Développement durable

Food Shock Window : remède magique du FMI à la crise alimentaire mondiale ?

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Le Fonds Monétaire International (FMI) conçoit Food Shock Window (Fenêtre de choc alimentaire), initiative qu’il met à disposition de divers pays à travers le monde dont Haïti, comme réponse à la crise alimentaire qui sévit depuis de nombreuses années. Le FMI est une institution très critiquée chez nous pour l’orientation de sa politique économique depuis plus de trois décennies, accusé d’avoir participé aux crises qu’il prétend vouloir par la suite apporter des «solutions».

Le Fonds Monétaire International (FMI) fournit des conseils en matière de politique, de développement des capacités et de soutien financier pour aider les pays membres à faire face à la crise alimentaire mondiale, indique son site internet. Près de 50 pays sont gravement touchés par la crise alimentaire mondiale; ceux qui sont confrontés à de graves problèmes macroéconomiques, à des institutions faibles et à un environnement sociopolitique fragile sont les plus vulnérables. Le FMI intervient en identifiant les pressions et en aidant ces pays à formuler des politiques efficaces. Ce, en combinant des informations sur l’impact de la hausse des prix des denrées alimentaires et des engrais sur la balance des paiements avec des informations sur les vulnérabilités et les risques, y compris la viabilité de la dette.

Il identifie les pays qui sont les plus susceptibles de rencontrer des pressions financières aiguës et «conseille» les autorités nationales sur les réponses politiques à apporter.

Le financement du FMI prétend aider les pays à répondre aux besoins de balance des paiements liés au choc alimentaire mondial. «En outre, le nouveau guichet “choc alimentaire” offre un accès accru aux instruments de financement d’urgence pour les pays qui ont des besoins urgents en matière de balance des paiements liés à une insécurité alimentaire aiguë, à l’augmentation des coûts des importations de denrées alimentaires et d’engrais, ou à des déficits substantiels des exportations de céréales», peut-on lire sur son site internet.

Guichet «chocs alimentaires»

Le guichet «chocs alimentaires» dans le cadre des instruments de financement d’urgence, la facilité de crédit rapide (FCR) et l’instrument de financement rapide (IFR) approuvés par le Conseil d’administration le 30 septembre 2022, est ouvert jusqu’au 29 septembre 2023. Ce nouveau guichet offre un accès supplémentaire, dans le cadre de ces instruments, aux pays confrontés à des besoins urgents de balance des paiements liés au choc alimentaire mondial, pour lesquels un programme de qualité UCT n’est pas réalisable actuellement ou n’est pas nécessaire. Le guichet «choc alimentaire» est accessible aux pays membres du FMI qui ont un besoin urgent de balance des paiements lié au choc alimentaire mondial. Plus précisément, le guichet sera disponible pour les pays qui souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë, d’un choc brutal des importations alimentaires ou d’un choc des exportations de céréales.

Les conditions de financement sont les mêmes que pour les autres financements d’urgence. L’accès des pays à faible revenu au FSW (Food Shock Window) du FCR se fait sous la base de conditions concessionnelles. L’aide financière accordée par l’intermédiaire du TFE dans le cadre de l’IFR et du FCR devrait être remboursée dans un délai de 3 ¼ à 5 ans, et de 51/4 à 10 ans, respectivement, comme c’est le cas pour les autres guichets de l’IFR et du FCR. L’accès est compatible avec les besoins réels de la balance des paiements et plafonné à 50 % du quota, et s’ajoutera aux limites d’accès annuelles actuelles au titre du FCR et de l’IFR. Les limites d’accès cumulées au titre du guichet régulier de l’IFR et du guichet des chocs exogènes du FCR, qui étaient auparavant de 150 % de la quote-part, seront portées à 175 % de la quote-part pour les membres qui emprunteront par l’intermédiaire du TPE.

L’impact du choc alimentaire est ressenti partout, poursuit FMI. Selon les estimations de ses services, une cinquantaine de pays sont particulièrement vulnérables au choc des prix des denrées alimentaires et des engrais, la plupart d’entre eux souffrant également  d’une  insécurité  alimentaire  aiguë.

