Quelles opportunités pour le Cap-Haïtien et la région Nord en matière portuaire ?
Participant à titre d’intervenant au Sommet régional de la Finance, organisé par le Group Croissance et ses partenaires du 14 au 16 décembre 2023 au Cap-Haïtien, le Directeur général de l’Autorité Portuaire Nationale (APN), Jocelin Villier, en a profité pour annoncer le début imminent des travaux de réhabilitation du port du Cap-Haïtien et d’autres opportunités pour la région Nord.
Selon le Directeur général de l’APN, ces travaux de réhabilitation, estimés à hauteur de 24 millions de dollars américains, participent à la politique de port maritime définie par l’Etat et répondent à des exigences économiques et politiques. «Cette politique doit offrir des services aux partenaires économiques nationaux et internationaux et aux acteurs de transports. Elle doit contribuer aux objectifs politiques nationaux comme la valorisation des avantages comparatifs, la favorisation du développement en contribuant aux équilibres régionaux et également soutenir les dynamiques économiques. C’est en ce sens que nous, en tant qu’autorité, considérons les ports maritimes comme des pôles de développement local et régional», a fait savoir Jocelin Villier soulignant que les travaux concernent notamment l’aire d’entreposage des containers et des véhicules, la circulation à l’intérieur de l’espace et les bâtiments administratifs. Ces travaux sont financés par l’Agence américaine pour le développement international (USAID), et devront durer environ 32 mois.
Par ailleurs, en ce qui concerne le paysage portuaire du Grand Nord, a poursuivi le Directeur général Villier, le Mole Saint-Nicolas (Nord-Ouest) pourrait avoir un port de pêche, de plaisance et un port de transbordement. Port-de-Paix pourrait avoir un port de commerce et un port de cabotage. Saint Louis du Nord (Nord-Ouest) pourrait avoir un port international. Carénage (Nord) pourrait avoir un port international, de plaisance, de croisière et pétrolier. Petit Anse (Nord) pourrait avoir un port international et pétrolier. Limonade (Nord) pourrait avoir un port de plaisance. Fort-Liberté (Nord-est) pourrait avoir un hub.
Du potentiel sous-exploité
«Beaucoup de nos potentiels ne sont pas identifiés alors qu’ils pourraient nous aider à augmenter considérablement nos recettes et à financer le développement. La mise en valeur de nos potentiels et leur exploitation ne rendent-elles pas indispensables les recherches alternatives ? Consciente de sa mission de service public et de son rôle dans l’aménagement du littoral avec la construction d’ouvrages portuaires appropriés, l’Autorité Portuaire Nationale s’interroge sur les approches et politiques à adopter. C’est pourquoi nous voulons converger nos efforts vers la modernisation du secteur portuaire et investir dans des infrastructures appropriées», a admis Jocelin Villier s’interrogeant sur la capacité du Nord d’engendrer une dynamique suffisante pour permettre à ses ports de jouer leur rôle de moteur de développement ou d’accélérateur de croissance.
Les ports d’Haïti ont un poids important et constituent un secteur vital dans l’économie nationale. « 85% des recettes douanières proviennent des activités portuaires et 65% des recettes fiscales proviennent des recettes douanières. Et à travers le monde, 90% des échanges d’outre-mer sont assurées par les ports maritimes. Ils occupent une forte place dans l’économie d’une nation ou d’une région tant pour ce qui est de l’approvisionnement des biens dont la production nationale est insuffisante que pour les exportations nécessaires au développement de son économie », a fait savoir le responsable de l’APN indiquant que les ports sont des lieux privilégiés de services complémentaires et représentent le point d’entrée ou de sortie reliant les corridors de transport au reste du monde. Ces derniers représentent un facteur ou élément vital de la chaine logistique et un centre naturel pour le développement régional.
À en croire le numéro un de l’Autorité Portuaire Nationale, son institution ne reste pas insensible au concept de villes portuaires qui est en plein développement dans le monde. «Nous avons déjà commencé à développer des rapports entre les villes et les ports. Il faut souligner que le fait qu’il y ait un port dans une ville ne signifie pas pour autant qu’il s’agit d’une ville portuaire. Il faut qu’il y ait une relation entre les citoyens, la municipalité et la ville pour faire de cette dernière une ville portuaire. Le port doit être une impulsion au développement économique de la ville. Il doit contribuer au développement du cadre légal et à la réglementation de la ville portuaire. Les ports peuvent offrir à la ville des opportunités économiques, logistiques et industrielles et vice versa. Cela peut entrainer le développement des métiers portuaires ou encore le développement de la filière portuaire. Mais tout doit passer par une coordination entre les autorités municipales et portuaires ».
«Il est important de souligner que les villes portuaires engendrent de la pollution marine et le réchauffement climatique. Mais elles apportent aussi desopportunités comme une logistique plus respectueuse de l’environnement, une attraction des investissements pour l’impulsion de l’économie de la ville, une contribution au développement économique de la ville, le désenclavement des régions, villes et localités, une fenêtre de distribution des produits locaux et la baisse des prix des produits », a déclaré M. Villier. Pour en arriver là, a-t-il préconisé, il faudra investir dans les infrastructures et les superstructures et créer un cadre légal et réglementaire. Il faut un engagement fort de l’Etat pour accélérer et parfaire la démarche du développement portuaire. En termes de financement, il pourrait y avoir un Partenariat Public Privé (PPP), des ressources propres, des ressources provenant des bailleurs, des fonds mobilisables à travers les communautés.
Des retombées du Sommet
En date du 26 janvier 2024, on peut lire dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste, la publication d’un appel à manifestation d’intérêt pour des études de projet de construction de réhabilitation de six (6) unités de port de cabotage divisé deux (2) marchés (marché 1 : Port-de-Paix, Saint-Marc, Anse à Galets, Pointe à Raquette ; marché 2: Miragoâne et Jérémie). Le présent appel à manifestation d’intérêt est lancé dans le cadre du programme «Transport et Connectivité Départementale», financé par la Banque interaméricaine de développement (BID), et a pour objet de contribuer à l’amélioration de la qualité, de l’accessibilité et des conditions de sûreté de l’infrastructure de transport en Haïti. «Ce sont les retombées directes du Sommet régional de la Finance», a confirmé une source bien placée à l’Autorité portuaire nationale.
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