Développement durable

4,4 millions d’Haïtiens pris dans un engrenage de faim

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La situation d’insécurité alimentaire est alarmante, s’inquiète la dernière note sur l’insécurité alimentaire en Haïti du mois de mars de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) qui, après avoir recensé 4,4 millions de personnes dans le besoin, presse les autorités d’intervenir sur-le-champ et en urgence pour sauver des vies et éviter une ultérieure aggravation irréversible de la situation.

À l’instar de l’année dernière, l’année 2024 a démarré avec le même lot de facteurs qui contribue à accroitre la vulnérabilité des ménages en les privant de nourriture et d’autres biens de première nécessité.

La situation humanitaire déjà catastrophique s’était dégradée ces derniers temps. Vers la fin du mois de février la CNSA dit avoir noté une augmentation du niveau de la violence dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince.

Cette situation a obligé de nombreux ménages à quitter leur domicile.

Parmi ces personnes déplacées, on note plusieurs qui avaient déjà été déplacées auparavant créant ainsi des besoins d’assistance humanitaire notamment le besoin en nourriture. Selon les données DTM/OIM, ces nouvelles personnes déplacées étaient estimées à 15 000 à Port-au-Prince en date du 9 mars 2024.

Cette situation affecte également les ménages à l’intérieur du pays avec dans certaines mesure les personnes qui ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPAP) pour trouver refuge à l’intérieur du pays. Plus de 17 000 personnes ont quitté la ZMPAP vers les provinces du 08 au 14 mars 2024 et plus de 362 000 personnes sont actuellement déplacées dans tout le pays.

Cette violence généralisée a non seulement occasionné le déplacement massif, mais elle a également provoqué la perte de moyens de subsistance et d’opportunité d’emploi des ménages.

La disponibilité des denrées alimentaires se fait rare sur les marchés entrainant la flambée des prix qui sont hors de portée des ménages vulnérables. Selon les résultats de l’analyse des prix menée en fin janvier 2024 par le Programme alimentaire mondial (PAM), le coût du panier alimentaire a augmenté dans sept départements sur dix comme suit: Ouest (+10%), Grand‘Anse (+9%), Sud-Est (+2%), Sud (+2%), Nord-Ouest (+1%), Centre (+1%) et département du Nord (+0,3%). Ces hausses s’expliquent par l’augmentation des prix des produits alimentaires de base tels que les haricots, le riz, le maïs et, dans une moindre mesure, la farine de blé.

Il importe de rappeler qu’Haïti a connu en plus de la violence des gangs, la sécheresse, qui a impacté grandement la capacité de production agricole locale. Ainsi, pour palier à ce manque, les commerçants importent une grande partie des produits agricoles et d’autres produits alimentaires manufacturés de la République dominicaine. Selon les données de suivi de prix de FEWS NET du mois de février 2024: «Toute l’huile de cuisson est importée et les importations de riz représentent près de quatre-vingts pour cent des besoins nationaux. De grandes quantités de haricots et de maïs sont également importées».

Les nombreuses barrières érigées par les gangs, l’augmentation de coût de carburant rendent les prix de ces denrées élevés sur les marchés.

Etant dépourvu de tous moyens de subsistances et compte tenu de leur état de vulnérabilité, ces déplacés et familles d’accueil présentent des besoins impérieux dont l’assistance alimentaire qui leur permettra de soulager leurs souffrances dans l’immédiat et de se projeter vers le futur pour les appuyer à retrouver leurs moyens de subsistance perdus dans cette situation trouble.

C’est dans ce contexte que le secteur note une faible capacité de ses membres à se mobiliser et de faire face aux besoins des personnes dans la détresse, ceci par le manque de ressources financières.

Depuis le début de la crise, le PAM en collaboration avec ses partenaires a distribué 111 490 repas à 23 208 personnes déplacées dans 16 sites de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Des efforts restent à consentir pour apporter de l’assistance aux nombreuses personnes déplacées, notamment sur les moyens d’existence.

Ainsi, le secteur sécurité alimentaire est plus que jamais dans un besoin de fonds pour faire face à cette situation de crise profonde.

L’environnement opérationnel est de plus en plus hostile pour la population et les acteurs humanitaires opérant en Haïti. Malgré cet état, la communauté humanitaire a continué à soutenir les populations affectées en dépit de l’augmentation des attaques et cette année.

Source : CNSA

DevHaiti

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