Ouverture de la saison cyclonique : où en sommes-nous ?

Tous les ans, la période allant du 1er juin au 30 novembre ramène la saison cyclonique dans le bassin caraïbéen. Elle coïncide également avec la saison pluvieuse chez nous en Haïti. Chaque année, cette période est l’une des plus redoutées dans le pays, en raison de notre vulnérabilité face aux aléas naturels. Et cette année, visiblement la donne ne changera pas. Les prévisionnistes de l’Université d’État du Colorado annoncent, en effet, une saison cyclonique « plus active que la moyenne » dans la région Caraïbe. Couplé au contexte de crise sanitaire actuelle provoqué par la maladie de la Covid-19, cet état de fait nous offre de quoi nous inquiéter davantage. C’est ainsi que des agences non-gouvernementales appellent à la vigilance, et les autorités étatiques, de leur côté, prônent la solidarité.
Dans son intervention publique pour lancer officiellement la saison cyclonique le lundi 1er juin 2020, le Premier ministre Joseph Jouthe s’est voulu rassurant à propos du soutien de son gouvernement aux différentes entités publiques engagées dans l’accompagnement de la population dans les moments difficiles.
Pour avoir été ministre de l’Environnement avant de prendre les rênes de la Primature, le PM Jouthe connaît sur le bout des doigts la faible capacité de résilience écologique du pays face aux catastrophes naturelles et aux agressions humaines sur la nature. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il a promis son assistance à la Direction de la Protection civile (DPC), afin que celle-ci puisse remplir sa mission convenablement auprès de la population, durant la période cyclonique.
Même son de cloche du côté du président de la République, Jovenel Moïse, qui a pris la parole dans les mêmes circonstances que son chef de gouvernement. Le chef de l’État a également appelé à l’unité, à la solidarité, et s’en est remis à la DPC pour venir en aide aux gens quand les besoins se feront sentir. « La saison cyclonique qui s’ouvre aujourd’hui, risque d’être active et compliquée par l’évolution de la Covid-19. Le gouvernement mobilise déjà ses ressources pour répondre à tout éventuel désastre, tout en invitant à la vigilance et au respect des consignes de la Protection civile », a souligné le président de la République.

ont occasionnés.
Quid des préparatifs ?
Interrogé sur les ondes de la radio Magik 9, le directeur de la Protection civile, le docteur Jerry Chandler, assure que son équipe et lui « resteront fermes au poste quelle que soit l’éventualité qui se présenterait ». Au niveau de la Protection civile, il dit disposer déjà d’un plan de contingence qui prend en compte tous les scénarios possibles allant de la lutte contre la Covid-19 à la saison cyclonique, en passant par les menaces sismiques récurrentes.
Malgré ces mots rassurants du directeur de la DPC, des organisations de la société civile ne peuvent s’empêcher d’exprimer leur inquiétude à l’ouverture de la saison cyclonique. La PROMODEV (Promotion pour le Développement) encourage la population à se préparer au mieux et au pire en vue de faire face à toute éventuelle manifestation d’un aléa climatique.
L’AGERCA (Alliance pour la Gestion des Risques et la Continuité des Activités) attire l’attention sur les abris provisoires initialement utilisés pour les habitants des zones vulnérables aux risques d’inondation, mais qui, aujourd’hui, sont mis à la disposition du ministère de la Santé dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.
En tout état de cause, il est utile de rappeler que les prévisions pour cette année mentionnent un total de 18 à 22 tempêtes tropicales, dont une dizaine pourrait se transformer en ouragans. En 2016, l’ouragan Matthew a ravagé toute la côte sud d’Haïti, et a causé des dégâts matériels évalués à 1,9 milliards de dollars américains.


Romaric Fils-Aimé