le FAES et ses partenaires procèdent à des transferts d’argent aux populations locales pour des travaux d’intérêt général.

Depuis le tremblement de terre du 14 août 2021, la BID finance des projets dans le département de la Grand’Anse, dans le secteur éducatif, routier et agriculture. Un soutien qui, selon la représentante pays de la BID, passe à travers l’approvisionnement au programme cantine scolaire.

«La rétention d’emplois, l’objectif»

La BID finance également le Parc industriel de Caracol (PIC). Corinne Cathala a livré le bilan de ce financement au PIC. « En 2019, il y avait 12 000 emplois et plusieurs entreprises au parc. À l’heure actuelle, nous avons deux entreprises étrangères au PIC », a informé Mme Cathala, soulignant que l’insécurité et la fermeture de la frontière avec la République dominicaine ont grandement affecté le fonctionnement du parc.

«Nous travaillons avec le ministère de l’Économie et des Finances (MEF), les douanes, l’APN et la police pour améliorer les conditions au PIC. L’objectif actuel, c’est la rétention d’emplois, plus que la création d’emplois. Il est souhaitable de créer de nouveaux emplois, bien sûr, et on appuiera le gouvernement dans ce sens, mais l’objectif principal c’est la rétention actuellement», a souligné Mme Cathala.

L’insécurité, un énorme frein à certains projets

Malgré les réalisations, l’insécurité impacte énormément la poursuite des travaux. Dans beaucoup de cas, des travaux ont été interrompus. Les entreprises embauchées ont abandonné les chantiers à cause de la situation sécuritaire.

Cependant, Mme Cathala s’est réjouie de la poursuite d’autres travaux comme à l’aéroport Toussaint Louverture. «Ils ont réussi à construire un périmètre de sécurité autour de l’aéroport qui leur permet de poursuivre les travaux. Des équipements de sécurité ont été mis en place à l’intérieur de l’aéroport en collaboration avec le TSA des États-Unis, sous la supervision de l’USAID».

Si dans la majorité des cas les projets sont des réussites, Corinne Cathala a révélé qu’il y a des cas de déception, sans toutefois les préciser. Parmi les projets en cours, Mme Cathala a également mentionné le projet de transformation digitale avec le MEF.

DevHaiti

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