Le fardeau de la dette dans les pays du tiers monde
Étude de cas: Haïti, République Dominicaine et Jamaïque
L’endettement constitue un lourd fardeau pour les pays du Tiers-Monde. D’après les données du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale, la dette du tiers-monde a presque doublé ces dernières années, s’accaparant de plus de 12 % des recettes publiques en 2018, contre moins de 7 % en 2010. Dans les économies émergentes et en développement, le niveau global de la dette a atteint le montant record de 55 000 milliards de dollars en 2018, subséquemment à une hausse continue pendant huit (8) ans. Avec la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de Covid-19, la situation se détériorera notamment dans les pays du Tiers-Monde à faible revenu comme Haïti. Selon un rapport de la Banque mondiale, la dette des pays pauvres et émergents a culminé à 168 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la fin de 2018 – un record historique – contre 114 %, huit (8) ans plus tôt, en 2010. La situation est particulièrement préoccupante dans les 76 pays les plus pauvres de la planète. Tel est le constat de cette étude du Groupe de la Banque mondiale qui exhorte les dirigeants de ces pays à agir rapidement pour renforcer leurs politiques économiques afin de les rendre moins vulnérables aux chocs financiers.
La situation n’est pas différente pour les pays de la Caraïbe.
A titre d’exemple, la dette publique de la République dominicaine, considérée saine par son Ministre des Finances, a atteint 56,8 % du PIB en juin 2019, soit 47,5 milliards USD. La tendance de cet endettement est toutefois inquiétante car elle ne représentait que 18,5 % du PIB en 2000. L’augmentation de la dette extérieure est principalement due aux émissions d’obligations souveraines qui, au fil des années, sont devenues une source de financement régulière tant à l’échelle nationale qu’internationale. Pour la seule année 2018, la République Dominicaine a émis et vendu des obligations avoisinant 4,1 milliards de dollars US sur les marchés internationaux.
Cette même tendance est remarquée aussi à la Jamaïque. Selon une évaluation du FMI, le PIB réel de la Jamaïque est évalué à 15,7 milliards de dollars américain en 2019. Il est à noter que la dette brute de la Jamaïque pour l´année 2019 a atteint 14.7 milliards de dollars, soit 93,5% du PIB. Après une actualisation au 14 avril 2020 en raison de la survenance de Covid-19, la croissance du PIB devrait chuter à -5,6% en 2020 et grimper à 3,5% en 2021, sous l’impulsion de la reprise économique mondiale post-pandémie. Il convient de rappeler que la croissance pour l’année 2019 était de 1,9%. Toutefois, la Banque mondiale prévoit que la dette publique de la Jamaïque tombera en dessous de 60% du PIB d’ici 2025.
D’après un article paru le 29 juin 2020 dans le quotidien Le Nouvelliste sous la plume de Thomas Lalime, au cours des 10 dernières années, le service de la dette a explosé en Haïti. Il est passé de 2,2 à 20,06 milliards de gourdes, soit une hausse de 812 %. Le service de la dette a donc été multiplié par 9,12 en 10 ans. Il représente 10,1 % du budget 2019-2020, en hausse de 41,3 % par rapport au budget 2017-2018. La dette est composée de deux fonds: l’un constitué de ressources du trésor public accusant un montant de 10.87 milliards de gourdes, soit 54,2 % du total, et l’autre constitué de ressources extérieures de bailleurs de fonds internationaux totalisant un montant de 9,19 milliards de gourdes représentant 45,8 % du montant total du budget général de la République. Une enveloppe de 17,4 milliards de gourdes est allouée à l’amortissement de la dette alors que les intérêts s’élèvent à 2,66 milliards de gourdes. L’enveloppe assignée au service de la dette interne a augmenté de 53,3 % en passant de 7,09 à 10,87 par rapport au dernier budget tandis que celle consacrée à la dette externe n’a augmenté que de 20,5%.
La crise d’endettement que nous vivons actuellement a débuté en août 1982 lorsque le Mexique a annoncé qu’il suspendait le paiement des intérêts qu’il devait au titre du service de sa dette. Elle est la conséquence d’un certain laxisme de la part des créanciers *quant aux prêts accordés, d’une mauvaise utilisation des sommes reçues par les dirigeants des pays en développement et de la politique anti inflationniste menée au début des années 1980 par les pays occidentaux. Cette crise a été gérée, avec l’accord des créanciers, par les institutions financières internationales.
En matière d’économie, une dette définit couramment une somme d’argent qu’une personne, physique ou morale, doit à une autre après la lui avoir empruntée. Dans le monde de l’entreprise, la dette est souvent définit comme un moyen utilisé pour permettre le financement d’opérations ou d’investissements. Le service de la dette quand à elle, est la somme qu’un pays ou un particulier doit payer chaque année pour honorer sa dette. Il comprend à la fois l’amortissement et les intérêts.
Au regard de ces définition, on peut conclure que le remboursement du service annuel de la dette risque d’accaparer une part encore plus importante des maigres budgets des pays en développement, au détriment des dépenses publiques vitales pour le développement humain sur place, rendant impossible la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon de 2030. La proportion de pays vulnérables à une crise de la dette dommageable est élevée et en hausse.
Les dirigeants des pays endettés doivent prendre les mesures nécessaires pour réduire la corruption qui sévit dans leur pays en vue d’une une meilleure utilisation des prêts qui, quand ils sont mal gérés, appauvrissent davantage ces pays. C’est le cas d’Haïti dont, les contribuables doivent rembourser les fonds Petro-caribe (capital et intérêts) sans en avoir bénéficié.
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