Développement durable

Assurance agricole : Un élément indispensable pour le développement de l’agriculture en Haïti

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De manière historique, Haïti a été longtemps victime des aléas climatiques, inondations, sécheresse, érosion entre autresayant provoqué à travers les siècles de nombreux dégâts parfois irréversibles dans certaines régions du pays. Outre l’aspect climatique, les crises sociales, politiques et économiques ont eux aussi des effets négatifs sur le fonctionnement des entreprises évoluant dans différents domaines de l’économie du pays.

Le secteur agricole qui représente plus ou moins 20% du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays et employant la moitié de la population active du pays compte les populations les plus vulnérables. Chaque année, situé dans une zone tropicale et humide, Haïti fait face à de nombreux événements climatiques qui ont eu de lourdes conséquences, estimées à plusieurs millions de dollars américains, sur les agriculteurs partout dans le pays.

Ne disposant d’aucune aide de l’Etat, ni de couverture d’assurance pouvant aider à pallier certains risques, les agriculteurs enregistrent beaucoup de pertes de récoltes dues à des conditions climatiques qui changent, du manque de ressources pour financières et de filet de sécurité en cas de graves inondations, érosion, sècheresse ou de maladies entre autres. Une telle situation provoque une baisse de récolte favorisant ainsi une perte de moyens de subsistance pour les agriculteurs

Oubliés, méprisés ou presque par le secteur bancaire haïtien ou les institutions étatiques, les agriculteurs ne disposent d’aucune alternative viable. Compte tenu de leur vulnérabilité et le manque de financement ou de crédit attribué au secteur agricole ; ces derniers une fois le cataclysme passé, n’arrivent pas à se relever car ils ne disposent pas de moyens suffisants pour relancer leurs activités ni de fonds nécessaires pour compenser les pertes de récolte enregistrées. Ne bénéficiant d’aucun support local, ils ont parfois, à travers des projets à durée fixe, reçu le support d’organisations internationales œuvrant dans le secteur pour apporter une certaine réponse pour le mois temporaire aux problèmes chroniques auxquels ils font face.

Ainsi, après le séisme du 12 Janvier 2010 qui a frappé Haïti et ayant provoqué des pertes agricoles évaluées à 31 millions de dollars, selon la Banque Mondiale ; un consortium composé de de Développement international Desjardins (DID), l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA) et SOCODEVI, ont lancé le projet dénommé ‘Système de financement et d’assurance agricole en Haïti’ (SYFAAH) dont la première cohorte d’agriculteurs, soit 3 600 familles, ont pris part au projet pilote lancé dans le département de l’Artibonite.

Une initiative qui sera étendue dans les dix départements du pays et ayant reçu le support financier du Canada, de la Suisse et de l’Agence Française de Développement (AFD) et du ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et Développement Rural. Ce projet offre un volet crédit et une assurance récolte aux différents bénéficiaires.

D’autres efforts ont été consentis dans le même sens en vue d’apporter une réponse à ce besoin crucial dans le pays, le Programme Alimentaire Mondiale (PAM), en collaboration avec la compagnie d’assurance haïtienne AIC (Alternative Insurance Company) et d’autres partenaires ont lancé en 2022, un projet pilote d’assurance agricole qui cible principalement les agriculteurs dans la Grand ’Anse et le Sud d’Haïti. Ce qui, selon les responsables, constitue un tournant décisif dans le secteur agricole en Haïti.

Ce projet vise à apporter une couverture d’assurance pour les pertes liées aux excès ou déficits de pluie qui atteindre une somme maximale de US$ 900 américains. L’objectif de cette prime d’assurance est de permettre aux 9 400 producteurs haïtiens impliqués dans ce projet, d’améliorer, ont-ils indiqué, la résilience de leurs ménages et de protéger leurs investissements face aux potentiels événements climatiques.

Mis à part ces projets qui n’ont pas la vocation d’être pérennes, il n’existe pas vraiment de mécanismes locaux qui peuvent aider les agriculteurs à long terme et de manière structurelle. Sans une bonne politique agricole axée sur le crédit, puis une assurance couvrant tous les risques auxquels sont exposés et de plan de crédit adapté à leurs activités et qui peuvent les aider à investir dans de nouveaux équipements modernes, les petits exploitants haïtiens sont sujets à mettre clef sous la porte. Une situation qui provoquera l’exode rural, avec des agriculteurs qui seront contraints d’abandonner leurs terres pour s’installer en ville et rendre Haïti totalement dépendant de l’importation de produits et denrées étrangers déjà en forte progression, avec une insécurité alimentaire qui s’aggrave davantage dans les régions rurales du pays.

Remixon Guillaume

DevHaiti

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