Un Sommet dans le Nord riche en enseignements
À la mi-décembre de l’année écoulée, soit du 14 au 16 décembre, le Group Croissance et ses partenaires ont tenu le pari d’organiser au Cap-Haïtien la deuxième édition du Sommet régional de la Finance du grand Nord. Un exploit en soi si l’on tient compte de tous les obstacles, dont l’insécurité galopante, qu’a dû affronter l’équipe organisatrice dans la matérialisation de cet ambitieux projet. Plusieurs enseignements sont à tirer de cette expérience plus que réussie.
Tout d’abord, qu’il est grand temps d’en finir avec l’omnipotente République de Port-au-Prince. Cette crise multiforme sans précédent que connaît depuis quelques temps la zone métropolitaine de Port-au-Prince est peut-être en train de nous montrer la voie. Qui sait ? Le fait est que cette deuxième édition du Sommet régional du grand Nord s’est déroulée sans anicroches, à la satisfaction générale.
L’autre enseignement à faire valoir est qu’il est toujours payant et gratifiant de laisser parler les autres, d’être à l’écoute des communautés locales. C’est pour l’essentiel la mission qu’a accomplie le Group Croissance et ses partenaires en établissant ce pont, cette passerelle entre les autorités centrales en provenance de la capitale et les autorités locales, la société civile et les membres du secteur privé du grand Nord.
Plus que jamais, l’écoute est indispensable entre les parties prenantes pour à la fois bien identifier les besoins des communautés et aussi pour discuter des solutions à apporter afin d’éviter des projets hors sol et non adaptés à la réalité de ces dernières. Tout au long de ce Sommet régional, les défis de la région aussi bien les potentialités et les opportunités ont été évoqués à tour de bras par les parties concernées. Un bel exercice digne à être répliqué dans la cité christophienne et ailleurs dans les autres régions du pays.
En général, il faut attendre un temps plus ou moins long pour constater les retombées concrètes à la suite d’une telle démarche. Pas cette fois-ci. Si l’on en croit la publication d’un appel à manifestation d’intérêt à la fin du mois de janvier pour des études de projet de construction de réhabilitation de six (6) unités de port de cabotage divisé deux (2) marchés (marché 1 : Port-de-Paix, Saint-Marc, Anse à Galets, Pointe à Raquette ; marché 2 : Miragoâne et Jérémie) dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste. « Ce sont les retombées directes du Sommet régional de la Finance », a confirmé une source bien placée à l’Autorité portuaire nationale.
Par ailleurs, l’idée du Corridor du Nord, portée à bout de bras par les Chambres de Commerce et d’Industrie du Nord, du Nord-Ouest et du Nord-Est, mérite d’être encouragée et d’être reproduite ailleurs sur le territoire national. Les présidents desdites Chambres de Commerce ont vu juste car, stratégiquement, le nord du pays est très bien placé par rapport au plus grand marché économique du monde.
L’insécurité et le grand banditisme à Port-au-Prince ont fait ressortir la nécessité d’envisager des déplacements par voie maritime. Il faudra étendre cette possibilité au reste du pays, à commencer par le centre-ville du Cap-Haïtien vers d’autres communes du département. Les villes du pays avec des façades maritimes ne se comptent plus. Il faudra commencer à réfléchir sur les croisières locales, partant par exemple de Fort-Liberté, en passant au Môle Saint-Nicolas et par la grande baie du Cap-Haïtien pour finalement jeter l’ancre à l’île de la Tortue. Les opportunités sont énormes, et la région du grand Nord en regorge. Qui dit crise, dit opportunités.
Le pays est certes risqué mais il faut savoir que plus les risques sont élevés, plus le rendement est élevé. C’est aussi ça la finance. Et ce Sommet nous aura appris qu’on ne gagne rien, absolument rien, en s’entêtant à rester dans les sentiers battus. Il faudra innover si l’on veut attirer des investissements extérieurs. Avec ce qui est prévu en matière d’investissements publics pour la région, miser sur le budget 23-24 uniquement pour financer le développement du Corridor Nord reviendrait à bâtir une citadelle sur du sable mouvant.