Éditorial

Au-delà des plans de modernisation de l’État

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Le Programme de modernisation de l’État 2023 (PME-2023), tel que conçu par l’Etat haïtien notamment à travers l’Office de management et des ressources humaines (OMRH), constitue un plan de mise en œuvre de la réforme de l’État pour la période préalablement prévue 2018-2023. Bien entendu, sans le PME, le «Projet de renforcement de la Gestion publique pour l’amélioration de la Prestation de services», financé à hauteur de 55 millions de dollars grâce à un don de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), n’aurait sans doute pas vu le jour.

Le PME-2023 qui cherche à concrétiser une idée maîtresse  «celle d’un État moderne qui répond aux aspirations des usagers des services publics» poursuit aussi d’autres résultats intermédiaires. Le Programme repose sur trois piliers répartis dans ses 11 axes d’intervention. Comme elles se plaisent à le faire savoir, les autorités ont eu une approche inclusive pour aboutir au PME-2023. Les concepteurs de ce document ont sans doute tiré des leçons des précédents plans notamment du PSDH (Plan stratégique de développement d’Haïti) et du PCRE (Programme-cadre de réforme de l’État) I et II.

En plaçant le citoyen au cœur de la réforme de l’État, les concepteurs du ce plan de mise œuvre entendent divorcer d’avec des mentalités qui ont tellement la vie dure dans notre pays. En général, ceux qui sont chargés de gérer l’administration publique ont rarement eu comme priorité l’offre de services adéquats qui pourraient faire décupler les taxes, impôts et autres droits de douanes au profit du Trésor public. La collectivité souffre amèrement de l’attitude des uns, des autres et d’un système dépassé.

Les ambitions principales de la réforme sont de nature à vendanger sa réussite si des mesures préalables d’accompagnement ne sont pas envisagées. Cela requiert un changement radical dans notre culture de l’État perçue trop souvent comme une vache à lait ou la poule aux œufs d’or. On ne saurait imputer la responsabilité uniquement à l’État dans la mesure où ce dernier est en grande partie le reflet de nos élites.

Tout compte fait, les meilleurs plans de réforme, les meilleurs programmes de «re-engineering» de l’administration publique ne sauraient réussir aussi longtemps que la culture du népotisme, du clientélisme, du favoritisme, bref de toutes les pratiques liées à la corruption, à l’impunité, à l’inégalité  prospèrent en Haïti. Et si la volonté politique au plus haut niveau n’est pas avérée et partagée, toute démarche, toute mise en œuvre de plans  – même les plus beaux –  sera toujours viciée à la base.

Les programmes de réforme savamment conçus autant par les haïtiens eux-mêmes qu’avec l’aide de la communauté internationale ne donneront probablement aucun résultat si le pays ne se résout pas à prendre une nouvelle orientation aussi bien à l’école que dans les foyers et dans nos rapports socio-économiques.

DevHaiti