Éditorial

Covid-19, conflit russo-ukrainien : Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

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En l’espace de deux ans à peine, le monde a connu bien des déboires et risque d’en connaitre d’autres dans les prochains jours et semaines à venir. Entre la crise sanitaire de Covid-19 qui n’en finit pas avec ses innombrables variants et l’invasion de l’Ukraine par les Russes depuis le mois de février dernier, les conséquences s’annoncent plus désastreuses que jamais. Sans compter les centaines de milliers de morts qui sont déjà à déplorer…

Contre toute attente, Haïti figure parmi les pays les moins touchés par la pandémie. Le pays voisin, la République dominicaine, ne peut pas dire autant. Malgré tout, les Dominicains ont su tirer leur épingle du jeu et la croissance de leur économie a repris de plus belle sa progression d’avant Covid-19.

Fidèle à sa réputation, Haïti n’aura pas eu besoin du coronavirus pour se tirer une balle dans le pied. Avec ou sans Covid-19, la croissance économique est aux abonnés absents. Le pays s’achemine dans l’indifférence totale vers une quatrième année consécutive de croissance négative de son économie.

Si notre grande impréparation à faire face au coronavirus a eu certains impacts dans un premier temps, on ne saurait la tenir entièrement responsable des mauvaises performances de l’économie nationale.

Nous sommes en train de payer la lourde addition des tumultes des journées folles des 6 et 7 juillet 2018, les nombreuses semaines de «peyi lòk», les 10 mois d’impraticabilité du tronçon de Martissant permettant de relier la capitale avec le Grand Sud, l’insécurité aveugle et la montée spectaculaire des cas de kidnapping ainsi que l’instabilité politique chronique…

Face à un tableau aussi sombre, même la crise de Covid-19 paraît insignifiante. Pire encore, l’acte de sabotage et de torpillage de l’économie nationale, déjà en lambeaux, continue. Sans répit aucun.

Quelles leçons avons-nous apprises de cette crise sanitaire mondiale? En avons-nous profité pour renforcer notre système de santé ainsi que nos centres hospitaliers publics? Que dire de notre système éducatif bancal pris au dépourvu et qui s’est montré incapable de s’adapter à la nouvelle donne du virtuel dictée par la crise sanitaire ?

Cette liste de nos actions manquées, si on avait décidé de l’allonger, n’en finirait pas. Alors que l’actuel gouvernement, ayant à sa tête un Premier ministre cumulant à la fois les rôles de Président de la République et de chef de gouvernement, peine encore à se remettre des chocs découlant indirectement de la pandémie, les puissances Occidentales font de leur mieux pour tenter de mitiger les dégâts à l’origine du conflit russo-ukrainien.

Les experts de chez nous anticipent déjà les retombées négatives pour l’économie nationale qui croupit sous le poids d’une inflation autour de 25 % au cours du mois de février dernier. Les prix des matières premières comme le gaz, le pétrole et des denrées comme le blé sont sur le point de s’envoler.

Pour un pays qui importe plus de 60 % des biens qu’il consomme, cette perspective n’est guère encourageante. Les prix des produits de première nécessité risquent de s’envoler, la faim de continuer à gagner du terrain et la paupérisation de faire des ravages. Au risque de répéter ou de reprendre les mots d’un homme sage: «Y a-t-il encore un pilote dans l’avion?»

Ne répondez pas tout de suite, car la réponse à cette question peut se révéler être un vrai motif de découragement pour la majorité silencieuse qui souffre en silence et qui ne souhaite pas remettre les pieds au pays de l’énigme du retour. Néanmoins, on ne peut pas pour autant baisser les bras. Il faut contribuer à œuvrer dans le bon sens et souhaiter que nos dirigeants se mettent enfin à la hauteur des enjeux.

Il est presque minuit moins trop tard!

DevHaiti

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