Coup de projecteur sur le budget rectificatif 2024-2025

Le 30 septembre 2024, au dernier jour de l’exercice 2023-2024, le Conseil des ministres présidé par le Premier ministre Garry Conille a adopté le budget 2024-2025 d’un montant global de 323 445 000 000 gourdes. Moins de deux mois plus tard, le 11 novembre, Gary Conille a été démis de ses fonctions au profit de l’homme d’affaires Didier Fils-Aimé comme nouveau chef de gouvernement du CPT. Souvent dans l’administration publique, un changement de gouvernement implique un changement d’orientation et de priorités. Ce changement va se matérialiser à travers un budget rectificatif d’une enveloppe totale de 323 451 000 000 gourdes qui traduit les aspirations du nouveau gouvernement en termes d’objectifs à atteindre.
Un rapide coup d’œil dans le communiqué du 21 décembre 2024 annonçant la préparation d’un budget rectificatif de l’administration CPT/Alix Didier Fils-Aimé laissait déjà entrevoir les lignes maîtresses de ce budget par rapport au budget initial. « Budget rectificatif 2024-2025 : une mobilisation totale pour combattre l’insécurité et relancer l’économie », titrait ledit communiqué.
Cinq axes prioritaires transparaissent dans le budget rectificatif 2024-2025 : Sécurité publique et nationale ; redressement économique et infrastructures ; révision constitutionnelle et dialogue national ; État de droit et justice ; organisation des prochaines élections. Pour se donner les moyens de répondre à ces exigences du moment, le gouvernement s’est doté d’une enveloppe budgétaire de 323 451 000 000 000 gourdes pour les voies et moyens. Soit une augmentation de 6 millions de gourdes par rapport au budget initial.
Les recettes totales estimées dans le budget rectificatif sont estimées à 217,5 milliards de gourdes. Ce qui représente une augmentation de 0,86 % par rapport au budget initial. Alors que les dépenses totales du nouveau budget sont évaluées à 303,3 milliards de gourdes, une augmentation de 0,77% par rapport à l’ancien budget. D’une manière générale, le total des crédits du budget rectificatif est estimé à 323,2 milliards de gourdes. De ce montant, 209,1 milliards de gourdes sont destinées au crédit de fonctionnement et 114,1 milliards au crédit d’investissement.
Pour les allocations de crédit par secteur, le budget rectificatif 2024-2025 donne la priorité au secteur social qui, pour la deuxième fois au cours des trois dernières décennies, devance le secteur économique. En effet, dans le classement par ordre de priorité de ce budget, le secteur social vient en tête avec une allocation de 89,5 milliards de gourdes (27,7%). Il est suivi par le secteur économique qui est doté d’une allocation de 81,8 milliards de gourdes (25,3 %). Le secteur politique vient en troisième position avec un montant de 74,3 milliards (23 %). Le secteur culturel ferme la marche avec un montant de 3,9 milliards de gourdes (1,2 %).
Allocations aux ministères
Quant aux crédits alloués aux différents ministères, c’est le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle qui a hérité de la part du lion en obtenant un crédit total de 47,2 milliards de gourdes, soit 14,6% du total des allocations. Le ministère de la Justice, budget de guerre oblige, vient en deuxième position avec un montant de 39,2 milliards de gourdes (12.2%). Le MTPTC arrive en troisième position avec 30 milliards de gourdes (9,3%). Le MEF se place en quatrième position de ce classement avec 25,6 milliards de gourdes (7,9%). Le MSPP en 5e position avec 20,7 milliards de gourdes (6,3%). À la sixième place, on retrouve le MAST avec une allocation de 19,2 milliards de gourdes (6%). Le MARNDR occupe la 7e place, avec 12,6 milliards de gourdes (3,9%). Le ministère de la Défense occupe la 8e place avec 9,5 milliards de gourdes (2,9%). Le MICT vient en 9e place avec un montant de 9.2 milliards de gourdes (2,9%). Le MAE en 10e position avec un budget de 8,4 milliards de gourdes (2,6%).
Le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger a la plus faible allocation budgétaire parmi les ministères, avec un montant de 288,5 millions de gourdes représentant 0,1% du total des allocations.
Selon des précisions apportées par le directeur général du Budget au MEF, M. Jean-Michel Silin, l’augmentation (de 6 millions de gourdes) du budgétaire rectificatif par rapport au budget initial est due en grande partie à l’augmentation des ressources locales alimentées par les bons du trésor qui sont passés d’une prévision de 16 milliards à 25 milliards de gourdes.
Une telle situation est due au fait que le financement externe est drastiquement diminué compte tenu du contexte de la politique internationale actuelle, où certaines mesures drastiques prises par les pays donateurs ont incité les bailleurs à être moins dépensiers. Cela explique bien le fait que, au niveau des ressources, les dons et emprunts financés par les bailleurs soient diminués de 13 milliards de gourdes dans le budget rectificatif.
