Un déficit budgétaire record de près de 61 milliards de gourdes

Durant le quatrième trimestre de l’exercice fiscal 2020-2021, la situation des finances publiques a été marquée par une hausse des recettes et une baisse des dépenses budgétaires par rapport au troisième trimestre. En effet, les données provisoires au 30 septembre font état d’une progression de 13,66 % des recettes encaissées par le Trésor public, lesquelles ont atteint 24 milliards 901 millions de gourdes. Les dépenses, quant à elles, ont chuté de 2,98 % en comparaison au trimestre précédent, s’établissant à 33 milliards 753,11 millions de gourdes.
« Quoiqu’en hausse d’environ 9,52 % par rapport à l’année fiscale antérieure, les recettes cumulées sur l’exercice n’ont représenté que 31,56 % des ressources totales de l’État chiffrées à 305 milliards 374,21 millions de gourdes », établit la Banque centrale dans sa dernière note trimestrielle de politique monétaire. Ces ressources n’ont pas pu couvrir les décaissements totaux de 328 milliards et 789,75 millions de gourdes dont 157 milliards 319,95 millions de gourdes de dépenses budgétaires effectuées au cours de la période allant d’octobre 2020 au 30 septembre 2021.
Ceci s’est traduit par un déficit budgétaire de près de 61 milliards de gourdes, financé partiellement par la BRH à hauteur de 49 milliards 222,72 millions de gourdes au 30 septembre 2021. Ce niveau du financement monétaire a dépassé celui (41 milliards et 99,13 millions de gourdes) enregistré au trimestre précédent mais reste en dessous du plafond annuel de financement monétaire de 49 milliards 306,85 millions prévu dans le budget rectificatif 2020-2021.
En qui concerne la politique monétaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH), selon la note, elle a été mise en œuvre dans un contexte global marqué par la poursuite de la reprise de l’activité économique chez les principaux pays avancés, des pays émergents et des pays en développement, au cours du dernier trimestre de l’exercice fiscal 2020-2021. Sur le plan national, le cadre macroéconomique s’est davantage détérioré, empreint notamment de l’impact négatif des deux catastrophes naturelles.
La note de politique monétaire de la BRH constate que le séisme qui a frappé les départements des Nippes, du Sud et de la Grand’Anse a occasionné d’importantes pertes matérielles et en vies humaines. Selon la Banque des banques, l’occurrence de ces dernières a ainsi amplifié les incidences néfastes de la dégradation de la situation socio-politique et sécuritaire. Ces faits, joints aux raretés répétées de carburant, ont amplement affecté l’activité économique notamment à travers la perturbation du fonctionnement normal des entreprises et la distorsion des circuits d’approvisionnement des marchés locaux.
Ces chocs ont conséquemment contribué à alimenter des anticipations négatives, lesquelles ont généré des tensions additionnelles sur le marché des changes. Dans ce contexte, la BRH a renforcé sa politique de reprise de la liquidité oisive dans le système bancaire à travers des opérations d’Open Market (bons BRH et des interventions sur le marché des changes) afin de réduire les fluctuations du taux de change et limiter les incidences sur les prix.
Les perspectives à court terme pour l’économie haïtienne dépendent principalement de l’évolution de la conjoncture politique et sécuritaire. La note de politique monétaire de la Banque centrale estime toutefois que les mesures adoptées pour atténuer les effets permanents des deux chocs naturels ayant affecté le pays auront également un rôle à jouer.
En ce qui a trait aux finances publiques, un budget réaliste assorti de mesures allant dans le sens du renforcement de la capacité des autorités fiscales à atteindre les objectifs de recettes et d’une certaine efficacité dans l’allocation de ressources, devrait limiter le recours au financement monétaire et conséquemment atténuer les incidences négatives sur l’évolution du taux de change et de l’inflation.
La note conclut que ces dispositions, combinées aux retombées positives du raffermissement de l’activité économique mondiale, en termes d’augmentation de la demande de biens exportables et de transferts des migrants, pourraient également contribuer au rétablissement de la confiance des agents privés, laquelle est nécessaire à la relance de l’activité économique.

DevHaiti