Éditorial

Les plans communaux de développement, un pas dans la bonne direction

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Dans ce numéro spécial de DevHaiti, nous met- tons les projecteurs sur les plans communaux de développement du Cap-Haïtien, de l’Acul-du-Nord et d’Anse-à-Pitres. Nous avons fait ce choix parce nous estimons que doter des communes du pays d’un tel outil de planification représente un pas dans la bonne direction.

D’une part, les plans communaux de développement sont le résultat d’un excellent travail académique. Ils constituent des diagnostics complets ou presque sur les communes. Ces documents peuvent être très utiles aux chercheurs, étudiants et toute autre personne qui collectent des informations sur ces zones. Ce n’est pas le rôle premier des plans communaux de développement, mais c’est quand même important. D’autre part, ces outils comme leurs noms l’indiquent doivent aider dans le développement des communes sur une période donnée. Nous jugeons l’intention noble.

La Constitution de 1987 amendée accorde un rôle déterminant aux collectivités territoriales dans le développement du pays. Rôle que nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui ont tous choisi d’ignorer. Résultat ? Les collectivités territoriales sont incapables de se prendre en charge. La plupart des communes et sections communales du pays dépendent financièrement du gouvernement. Cette impuissance à tous les niveaux des autorités communales est l’une des causes de nos malheurs actuels.

L’Association Nationale des Maires Haïtiens (FENAMH) a établi en 2018 que 95% des recettes communales sont collectées par seulement six communes: Delmas, Port-au-Prince, Pétion-ville, Tabarre, Carrefour, Cité-soleil, et Croix-des-Bouquets, contre 5% des ressources collectées pour les autres communes restantes. Plus d’une centaine de communes. Le déficit est énorme.

 «Actuellement, les ressources limitées dont disposent les administrations municipales entravent lourdement leur capacité à planifier l’aménagement urbain, fournir des services et assurer la connectivité. La croissance géographique et démographique des villes s’accompagne de la difficulté de financer un développement urbain durable et inclusif. Pour relever ce défi, il faut consolider le système financier des municipalités afin de renforcer leurs capacités et leurs processus de reddition de comptes, et élargir leurs sources de financement, tout en mobilisant le levier des recettes locales», a écrit la Banque mondiale en janvier 2018 dans un rapport sur les villes haïtiennes.

Les plans communaux de développement doivent aider à corriger cette anomalie et donner aux autorités communales un cadre pour agir. Ce qui manque souvent à nos autorités à tous les niveaux. Que ce soit au niveau de l’État central ou des Collectivités, il manque souvent la continuité dans les actions. Chaque administration veut réinventer la roue. Doter chaque commune d’un plan de développe- ment peut aider à résoudre ce problème.

Il est certain que sans la bonne volonté des acteurs locaux et celle de leurs partenaires, ces plans constitueront des documents en plus. Ils connaîtront le même sort que les plans de développement que la République a préparés dans le passé.

Il faut le reconnaître que les plans à eux seuls ne suffisent pas pour résoudre tous les problèmes des communes, mais il faut aussi reconnaître qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Dans un contexte où plus d’un Haïtien sur deux vit à présent en milieu urbain, faisant d’Haïti le troisième pays le plus urbanisé dans l’Amérique latine et Caraïbes, derrière Trinité-et-Tobago et le Mexique.

DevHaiti