Les transferts de la diaspora vers Haïti contribuent-ils à réduire la pauvreté ?
La finalité des transferts de la diaspora haïtienne a été au cœur de l’étude du PNUD publiée en 2022 et dirigée par Cadet Raulin L. Citant d’autres recherches, l’auteur précise que les principaux usages que font les bénéficiaires des transferts sont les dépenses quotidiennes.
«La consommation de produits alimentaires constitue donc le principal usage des transferts, suivant ces études. En effet, pour des ménages à faible revenu, les frais quotidiens sont majoritairement constitués des dépenses pour l’alimentation», affirme l’étude rétrospective sur les transferts de fonds de la diaspora haïtienne publié en 2022. «En considérant, dans le cas de notre étude, l’opinion d’un panel d’experts qui connaissent l’économie haïtienne et le comportement des ménages, la nourriture est notée comme étant le principal usage que font les bénéficiaires des transferts envoyés en Haïti», a précisé l’auteur de l’étude Cadet Raulin L.
L’auteur, citant par ailleurs une étude réalisée pour la Fédération Le Levier, couvrant cinq départements d’Haïti, révèle que les principaux usages que font les bénéficiaires des transferts sont les dépenses quotidiennes (Cadet et Emile, 2016). Ces résultats sont similaires à ceux d’une autre étude qui indique que la nourriture représente 80.9% de l’usage des transferts (Orozco, 2006).
«En augmentant la consommation des ménages, les transferts contribuent, d’une certaine manière, à la réduction de la pauvreté», affirme Cadet Raulin L. sans langue de bois. Ajoutant: «En fait, c’est l’augmentation de leurs revenus qui leur permet d’augmenter leur consommation de produits alimentaires. En fait, l’augmentation du revenu contribue généralement à la réduction de la pauvreté (Azam et al., 2016)». «Toutefois, a-t-il nuancé, nous comprenons que les pauvres qui bénéficient des transferts peuvent demeurer vulnérables, s’ils n’arrivent pas à augmenter leurs autres sources de revenus. Car, d’un point de vue microéconomique, si celui qui généralement envoie des transferts à un ménage n’en expédie plus, ce dernier peut voir sa situation socioéconomique se détériorer».
Il y a aussi des cas où les transferts sont utilisés pour financer l’éducation. «Lorsque les transferts sont utilisés pour financer l’accès à l’éducation, leur impact sur la réduction de la pauvreté peut être durable», précise l’auteur. Car, ajoute-t-il, l’accès à l´éducation peut contribuer à l’augmentation du revenu des pauvres. «En ce sens, suivant le classement des experts consultés dans le cadre de notre étude, l’éducation se retrouve en deuxième position, en termes d’usage des transferts envoyés en Haïti», précise l’auteur. Ajoutant: «En contribuant à augmenter l’accès à l’éducation, les transferts peuvent contribuer à la réduction de la pauvreté. Cependant, il faut nuancer en considérant la qualité de l’éducation auquel les pauvres bénéficiant de transferts peuvent avoir accès».
Après l’éducation, confirme l’étude, le paiement du loyer constitue l’un des principaux usages des transferts en Haïti, suivant l’opinion des experts.
«Ce résultat est similaire à celui de Cadet et Emile (2016)», précise-t-elle. «En ce qui concerne nos résultats, les experts classent la santé immédiatement après le loyer. En tout cas, le loyer et l’accès à la santé figurent aussi parmi les principaux usages des transferts», enchaîne l’étude.
En ce qui concerne la santé, argumente l’auteur de l’étude, on sait qu’elle contribue au renforcement du capital humain. Or, le niveau de capital humain contribue à l’augmentation du revenu des ménages. En ce sens, en contribuant à l’augmentation de l’accès des ménages à la santé, les transferts peuvent contribuer à la réduction de la pauvreté.
« L’éducation et la santé constituent donc des éléments complémentaires à considérer dans la formulation de stratégies de réduction de la pauvreté », conclut l’étude.

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