Protection de la biodiversité : agissons avant qu’il soit « minuit trop tard »

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a désigné le 5 juin comme Journée mondiale de l’environnement. Cette année, le thème est la biodiversité. À cette occasion, l’ONU invite à agir « pour lutter contre la perte accélérée d’espèces et la dégradation du monde naturel. Un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction, en grande partie à cause des activités humaines ».
Des changements radicaux dans nos modes de vie et dans notre rapport avec la nature s’avèrent donc indispensables et urgents pour protéger cette dernière. Cet appel de l’ONU fait écho à une menace beaucoup plus pressante à laquelle l’humanité entière est confrontée : le nouveau coronavirus.
La pandémie de Covid-19 n’a pas épargné Haïti qui, depuis les trois dernières décennies, fait face à une dégradation accélérée de son environnement.
Dans un message rendu public le 5 juin 2020, le Premier ministre Joseph Jouthe a utilisé les épithètes « violente » et « cruelle » pour qualifier la crise environnementale que connaît actuellement Haïti. À en croire le PM, ancien ministre de l’environnement, cette crise environnementale nous anéantira en tant que peuple si nous ne conjuguons pas notre énergie en même temps que ce que le réel, l’évidence, nous impose.
À l’instar d’un citoyen lambda, le PM a constaté qu’ « à chaque gouttelette de pluie qui s’abat sur le pays, l’effet est catastrophique ». Il faut donc profiter de cette date pour sensibiliser les Haïtiens à ce problème de dégradation vertigineuse de l’environnement. Chacun doit être conscient de sa responsabilité en ce qui concerne la conservation du patrimoine naturel et la lutte contre la pollution. Le Ministère de l’Environnement (MDE) a emboîté le pas en célébrant la Journée mondiale de l’environnement autour du thème national : « An sove byodivèsite peyi Dayiti ».
À travers cet événement, le ministère entend encourager tous les acteurs de la vie nationale à concentrer leurs efforts sur l’urgence environnementale de l’heure qui menace de détruire la vie sur Terre.
Dans son discours de circonstance, le Ministre de l’Environnement, Abner Septembre, a fait ressortir l’impérieuse nécessité de prendre, à tout prix, des mesures draconiennes afin de sauver la biodiversité haïtienne.
Pour y parvenir, nous dit le ministre, il faut prendre le taureau par les cornes. Le MDE doit être un ministère qui donne le ton. Il doit disposer de moyens financiers substantiels pour accompagner les acteurs de proximité en matière d’éducation relative à l’environnement et aussi pour jouer son rôle régalien en termes de régulation et de coercition.
Du côté de la société civile, l’Action pour le Climat, l’Environnement et le Développement Durable (ACLEDD) a tiré la sonnette d’alarme tout en interpelant chaque Haïtien(ne) sur le fait que nous sommes à « minuit moins cinq » d’une véritable catastrophe environnementale à laquelle il sera peut-être impossible d’échapper.
Aussi, ACLEDD a tenu à insister sur la nécessité d’agir maintenant pour protéger la biodiversité ; du moins ce qu’il en reste après des années d’incurie de l’État et de prédation de toute sorte de la population.
Tout en exhortant l’État haïtien à garantir à chaque citoyen(ne) des écosystèmes et une biodiversité sains, ACLEDD a rappelé que le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable, légalement reconnu par 156 États, implique des actions et des politiques concrètes visant à obtenir un climat stable, l’accès à l’eau potable, un air pur, une agriculture saine et durable, entre autres.
En outre, ACLEDD a fait part de son inquiétude quant à la dégradation du Parc national La Visite qui se poursuit à un rythme alarmant. Elle a condamné avec une extrême rigueur les récentes exactions commises au sein de cette réserve écologique.
Aujourd’hui plus que jamais, les institutions et organismes de conservation sont sommés d’agir pour éviter l’irréparable.
Alors que l’état de la biodiversité de notre pays est au comble du désastre, le Fonds haïtien pour la biodiversité (FHB) se mure dans son silence malgré les exactions perpétrées continuellement sur nos aires protégées (La Visite, Macaya, etc.), informations abondamment relayées dans les médias.
En cette Journée mondiale de l’environnement consacrée à la biodiversité, il est légitime d’exiger une réponse à la question suivante : « Qu’est-il advenu de ce Fonds annoncé en grande pompe l’année dernière ? »
Au final, la Journée mondiale de l’environnement de 2020 a permis de constater un regain d’intérêt pour la cause environnementale vu le nombre de communiqués émis çà et là ainsi que les nombreuses publications sur les réseaux sociaux. Il nous reste maintenant à passer de la parole aux actes en changeant nos modes de vie et en repensant notre relation avec la nature.

témoins à la fin du mois de mai, qui, une fois devenues virales
sur la Toile, ont contraint le Ministre de l’Environnement à
envoyer sur place une mission d’observation et d’information.
Crédit photo: Ralph Pradeus.
DevHaïti