Développement durable

Chute de 4,1% dans le secteur agricole

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Quand on connaît le poids et les implications du secteur agricole, une contraction de 4,1% ne laisse aucun observateur averti indifférent. Contre toute attente, l’agriculture ne pèse en 2021 que 18% dans la contribution au PIB du pays contre 20% en 2020. Ce secteur inquiète puisqu’elle emploie 40 à 50 % de la population. Les chiffres rendus publics par l’Institut haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) en décembre 2021 font état de sa valeur ajoutée- agriculture, sylviculture, élevage et pêche- qui est évaluée à environ 99,5 milliards de gourdes à prix constants est, une fois de plus, en baisse. Cette décroissance (-4,1%), comparée à l’année antérieure où elle avait atteint 103,8 milliards de gourdes, ne fait qu’assombrir les perspectives pour l’économie.

L’agriculture haïtienne très peu industrialisée ou mécanisée est définitivement très vulnérable par rapport aux chocs naturels dont elle a été encore la proie en 2021. En effet, à l’instar de beaucoup d’autres secteurs d’activité, l’agriculture a de nouveau subi les contrecoups de la situation générale délétère du pays. Ainsi, au regard de son apport au PIB, l’année 2021 est considérée comme étant la pire pour le secteur agricole au cours de la dernière décennie.

Selon les estimations établies à partir des données quantitatives – en provenance du ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) – et des informations qualitatives – fournies par la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) – certaines cultures qui se trouvaient déjà en berne se sont encore retrouvées à l’origine du déclin de la production agricole en 2021.

Hormis la production de riz qui a crû de 6,1%, les autres produits céréaliers tels que le maïs et le sorgho ont diminué en moyenne de -12,9% contre -8,5% en 2020. On dénombre également les tubercules qui ont chuté de -5,6% contre -1,4% en 2020, à l’exception de l’igname qui s’est bien comporté avec une croissance positive de 21.0%.

Parmi les autres denrées dont la production a aussi régressé, on retrouve les cultures maraîchères (-5,1%), la banane (-16%), les haricots (-13%), l’orange (-23%), les autres fruits se sont affaissés en moyenne de -18,3% contre -15,7% en 2020. Cependant, la production des citrus et limes a fait exception avec une hausse de 3,1%, malgré tout inférieure à celle de 2020 (7,5%).

L’IHSI, à travers ses comptes économiques qui analysent les différents secteurs de l’économie en 2021, estime que de nombreux facteurs peuvent expliquer le déclin de la production agricole durant cette année à oublier. Selon l’IHSI, les mauvais résultats de l’agriculture qui affectent toute l’économie s’expliquent notamment par:

  1. une perte de productivité due à la dégradation de beaucoup de   bassins versants;
  2. des contraintes       liées     à          l’irrigation       dans certaines régions à haute intensité agricole;
  3. une insuffisance des investissements dans le secteur;
  4. une réduction des espaces cultivables dues à la prolifération de constructions anarchiques;
  5. un manque et une inadéquation des crédits accordés dans le secteur;
  6. une réduction des aides en faveur des groupements paysans cultivateurs à travers l’octroi d’outils et de semences agricoles dans le cadre des programmes visant le renforcement de la production agricole tels que le Programme d’Intensification Agricole (PIA) ainsi que d’autres projets inclus dans le Programme    baptisé    Plan    National d’Investissement Agricole 2016-2021 (PNIA 2016-2021).

Et qui pis est, de leurs côtés, les industries extractives ne sont pas sorties du lot. Elles ont aussi évolué à la baisse avec une décroissance de leur valeur ajoutée constante de -3,2% contre -1,0% pour l’exercice précédent. Elles épousent ainsi la tendance baissière affichée par le secteur de la construction dont elles servent d’intrants.

DevHaiti

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