Économie

Haïti est l’un des pays des Caraïbes qui reçoit le moins d’investissements directs étrangers

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L’instabilité sociopolitique et l’insécurité galopante qui sévissent en Haïti ces dernières années entraînent des conséquences désastreuses sur l’économie du pays d’une manière générale – 5 années consécutives de croissance économique négative – et particulièrement sur les investissements directs étrangers (IDE) que le pays ne parvient plus à capter depuis 2020.

En effet, selon le rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) sur les investissements directs étrangers par pays dans la région de 2003 à 2022, l’année 2019 reste la dernière année durant laquelle Haïti a reçu pour la dernière fois des IDE. Si en 2019, le pays a reçu 55 millions de dollars d’IDE, de 2020 à 2022 l’organisme onusien régional n’a comptabilisé aucun investissement direct étranger pour Haïti. Une première depuis 2003.

Entre 1990 et le commencement des années 2000, la contribution des investissements directs étrangers (IDE) à l’investissement global en Haïti (formation brute de capital fixe) a été très faible au cours de la période considérée, passant d’une moyenne annuelle de 3% entre 1990 et 1995 et de 3,5% entre 1996 et 2001.

Haïti et les IDE, une relation mi-figue mi-raisin

«De 1990 à 2002, il n’y a pas eu de stratégie clairement définie par les autorités et l’investissement global du pays a été majoritairement national. En revanche, dès 2004, grâce aux investissements dans le secteur des télécommunications notamment avec la Comcel et la Digicel, les IDE ont considérablement augmenté pour atteindre les 10% de la formation brute de capital fixe (FBCF) contre 3% en 2001. En 2006, le flux d’IDE dans le pays a augmenté de façon considérable pour atteindre pour la première fois les 15 % de FBCF», indique l’ouvrage intitulé «Initiative pour la promotion des investissements directs étrangers en Haïti» consacré à la promotion des IDE. Cet ouvrage est le résumé d’un rapport réalisé en 2007 par le Centre de Facilitation et d’investissement (CFI) conjointement avec la Banque interaméricaine de développement (BID).

Quelques années plus tard, soit en 2013, Haïti a réussi à capter 159 millions de dollars américains d’investissements directs étrangers. Une performance en rythme avec la tendance des années précédentes, à savoir 186 millions de dollars en 2010, 114 millions de dollars en 2011 et 174 millions de dollars en 2012. Toutefois, cette tendance n’a pas été maintenue car le pays n’a pas réussi à franchir la barre des 100 millions de dollars d’investissements directs reçus de l’étranger en 2014. Cette année-là, les IDE captés par Haïti ont totalisé 94 millions de dollars.

Selon un rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), la République dominicaine, contrairement à Haïti, a réussi à capter 37% des 6 milliards de dollars d’entrées liées aux investissements directs étrangers (IDE) dans les Caraïbes en 2014.

Avec un ratio de l’IDE au PIB de 1,1%, Haïti, d’après la CEPALC, en 2014, a été le pays de la Caraïbe avec la pire performance à cet égard, en compagnie du Suriname (0,1%).

«Haïti est l’un des pays des Caraïbes qui reçoit le moins d’IDE, à la fois et en termes absolus et par rapport à la taille de son économie», avait alors rapporté la CEPALC dans son rapport annuel sur «l’investissement direct étranger en Amérique latine et dans les Caraïbes 2015».

Les entrées d’Haïti en matière d’IDE en 2014 ont chuté à 99 millions de dollars, soit 47% de moins qu’en 2013, après que la moyenne des quatre années précédentes a été de 150 millions de dollars.

Selon la CEPALC, le tourisme est le secteur qui reçoit le plus d’IDE dans bon nombre de pays de la Caraïbe tandis qu’en Haïti les IDE proviennent principalement des secteurs des transports et des télécommunications. Avec un léger avantage pour le secteur des télécommunications qui est celui qui a reçu davantage d’IDE au cours des années en question.

Outre les transports et les communications, en Haïti, le tourisme est un autre secteur avec un grand potentiel, mais en 2014 peu d’investissements y ont été consentis. «Le plus grand projet enregistré a été la construction d’un hôtel Marriott dans la capitale, avec un coût estimatif de 50 millions de dollars», a fait savoir la CEPALC.

Haïti a reçu 104 millions de dollars d’investissements étrangers directs (IDE) en 2015. De 94 millions de dollars en 2014, les IDE en Haïti se sont hissés à 104 millions de dollars en 2015. Les deux secteurs dans le pays à avoir capté l’essentiel de ces investissements ont été l’industrie textile et le tourisme. Si le premier est une destination traditionnelle, le second, en revanche, a connu récemment un certain dynamisme.

Un record de 385 millions USD d’IDE pour Haïti en 2017

Pour la première fois depuis plus d’une décennie, Haïti a réussi à capter en 2017 plus de 300 millions de dollars américains d’investissements directs étrangers (IDE), soit une différence absolue de 292 millions de dollars entre 2016 et 2017.

D’une manière générale, Haïti a coutume de recevoir des montants relativement modestes d’IDE (14 millions de dollars en 2003, 6 millions en 2004, 26 millions en 2005 et 30 millions en 2008). Mais en 2017, les flux d’IDE ont bondi pour atteindre 385 millions de dollars américains contre 93 millions de dollars l’année précédente. Un record. D’après le rapport annuel de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), cette augmentation a été principalement due à l’acquisition de DINASA, le principal distributeur de carburants dans le pays, par la société française RUBIS, pour un montant non publié.

De plus, les sociétés asiatiques WINDS Group (Hong Kong (Chine) et MAS Holdings (Sri Lanka), en 2016, et Everest Textile (Taïwan) et Yangzhou Everbright Foreign Trading (Chine), en 2017, ont annoncé des investissements dans le secteur de l’habillement estimés entre 28 et 43 millions de dollars respectivement. Comme toujours, en matière d’IDE, le textile et les entreprises étrangères dominent tandis que les entreprises nationales peinent à faire le poids ou sont tout simplement reléguées à un rang inférieur.

Vers la fin de la décennie de 2010, Haïti a enregistré une chute de 48% des investissements directs étrangers reçus en 2019, à en croire l’édition 2020 du rapport «Investissements étrangers en Amérique latine et dans les Caraïbes» de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).

Selon la publication de l’organisme régional onusien, Haïti a reçu 55 millions de dollars d’IDE en 2019, contre 105 millions de dollars en 2018. Pour le Centre de facilitation des investissements (CFI), cité dans ce rapport, les quatre secteurs clés ayant réussi à attirer les capitaux étrangers dans le pays sont: le secteur textile, l’agroalimentaire, le tourisme et les services aux entreprises. C’était la plus mauvaise performance d’Haïti en la matière sur la dernière décennie. Même en 2016, Haïti était parvenu à faire mieux que l’année précédente lorsqu’il avait réussi à capter à l’époque 93 millions de dollars d’IDE.

Sources combinées

DevHaiti

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