La Banque de développement des Caraïbes, partenaire d’Haïti depuis plus d’une décennie
La Banque de développement des Caraïbes (CDB, selon son sigle en anglais) se donne pour mission d’aider ses pays membres emprunteurs de la sous-région à réduire leurs inégalités tout en réduisant de moitié l’incidence de l’extrême pauvreté d’ici la fin de 2025, en soutenant une croissance inclusive et durable et en promouvant la bonne gouvernance.
Une histoire qui débute à la fin des années 60
La Banque de développement des Caraïbes est une institution financière régionale créée par un accord signé le 18 octobre 1969 à Kingston, en Jamaïque, et qui est entré en vigueur le 26 janvier 1970, d’après une note publique sur son site web officiel. La Banque a été créée dans le but de contribuer à une croissance économique et un développement harmonieux de ses pays membres des Caraïbes, et lapromotion de la coopération et de l’intégration économiques entre eux, en tenant particulièrement compte des besoins urgents des membres les moins développés de la région.
À propos de la gouvernance de la CDB
La Banque de développement des Caraïbes est dirigée par un Conseil des gouverneurs. Ce Conseil délègue la supervision des opérations de la Banque au Conseil d’administration, qui est présidé par le Président. Le président est nommé par le Conseil des gouverneurs et est responsable des affaires quotidiennes de la Banque. Il est assisté de deux vice-présidents et d’une équipe de direction consultative.
Organe décisionnel suprême de la CDB, le Conseil des gouverneurs se réunit une fois par an dans l’un des pays membres de la Banque. Chaque pays membre nomme un gouverneur et un gouverneur suppléant. Chaque Gouverneur exprime les voix du territoire membre qu’il représente. Les territoires britanniques d’outre-mer d’Anguilla, des îles Vierges britanniques, des îles Caïmans, de Montserrat et des îles Turques et Caïques sont considérés comme un seul membre.
La République d’Haïti dans le sillage de la CDB
Haïti est devenu membre de la Banque de développement des Caraïbes en date du 19 janvier 2007. À date, la République d’Haïti n’est toujours pas habilitée à recevoir des prêts de la CDB et, par conséquent, continue de bénéficier, de temps à autre, de dons et de subventions.
À titre d’exemple, Haïti a reçu en 2015 une subvention de près 13 millions de dollars de la CDB. «La situation d’Haïti au sein de la CDB reste toujours la même […] La meilleure façon d’aider Haïti actuellement est de mobiliser en sa faveur autant de dons que possible», avait déclaré, à l’époque, le président d’alors de la CDB, le Dr William Warren Smith. «Si la situation économique d’Haïti évolue, nous pourrons lui fournir ce qu’on appelle des fonds spéciaux de développement, autrement dit des prêts low-cost avec des délais de paiement de longue durée», avait-il poursuivi. Environ une décennie plus tard, force est de constater que le statut d’Haïti au sein de la CDB n’a pas bougé d’un poil. Le pays n’a toujours pas accès à des fonds qui pourraient contribuer à financer son développement.
Ouverture du premier bureau de la CDB en Haïti
Malgré le statut un peu particulier d’Haïti au sein de la CDB, cela n’a pas empêché l’institution basée à la Barbade d’établir son premier bureau en Haïti en 2018. Il s’agit d’une première dans l’histoire de la Banque. Ingénieur civil de profession, cadre de cette Banque depuis des années, Stephen Lawrence est devenu à l’époque le premier responsable du bureau de la CDB en Haïti. Avant de poser ses valises à Port-au-Prince, le Jamaïcain avait roulé sa bosse un peu partout à travers le monde, dont en Afrique.
Cette décision d’ouverture de ce bureau à Port-au-Prince est intervenue à la suite de la signature d’un accord, en date du 27 février 2018, entre le ministre haïtien des Affaires étrangères d’alors, Antonio Rodrigue, et la vice-présidente (Opérations) de la Banque, Monica La Bennett, en marge de la 29e réunion intersessions de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (Caricom) qui s’est tenue à Port-au-Prince les 26 et 27 février 2018.
En 2017, la CDB, en collaboration avec le gouvernement d’Haïti, a élaboré un plan stratégique national pour la période 2017-2021, avec une enveloppe indicative de 100 millions de dollars pour aider Haïti à répondre à ses priorités de développement. La stratégie englobait trois thèmes principaux: l’agriculture et le développement communautaire, le développement de l’énergie durable, l’éducation et la formation. Cet engagement croissant entre la CDB et le gouvernement d’Haïti est à l’origine de l’ouverture de ce bureau dans le pays.
La même année 2017, Haïti a bénéficié de l’approbation d’une dotation de 45 millions de dollars au titre du neuvième cycle du fonds de ressources le plus concessionnel de la CDB, le Fonds de développement spécial (unifié). Les projets soutenus comprenaient la phase II du projet de l’éducation pour tous; le volet II du projet d’enseignement et de formation techniques et professionnels; des interventions dans l’agriculture et le développement rural ; assistance technique pour le développement des micro, petites et moyennes entreprises et amélioration de la qualité et de l’accès à l’éducation de base.
La CDB, principal assureur d’Haïti
Depuis mai 2013, la Banque a versé les primes d’assurance du pays au CCRIF SPC, la compagnie qui fournit une couverture d’assurance paramétrique dans les Caraïbes et en Amérique latine Amérique. Les paiements couvrent le tremblement de terre d’Haïti, le cyclone tropical et les politiques de précipitations excessives. Dans le cadre de cet arrangement, le pays a reçu plusieurs paiements, dont celui après le passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016.
En 2018, une subvention de 3 millions de dollars a été approuvée par la CDB et a été versée au CCRIF SPC afin de couvrir les primes d’assurance d’Haïti pour la saison 2018-2019. Ce financement de la Banque, auquel le gouvernement haïtien a contribué à hauteur de 1,8 million de dollars, a aidé Haïti à couvrir le coût des primes pour la couverture des cyclones tropicaux, des tremblements de terre et des précipitations excessives.
Sur la période susmentionnée, Haïti a déjà reçu plusieurs paiements de cette compagnie: un après le séisme de 2010 (7,7 millions de dollars), deux après l’ouragan Matthew en octobre 2016 (20,39 millions USD sous la police des cyclones tropicaux et 3,02 millions USD sous la police de précipitations excessives), 162 000 dollars en 2017 pour l’ouragan Irma, et a touché une prime d’assurance de 40 millions de dollars à la suite du passage dévastateur du séisme du 14 août 2021 dans la péninsule du Sud d’Haïti.
Une institution financière en plein essor… Depuis sa création en 1970, la Banque de développement des Caraïbes contribue à la croissance économique et au développement de ses pays membres emprunteurs (BMC) qui sont au nombre de dix-neuf (19). Outre ses 19 pays membres emprunteurs, l’institution financière régionale compte quatre membres régionaux non-emprunteurs (Brésil, Colombie, Mexique et Venezuela) et cinq membres non régionaux non emprunteurs (Canada, Chine, Allemagne, Italie et Royaume-Uni). L’actif total de la CDB au 31 décembre 2022 s’élevait à 3,46 milliards de dollars américains. Ceux-ci comprennent 2,06 milliards de dollars de ressources en capital ordinaire et 1,40 milliards de dollars de ressources de fonds spéciaux. La Banque est notée Aa1 Stable par Moody’s, AA+ Stable par Standard & Poor’s et AA+ Stable par Fitch Ratings.

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