Gouvernance

Radiographie des avancées obtenues par le système de santé dominicain

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Le professeur Joseph Harold Pierre a été contracté comme consultant pour réaliser une évaluation de la réforme du système de santé de la République dominicaine entreprise entre 2001 et 2007 suite à la

grave crise sanitaire de la fin des années 90. Nous publions ci-après, avec l’accord du professeur Joseph Harold Pierre, les grandes conclusions de ce travail réalisé entre 2018 et 2019.

D’entrée de jeu, les deux grandes conclusions de cette évaluation peuvent se résumer comme suit : la réforme a atteint son objectif d’améliorer l’efficience du système sanitaire, c’est-à-dire de faire un meilleur usage des ressources disponibles, qui a augmenté de plus de 40 points de pourcentage entre 2008 et 2015 pour atteindre, après la réforme, le niveau de 87%. Autrement dit, seulement 13% des ressources du système de santé dominicain n’ont pas été bien utilisées au cours de la décennie étudiée.

Ensuite, l’analyse, au moyen d’un modèle

économétrique des variables telles que le personnel et les infrastructures de santé et d’autres d’ordre financier, démographique, socioéconomique, a démontré que 43% de l’amélioration du système sanitaire s’explique par les mesures institutionnelles prises pendant la réforme.

Par ailleurs, entre 1990 et 2015, selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), la République dominicaine a réalisé des progrès significatifs dans son développement global et sanitaire. Ces progrès se déclinent en quatre catégories : la création d’un nouveau cadre institutionnel du secteur fondé principalement sur la séparation des services régis par le ministère de la Santé et un financement régulé par la Sécurité sociale ; le financement du secteur public est passé d’environ 20% à la fin des années 90 à environ 50% actuellement ; l’amélioration des services avec l’établissement de trois niveaux d’hôpitaux en fonction des complications des maladies, à savoir des hôpitaux spécialisés, des hôpitaux départementaux et des Unités nationales de soins primaires (UNAP) ; et, le grand bond de la couverture d’assurance-santé passant de moins de 25% dans les années 90 à 77% actuellement.

Toutefois, beaucoup reste à faire en République dominicaine en termes de prévention et d’une meilleure utilisation du personnel de santé. Par exemple, il y a plus de médecins que d’infirmiers, ce qui est signe d’un manque d’efficience et qui est aussi contraire à la tendance mondiale où les médecins sont moins nombreux que les infirmiers.

La santé, au même titre que l’économie, la création d’emplois et le renforcement institutionnel, représente l’une des priorités du nouveau président Luis Abinader qui a annoncé les trois actions concrètes suivantes : la couverture universelle par l’inclusion dans l’assurance du secteur public des deux millions de Dominicains qui ne sont pas couverts ; la mise en place d’une politique permettant d’augmenter le nombre de professionnels de santé qui ne sont pas des médecins tels que les infirmières et les bio-analystes ; et, l’augmentation du budget de la santé.

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