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Les coopératives, un rempart populaire en danger face à l’insécurité

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Dans une Haïti où les institutions sont à genoux et l’insécurité grandissante, les coopératives, pourtant vitales pour l’économie populaire, sont au bord du gouffre. Des représentants de coopératives, réunis le mardi 5 août à Delmas 75, ont tiré la sonnette d’alarme, exhortant les autorités d’agir au plus vite pour sauver ce pilier de l’entraide économique.

Selon la Banque centrale, 58 coopératives d’épargne et de crédit sont autorisées à opérer dans le pays, avec un total de 108 points de service. Ces structures, souvent présentes dans les campagnes ou les quartiers pauvres, sont parfois le seul moyen pour les habitants d’accéder à des services financiers. Mais, aujourd’hui, ce réseau est en danger.

Plusieurs caisses populaires situées dans des zones à risque, comme Verrettes, Petite-Rivière de l’Artibonite, Desarmes ou le Bas-Artibonite, ont dû baisser le rideau, victimes de pillages ou forcées d’abandonner les communautés à cause des gangs armés. À Sarthe, une coopérative autrefois prospère est au bord de la faillite, laissant plus de 500 familles sans ressources.

Un soutien discret mais essentiel

Bien que peu visibles, les coopératives jouent un rôle crucial. Elles permettent à des milliers de personnes, qui n’ont pas accès à des banques traditionnelles, d’emprunter de l’argent, d’épargner, de financer leurs petits commerces ou de faire face aux imprévus. En période éprouvante, elles agissent comme des bouées de sauvetage.

Des institutions comme KOTELAM (Pétion-Ville), CPF (Cap-Haïtien), CAPOSAC (Camp-Perrin) ou CAPAJ (Jérémie) soutiennent au quotidien des communautés entières. Elles créent des emplois, stimulent l’activité locale et aident les familles les plus vulnérables à se relever.

Un appel à l’aide a été lancé à l’État

Dans un document intitulé « Plaidoyer pour la relance de l’économie sociale et solidaire et la mise en application de la loi du 31 mars 1981 », les principaux acteurs du monde coopératif – dont le Forum économique des coopératives et des mutuelles d’Haïti (FECOMH), l’Alliance coopérative d’Haïti (ALCOH) et la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CHACCOH) – interpellent le gouvernement. Ils demandent la création d’un Fonds national de développement des coopératives (FNDC), pour mieux organiser l’aide publique et internationale au secteur.

Ce fonds regrouperait les ressources, de financer la sécurité des points de service, de moderniser les outils de gestion, et de remettre sur pied les coopératives paralysées dans les zones dangereuses.

« L’inaction aggrave la situation »

Pour Raymond Eslhomme, président du FECOMH, la situation est grave : « Sans un plan clair et concerté, l’économie solidaire haïtienne, qui est le moteur de l’économie populaire, risque de disparaître. » Selon les chiffres, plus de 16 000 membres de coopératives sont touchés, et des millions de gourdes d’épargne sont en danger.

Les responsables du secteur appellent à une mobilisation générale. Ils rappellent que dans un pays où la plupart des personnes n’ont pas accès aux banques, les coopératives sont bien plus qu’un simple outil économique : elles sont une source de dignité, de stabilité et d’autonomie pour des milliers de familles.

Alors que le pays traverse une crise profonde, relancer l’économie sociale et solidaire apparaît comme une priorité et peut-être le seul chemin vers une reconstruction juste et durable.

DevHaiti

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