Les ODD dans le sillage des transferts d’argent
La crise chronique que connait Haïti force souvent les analystes de tout bord à se demander : comment serait le pays sans les transferts de fonds de sa diaspora? Personne ne sait exactement. Toutefois, ce qui est certain: en 2022, les transferts d’argent vers Haïti ont atteint un montant record de 3,3 milliards de dollars. Cela représente environ 32,5 % du PIB du pays, soit plus que les exportations, selon les chiffres de la Banque mondiale.
Les données disponibles montrent une absence de politique publique pour capter les transferts afin de les orienter dans des activités de développement. L’essentiel des transferts sert principalement à la consommation privée, dans l’alimentation, l’éducation, les soins de santé et le logement.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans son «Étude rétrospective sur les transferts de fonds de la diaspora haïtienne: Perspectives pour une remobilisation vers le financement du développement durable d’Haïti» (2022), citant une autre étude pour le compte de la Fédération Le Levier, couvrant cinq départements d’Haïti, révèle que les principaux usages que font les bénéficiaires des transferts sont les dépenses quotidiennes.
Les résultats précédents sont similaires à ceux d’une autre étude qui indique que la nourriture représente 80.9 % de l’usage des transferts. La consommation de produits alimentaires constitue donc le principal usage des transferts, suivant ces études. En effet, pour des ménages à faible revenu, les frais quotidiens sont majoritairement constitués de dépenses pour l’alimentation.
Pour débattre de «l’impact des transferts de devises sur le financement du développement», Dr Raulin Lincifort Cadet, qui est enseignantchercheur à l’Université Quisqueya dans «Le Rendezvous économique» sur les ondes de Télé Métropole de Kesner Pharel, a fait remarquer que le montant des transferts varie dans le même sens que les importations. Autrement dit, les transferts d’argent de la diaspora financent les importations, en particulier les produits alimentaires.
Dr Raulin L. Cadet estime que l’utilisation des technologies pourrait bien aider dans la réduction des frais de transferts. Mais la réticence des Haïtiens, la faiblesse de la régulation, des lois en vigueur dans le secteur freinent son développement. Pourtant, ajoutetil, la monnaie digitale initiée par la Banque de la République d’Haïti (BRH) pourrait même constituer une piste de solution dans les efforts pour réduire les frais assez élevés de transferts vers Haïti.
Le rapport du PNUD, cité précédemment, met en relief le manque de transparence au niveau des finances publiques et la difficulté pour des petites associations de la diaspora à se fédérer. Cela rend difficile la réalisation de transferts collectifs, dédiés à des projets impliquant l’État haïtien, et pouvant avoir un impact significatif sur le développement durable d’Haïti.
Les recommandations formulées dans le rapport portent principalement sur: le développement de produits financiers destinés à la diaspora ; des réformes et l’accompagnement du secteur financier, en vue de faciliter l’utilisation de la technologie pour favoriser la compétition et la réduction des coûts des transferts ; la promotion de l’entrepreneuriat inclusif.«L’Etude rétrospective sur les transferts de fonds de la diaspora haïtienne: Perspectives pour une remobilisation vers le financement du développement durable d’Haïti» relate qu’Haïti risque alors de s’écarter des ODD au lieu de s’en rapprocher. Il importe donc de mobiliser le financement nécessaire pour permettre à Haïti d’atteindre les ODD. Mais, ce pays est déjà bénéficiaire de l’aide au développement.
Ces fonds pourraient permettre de compenser la baisse de revenu qui résulte de la récession, et contribuer à l’atteinte des ODD. De plus, il est nécessaire de s’assurer de développer des stratégies qui permettent de mobiliser les transferts de la diaspora vers le financement de la croissance et du développement durable, en vue d’atteindre les ODD.
DevHaiti
