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CIC : le défi d’accélérer le financement d’entreprises haïtiennes par fonds propres…

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Pour financer une entreprise, il n’existe pas que la dette sur le marché. De l’avis de Naïke Michel, directrice générale de Caribbean Investor Capital (CIC), le financement d’entreprises par fonds propres constitue un train déjà en marche en Haïti. Profitant du panel qui lui est offert dans le cadre de la 12e édition du Sommet international de la Finance, Mme Michel a partagé avec le public ses recommandations sur comment faire pour accélérer ce train.

« Le train a démarré. On n’apporte pas que les fonds, on apporte aussi l’encadrement stratégique. On met notre réseau à disposition. On encadre les entreprises. On participe à leur gestion financière. Ce sont des éléments qui contribuent à ajouter de la valeur. Et finalement, tout le monde gagne », a fait savoir Naïke Michel, Directrice générale de CIC, le fonds d’investissement du Groupe ProFin. Le rôle de ce fonds consiste à injecter du capital dans des entreprises ayant des potentiels de croissance intéressants en Haïti et dans la Caraïbe. Un total de six entreprises en bénéficie déjà. Elles évoluent dans le secteur de l’agroalimentaire, la finance, des services, l’énergie, etc.

« L’idée, c’est de les aider à renforcer leur capacité et à atteindre des performances qu’autrement elles n’auraient pas pu atteindre », ajoute Mme Michel.

 Contrairement à la dette, a expliqué la Directrice générale de CIC, « les fonds propres, c’est un autre type de contrat. L’investisseur devient actionnaire de la société. À ce titre, il partage à la fois les risques, les profits et les prises de décisions ». Le relèvement de capitaux par fonds propres s’inscrit au cœur de la mission du Groupe ProFin – auquel appartient CIC – de faire la finance autrement dans ce pays.

Les avantages du financement par fonds propres …

Le financement par fonds propres est un type de financement qui présenterait de nombreux avantages dans le contexte haïtien. C’est un financement qui n’a pas de coût direct. L’entreprise se trouve dans une situation où elle accède aux fonds et donc n’a pas besoin de se soucier du repaiement puisque ce sont des propriétaires qui lui ont octroyé ces fonds. Tous les fonds injectés dans l’entreprise sont directement alloués au projet en train d’être financé.

Comme deuxième avantage, ce type financement permet à l’entreprise de renforcer sa base de fonds propres par l’augmentation de l’avoir de ses actionnaires. L’entreprise peut se tourner plus aisément vers les banques et d’autres bailleurs qui accepteront de la financer. « Elle a donc accès automatiquement à plus d’argents ». Ainsi, l’intégration de nouveaux partenaires, en sus des connaissances de ses propres fondateurs, des expertises, notamment financières, permettent à cette entreprise de se positionner de manière à pouvoir être plus performante.

«L’entreprise devient donc experte dans plusieurs domaines avec la mise en commun de ressources », indique la directrice générale de CIC. En Haïti, beaucoup de sociétés n’ont pas de relève. Donc, ce type de financement permet d’adresser cet aspect. «En introduisant de nouveaux partenaires, on peut s’assurer que l’entreprise se pérennise dans le temps», continue-t-elle, d’une voix rassurante. C’est un financement de long terme. L’investisseur devient propriétaire de la société. C’est un financement qui convient bien à la croissance des entreprises, leur développe- ment ou des projets qui à terme vont permettre aux entreprises d’améliorer leur profitabilité et générer plus de revenus.

C’est un mode de financement qui s’adresse à n’importe quel secteur, dit-elle, rappelant qu’à CIC, l’emphase est mise sur des créneaux à haute valeur ajoutée. Cela aurait pu être dans le domaine de la technologie et du commerce. « Donc, ce n’est pas limité par secteur. Cependant, il y a des prérequis », assure-t-elle, citant entre autres que le projet et le modèle d’affaires doivent être intéressants et l’entreprise doit être performante. Les défis sont nombreux …

Les défis et freins sont nombreux !

Incapacité de beaucoup d’entrepreneurs à traduire leur vision en un plan de développement cohérent, manque de transparence… « Un des gros écueils auxquels sont confrontées les PME locales, c’est leur gestion financière et comptable », a souligné Naïké Michel, relevant également comme frein, la question de mindset, de mentalité.

Ainsi, à la lueur des contraintes observées sur le marché, donc par rapport aux MPME qui n’auraient pas accès à cause des défis et des freins aux financements par fonds propres, a été créé au sein de CIC, une filiale du nom Caribbean Investor Capital (CVC) assurant des financements hybrides à ces sociétés. « Ces financements tiennent compte de ces particularités du marché », affirme-t-elle. Quand CIC investit, il devient propriétaire de la compagnie. CVC, quand elle investit, fait un contrat de prêt à la compagnie. L’idée, c’est qu’elle lui fournit un appui avec l’une de nos sociétés sœurs qui s’appelle Pro-Croissance pour aider l’entreprise à structurer son cadre de gouvernance et mettre en place des structures de gestion renforcées qui permettent d’avoir justement plus de transparence avec l’idée qu’à terme qu’on puisse la convertir en société éligible au financement par fonds propres.

« C’est un type de financement qui peut aider beau- coup d’entreprises à avancer. Il n’y a pas de pression. L’entreprise peut maintenant actualiser son potentiel pleinement. Avec la dette, il y a le poids de l’intérêt et tout … qui entrave certainement quand ce n’est pas adapté, l’atteinte du plein potentiel de la société », estime Naïke Michel. « C’est un mode de financement alternatif. Actuellement, les initiatives se multiplient », avance Naïke Michel, disant souhaiter voir la multiplication un peu plus de ces genres d’initiatives.

DevHaiti

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