«Environ la moitié d’entre eux sont particulièrement vulnérables en raison de graves problèmes économiques, de la faiblesse de leurs institutions et de leur fragilité. Pour les pays les plus touchés, les subventions et les financements concessionnels des partenaires constituent les premières lignes de défense», poursuit-il.

Le guichet «choc alimentaire» offre une ligne de défense supplémentaire sous la forme d’un soutien du FMI pour aider à répondre aux besoins urgents de la balance des paiements.

105 millions de dollars à Haïti au titre du guichet «chocs alimentaires»

Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé l’octroi de 105 millions de dollars à Haïti au titre de la facilité de garantie contre les chocs alimentaires, le 23 janvier 2023, en vue d’aider à répondre aux besoins de la balance des paiements d’Haïti liés à la crise alimentaire mondiale, selon le communiqué du Fonds monétaire international. «Les autorités doivent soigneusement contrôler, suivre, enregistrer et publier toutes les dépenses liées à la réponse d’urgence», a déclaré Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe du FMI. La Banque centrale d’Haïti devrait réduire le financement monétaire du déficit et limiter les interventions sur le marché des changes pour atténuer la volatilité, a-t-elle fait savoir.

«Haïti subit de plein fouet le choc mondial sur les prix des denrées alimentaires. L’inflation record a aggravé la fragilité d’Haïti, car la hausse des prix au niveau mondial s’est fortement répercutée sur les prix intérieurs et a occasionné des pénuries alimentaires», rappelle le FMI. Haïti, dont plus de la moitié de la population est déjà en dessous du seuil de pauvreté, traverse une crise humanitaire dramatique. Au cours de l’exercice 2023, le pays devrait connaître un déficit de financement d’au moins 105 millions de dollars (0,5 pour cent du PIB), en supposant une compression de ses importations, et faute d’un financement extérieur supplémentaire de la part de ses partenaires pour le développement. «Ce choc exacerbe les difficultés d’un pays déjà très fragile, par ailleurs en proie à une urgence de santé publique (choléra) et à une grave insécurité», reconnaît le FMI.

«L’aide d’urgence du FMI au titre du guichet “chocs alimentaires” de la facilité de crédit rapide (FCR) contribuera à combler le déficit de la balance des paiements et à soulager les personnes les plus touchées par la hausse des prix alimentaires, en rendant possible le financement de diverses mesures, comme des programmes d’alimentation et de transferts en espèces et en nature en faveur des ménages vulnérables, ou encore l’exonération des frais de scolarité», a fait savoir au terme des délibérations du conseil d’administration, Mme Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe et présidente par intérim.

Pour faire face à cette crise, il conviendra d’affecter en priorité les ressources budgétaires à des programmes alimentaires et à l’augmentation des aides sociales en faveur des groupes les plus vulnérables, estime le FMI. Afin d’assurer que ce financement d’urgence soit utilisé à bon escient, ce qui est indispensable pour mobiliser les bailleurs de fonds et maîtriser les risques pour la viabilité de la dette, il convient que les autorités assurent de manière rigoureuse le contrôle, le suivi, l’enregistrement et la publication de l’ensemble des dépenses liées à cette réponse d’urgence, exige l’institution. Une collaboration étroite avec le FMI doit permettre aux pouvoirs publics, par l’intermédiaire de l’Inspection générale des Finances (IGF), de procéder à des audits internes des dépenses de tous les ministères impliqués dans l’utilisation des ressources d’urgence fournies au titre du guichet «chocs alimentaires», et de communiquer à brève échéance les conclusions de ces audits internes à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif (CSCA)».

Les politiques macroéconomiques et structurelles adaptées que les autorités mettent en œuvre dans le cadre du programme de référence permettent également de garantir qu’Haïti saura s’acquitter de ses obligations envers le FMI, lit-on. Tout en apportant des liquidités suffisantes au secteur financier, il convient que la banque centrale réduit le financement monétaire du déficit et n’intervienne sur le marché des changes que pour lisser la volatilité, exige le FMI.

Devhaiti

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