Éditorial

L’élevage, un secteur porteur à rentabiliser

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Haïti connait une instabilité politique chronique qui se répercute sur tous les secteurs de la vie nationale. Les indicateurs économiques ou socio-économiques – tous au rouge – expliquent à eux seuls l’ampleur de cette crise qui n’en finit pas. L’explosion des chiffres de l’insécurité alimentaire fait d’Haïti un pays en situation d’urgence alimentaire. Les appels d’urgence en faveur des groupes vulnérables – les femmes enceintes, les enfants, les vieillards, les personnes à besoins spéciaux – résonnent dans les réunions régionales et mondiales. Le cas d’Haïti est devenu, pour ainsi dire, inquiétant.

Pourtant, ce ne sont pas les opportunités qui manquent à Haïti pour créer des richesses au profit de sa population. L’élevage est l’une de ces opportunités que le pays doit mieux exploiter en vue de nourrir sa population, créer des emplois, et relancer son économie. Avec une population estimée à environ 12 millions d’âmes, Haïti constitue une puissance démographique dans la Caraïbe. Toutefois, celle-ci peut être un embarras, un obstacle au développement du pays ou une source de richesse. Tout dépend de ce qu’on choisit de faire de cette population. Le tableau actuel indique que nous n’avons pas fait le bon choix.

La population haïtienne, dont une majorité est constituée de jeunes, peut être un terrain fertile pour le développement de l’élevage. Produire de la viande et ses produits dérivés pour le marché local peut créer beaucoup d’emplois et peut constituer aussi une source de revenus pour beaucoup de ménages. Faut-il souligner quand on parle d’élevage, ce sont les animaux, mais aussi la médecine vétérinaire, les intrants pour la préparation de la nourriture pour chaque catégorie d’animaux. Il existe une chaine de valeur à prendre en compte dans ce secteur qui nécessite une prise en charge à divers niveaux.

Si on considère par exemple le sous-secteur de la volaille, c’est une source de richesse, si elle est bien exploitée, qui peut donner un coup de pouce à l’économie. Il est un secret de Polichinelle que les Haïtiens consomment le poulet au quotidien. L’œuf, le dérivé de la poule, fait aussi partie de la consommation quotidienne des Haïtiens. Une habitude alimentaire qui profite à notre voisin dominicain et au marché américain. Le développement de la filière de la poule et de l’œuf en Haïti serait profitable au pays dans le sens qu’il permettrait la création d’emplois et l’élargissement de l’assiette fiscale à mesure que les entreprises impliquées dans le développement de ladite filière auraient à payer des taxes. En retour, l’État aurait plus de moyens pour investir dans l’amélioration des conditions de vie de la population.

Le même scénario peut se répéter dans toutes les filières du secteur de l’élevage. La viande de cabrit, du bœuf, du cochon crée des emplois avant d’aboutir sur nos tables. Une politique publique pour le développement du secteur de l’élevage dans le respect des normes environnementales et sanitaires allait certainement être profitable à l’économie.

Il est difficile d’envisager une meilleure prise en charge du secteur de l’élevage en dehors de l’agriculture. Haïti a intérêt à donner plus d’attention à son secteur agricole, par ricochet à l’élevage. C’est une question de souveraineté nationale, de création de richesse et de la prise en charge de la santé des citoyens. Il est de la responsabilité de l’État et des élites haïtiennes de s’y atteler. Personne d’autre ne le fera à notre place. Face au nombre d’Haïtiens qui ont faim, il y a urgence d’agir. La relance de l’agriculture et une meilleure prise en charge de l’élevage peuvent être une réponse appropriée.

DevHaiti

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