2 ans plus tard, où en est le Plan de Relèvement Intégré du Grand Sud ?

Le séisme du 14 août 2021 a causé, dans la péninsule du Sud, la perte de 92 000 emplois à temps plein. Il a eu des effets sur le PIB de l’ordre de 11% et l’a contracté de 1.1% selon des données du PDNA datant de septembre 2021. Il a laissé 650 000 personnes en besoins humanitaires, 754 000 en situation d’insécurité alimentaire, 307 000 élèves sans accès à l’éducation et 40 000 personnes dans 89 sites de rassemblement. Plus d’un million de personnes sont restées sans accès au réseau routier et 54 000 ménages sans abris.
« Toute de suite après le tremblement de terre, l’Etat haïtien a activé le cadre d’urgence. Avec les partenaires techniques et financiers, on a entamé la procédure du PDNA. Le 10 janvier 2022, on a procédé au lancement du Plan de Relèvement Intégré du Grand Sud (PRIPS) et de son plan d’action finalisé. En février 2022, à la suite de la conférence internationale pour la reconstruction et le relèvement de la péninsule sud, l’Etat s’est engagé sur 4 ans. Après l’évènement, un fonds a été conçu pour financer le PRIPS qui s’inscrit dans une vision gouvernementale prônant un relèvement résilient face aux aléas multiples, en adoptant des approches innovantes et durables sur la base d’un processus inclusif et coordonné », a expliqué Rigaud Duverna, cadre au ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE), intervenant au Sommet régional de la Finance du Grand Sud.
Le PRIPS a été lancé pour opérationnaliser et prioriser les besoins de relèvement du PDNA de manière réaliste sur 4 ans, coordonner les interventions prioritaires à mettre en œuvre par tous les acteurs nationaux et internationaux impliqués dans le relèvement, faciliter la gestion du relèvement de la péninsule du Sud en toute transparence et redevabilité et mobiliser et coordonner les ressources financières du Trésor Public et de la communauté internationale. Il est composé de 4 axes stratégiques à savoir la gouvernance ou le relèvement, le relèvement économique, la résilience des infrastructures et l’inclusion et la protection sociale.
Sur la base de la gouvernance, il est question de coordonner et d’intégrer les autorités et communautés locales dans les décisions et de réviser les mécanismes de gouvernance économique. En ce qui concerne le relèvement économique, il s’agit d’assurer la durabilité des chaines de valeur et utiliser des technologies innovantes et adaptées. Pour la résilience des infrastructures, le but consiste à réduire les vulnérabilités et les risques des infrastructures physiques et gérer l’aménagement du territoire sensible aux risques. Sur la base de l’inclusion, il est question de ne laisser personne de côté, de construire la résilience des communautés et de cibler les zones difficiles d’accès et les groupes vulnérables.
PRIPS, quel bilan ?
« En termes de bilan des réalisations des structures mises en place pour conduire le PRIPS, on a déjà procédé à la signature d’une cinquantaine de protocoles de financement avec les collectivités et les secteurs, à deux rencontres de planification au niveau du comité interinstitutionnel, à plus d’une vingtaine de rencontres de planification au niveau du comité interne et à la participation à la mise en œuvre des structures de gouvernance du MPTF /PRIPS. En matière d’éducation, deuxième secteur prioritaire du PRIPS, grâce au soutien du Fond National pour l’Education (FNE), 10 écoles ont été construites au niveau des 3 départements du Grand Sud. 15 autres, dont 11 écoles nationales et 4 lycées sont en construction », a énuméré Arthur Jovial Bonicet, autre cadre du MPCE.
En ce qui a trait aux axes stratégiques, seulement 85 millions de dollars sont disponibles au niveau de la gouvernance qui renferme 10 secteurs alors que les besoins s’élèvent à 162 millions de dollars. Pour les besoins de relèvement de l’économie estimés à 166 millions de dollars, seulement 63 millions de dollars sont disponibles. Une enveloppe de 521 millions de dollars est nécessaire pour les infrastructures. Seulement 100 millions sont disponibles. Un milliard cent vingt-neuf millions de dollars sont nécessaires pour l’axe d’inclusion et de la protection sociale alors que 76 millions sont disponibles. « Ce qui veut dire qu’on a un déficit total de 84% pour les 4 axes combinés », a calculé M. Bonicet concluant, à date, que le bilan reste mitigé.
« La situation sécuritaire globale du pays, la lenteur procédurale de l’administration publique, le manque d’intérêt pour la planification et le développement et surtout en ce qui concerne le développement durable en sont les principales contraintes auxquelles on fait face », a tranché le cadre du MPCE lors de son intervention au troisième Sommet régional de la Finance dans le Grand Sud.
