Crise de la gouvernance politique et criminalité ont inhibé le développement durable en Haïti
Les objectifs de développement durable et leurs cibles restent l’un des plus grands chantiers autour duquel les autorités mondiales se réunissent pour un monde meilleur. Depuis la réduction de la pauvreté et de l’extrême pauvreté jusqu’à l’établissement de partenariats solides pour protéger les vies maritimes, terrestres, les ODD se sont établis comme un agenda mondial incontournable. En ce sens, Haïti, unique Pays Moins Avancé (PMA) du continent américain, s’est joint à ce grand projet mondial pour non seulement mitiger les problèmes locaux, mais aussi contribuer à un monde plus juste et durable.
Bien que le contexte national actuel soit macabre, il est très important de continuer à planifier le développement durable. Plusieurs crises ont quasiment anéanti des efforts en termes de développement durable effectués par le pays durant les deux dernières décennies. L’insécurité et la crise de la gouvernance politique ont durablement affecté les résultats macroéconomiques et sociaux. Dans certaines zones du pays l’éducation a été prise au piège, un grand nombre d’enfants ont perdu une quantité importante de jours de classe. L’impact de ces crises sur le système sanitaire et la protection sociale est aussi énorme. Le pays a aussi connu de maigres résultats macroéconomiques comme peuvent l’illustrer les 4 dernières années de récession.
Pour mieux évaluer l’effort national quant à l’atteinte des ODD, le gouvernement a produit le rapport sur «L’Evaluation du Financement du Développement (EFD)». L’EFD s’est porté sur le financement du développement durant la période 2000-2020 et découle du Cadre Intégré National de Financement (CINF). Il est rapporté dans la triple visée qui consiste à:
– Analyser le rôle, l’impact des outils de mécanismes de financements sur le développement et de les évaluer ;
– Évaluer le cadre de planification du développement et celui de budgétisation ;
– Proposer des recommandations appropriées quant aux mesures les plus pertinentes et les réformes urgentes à lancer.
Dans la première visée, l’EFD a fait ressortir que les crises des années 2016 à 2023, ont annihilé les effets des progrès réalisés en matière de croissance économique en 1999 (9.9% PIB) et en 2005 (5,9% PIB). Il est établi que la mauvaise gouvernance politique et la crise de la sécurité ont impacté négativement le pays sur le plan commercial, financier et économique. En effet, en 2022 la dépendance du pays aux importations s’est fait trop sentir avec un déficit courant de -22.05% du Produit Intérieur Brut (PIB). La gourde a pour ainsi beaucoup décoté par rapport au dollar US tandis que l’économie nationale est entrée depuis 2019 dans une trappe de récession. Les prévisions de la Banque mondiale pour 2023 ont établi une croissance de -0.3% du PIB.
Cependant, tout n’est pas perdu comme c’est indiqué au niveau de l’EFD. Haïti étant un pays bourré de potentiels, il reste aux acteurs publics, privés et de la société civile de redéfinir le sentier du développement durable. Il est rapporté dans les pages de l’EFD plusieurs instruments à mobiliser pour financer le développement durable en Haïti. Ces instruments sont, entre autres:
– Les Recettes Fiscales, qui représentent 49% des ressources globales du budget par rapport à une prévision de 61%. Le gap de financement se situe dans les proportions autour de 12% ;
– Le Financement Intérieur doit inclure davantage les PMEs qui bénéficient de moins de 12% du total des crédits octroyés aux commerces de gros, BTP, Assurances et affaires immobilières, a contrario de l’Agriculture ;
– La Dette Publique qui doit être maintenue à un niveau soutenable ;
– La Dette Intérieure ;
– Le Financement Extérieur tel qu’on doit encourager les Investissements Directs Etrangers (IDE) ;
– Les Transferts de la Diaspora ;
– Les Dons Privés et l’Aide publique au Développement (APD) ; La mobilisation de ces instruments passe par une administration publique et privée axée sur les résultats. L’EFD a recommandé que l’agriculture soit une priorité pour mitiger les problèmes de l’extrême pauvreté et de la crise alimentaire. L’accès à l’énergie, particulièrement à des sources d’énergies renouvelables, est incontournable dans cette grande quête de développement pour le pays. Il est surtout souligné au niveau des recommandations de l’EFD, l’importance de la transparence et de la redevabilité (verticale et horizontale) dans le secteur public pour avancer vers les ODD.

DevHaiti

