Salaire minimum, la difficile équation…

Depuis peu, les revendications pour 1500 gourdes de salaire minimum dans l’industrie textile en Haïti font rage. Les syndicalistes et les ouvriers campent sur leur position. Ils sont intraitables, et foulent le macadam pour se faire entendre. Il y a eu mort d’homme et fermeture des usines par crainte de sabotage, aussi menace de délocalisation.
Ce cocktail explosif s’apparente à un sentiment de déjà vu. Cette situation ressemble beaucoup à celle de 2009 quand le débat sur le salaire minimum s’était arrêté sur un profond malaise. A l’époque, le salaire minimum était passé officiellement de 70 gourdes à 125 gourdes. Très loin des 200 gourdes réclamées à cor et à cri par les ouvriers de la sous-traitance.
Pointés du doigt, à tort ou à raison, les patrons d’usines ont joué des pieds et des mains pour éviter les 200 gourdes de salaire journalier qui, en 2009, reviendrait à l’augmenter de 185% d’un seul coup. Nous laissons le soin aux spécialistes en la matière le soin de déterminer si pareille décision est raisonnable ou pas.
Une chose est certaine, vue l’augmentation du coût de la vie, l’ajustement du salaire minimum devrait intervenir sans qu’il n’y ait de soulèvement ni de manifestation des ouvriers. Après tout, l’ajustement du salaire minimum vise à améliorer les conditions socio-économiques des travailleurs.
Le constat est sans appel. Encore une fois, l’État éprouve toutes les peines du monde à trouver le point d’équilibre entre les différents secteurs concernés par l’ajustement du salaire minimum. Ce ne sont pas seulement les travailleurs du secteur industriel d’assemblage tourné vers l’exportation qui sont touchés par les coûts de la vie. La question du salaire minimum concerne tout le monde, et devient de fait une question économique d’intérêt général.
C’est bien dommage que le parlement ne puisse se prononcer qu’à travers un vote. Le Conseil supérieur des Salaires (CSS) est trop souvent aux abonnés absents. D’où, les tensions créées au fil des ans par la question de l’augmentation du salaire minimum.
Tout en reconnaissant le caractère juste de la demande d’augmentation du salaire minimum, nous prenons fermement position contre la violence lors des dernières manifestations. La fin en aucun cas ne saurait justifier les moyens.
L’État est appelé à jouer pleinement son rôle en déterminant une fois pour toute un mécanisme fiable et transparent d’ajustement du salaire minimum, et s’y tenir. Laisser un tel vide s’installer concernant une question aussi cruciale pour la bonne marche de la société est préjudiciable. Les retombées négatives ne manqueront pas de se faire sentir.
Il ne revient pas à la société de s’accorder sur le fait que la demande d’ajustement du salaire minimum soit juste ou non. Des dispositions doivent être prises sur une base régulière pour ajuster le salaire minimum afin de faire face à la hausse de l’inflation.
Dans le cas contraire, chacun des acteurs tenteront de tirer profit de ce vide en fonction de leurs intérêts, qui vont à l’encontre l’un de l’autre. Le patron systématiquement est partisan farouche de la réduction des salaires (le salaire minimum, en particulier) tandis que l’ouvrier à tous les coups veut le voir augmenter. Il va falloir sans plus tarder opter pour le modus operandi idoine et le bon dosage pour calmer les ardeurs sans léser aucune des deux parties.
DevHaiti