Sortir le Grand Sud des ornières de la pauvreté

Vers la fin du mois de novembre de l’année dernière, la 3e édition du Sommet régional de la Finance dans le Grand Sud d’Haïti a réuni des représentants du secteur des affaires, de la société civile, du monde académique, de la Banque de la République d’Haïti (BRH) et d’autres acteurs étatiques. Les discussions étaient plutôt axées sur les opportunités économiques que peuvent offrir les départements du Sud, des Nippes et de la Grand’Anse. Dans un contexte marqué par une reprise difficile à la suite du séisme et l’insécurité galopante qui sévit dans la capitale.
Il s’agissait prioritairement de prôner la décentralisation du pays en prenant les préoccupations nationales afin de les ramener au niveau régional, local et des collectivités. Exit la République de Port-au-Prince, place maintenant à de vraies possibilités de financements de l’économie et de l’écologie pour permettre un développement durable de la péninsule du Sud.
À ce propos, ce ne sont pas les propositions qui ont fait défaut. Certaines, articulées autour de la mer, ont été évoquées, dont la transformation des principales villes côtières en villes portuaires, le regroupement de plusieurs communes pour en faire une zone métropolitaine ou encore l’adoption d’une économie de « Cluster ».
Plus que jamais, il devient urgent d’établir un front commun entre les chambres de commerce, les associations professionnelles, les réseaux d’écoles et universités partenaires, les réseaux religieux, les conseils et comité de compétitivité qui évoluent dans les départements constituant le Grand Sud du pays pour permettre à la région de connaitre un renouveau économique.
Des discussions et des échanges qui s’en sont suivis, notons notamment la radiographie de la situation économique de la région très impactée par l’ouragan Matthew en 2016, les ravages de la situation sécuritaire de Martissant et du séisme du 14 août 2021 ; la présentation des avancés et des défis du Plan de Relèvement Intégré de la Péninsule Sud (PRIPS) mis sur pied après le séisme ; et, le listage des projets d’investissement prévus pour le Grand Sud dans le budget national de 2023-2024.
Sur ce dernier point, l’État central prévoit dans le budget 2023-2024 des investissements publics d’un peu plus de 600 millions de gourdes dans les trois départements géographiques formant la péninsule du Sud, à savoir le Sud, les Nippes et la Grand’Anse, pour un total de 28 projets. Une goutte d’eau dans un océan de besoins et de nécessités. Il demeure entendu que cette modique enveloppe budgétaire ne saurait en aucune façon suffire à relever les défis auxquels fait face la péninsule du Sud. Les limites clairement affichées par l’annonce des investissements publics prévus pour l’exercice fiscal en cours devraient inciter les acteurs locaux à envisager d’autres sources de financement du développement durable de la région.
C’est en grande partie le message que le Group Croissance et ses partenaires entendaient véhiculer à travers l’organisation de cette troisième édition du Sommet régional de la Finance dans le Grand Sud. À n’en pas douter, ce Sommet a permis, dans un premier temps, aux parties prenantes d’identifier sans coup férir les opportunités pouvant permettre une croissance économique des départements du Sud, des Nippes et de la Grand’Anse en tenant compte des énergies renouvelables et des prescrits de la transition écologique. Il revient maintenant à tous les concernés, dans un second temps, de passer à prochaine étape consistant à définir un plan d’actions stratégiques et à bâtir une vision commune autour du développement durable de la péninsule du Sud.