Éditorial

COP 27, Haïti doit faire mieux

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Avec l’aggravation des effets du changement climatique un peu partout à travers le monde, les conférences des Nations unies sur le climat sont devenues au fil des années des événements majeurs attirant les regards. Même si certains activistes et experts en environnement continuent de croire que rien de bon ne peut sortir de ces événements, les pays comme Haïti qui subissent toute la fureur des dérèglements climatiques doivent faire tout leur possible pour en tirer le meilleur.

Haïti, à l’instar des autres petits Etats insulaires en développement, figure parmi les moins pollueurs au monde, tout en étant très vulnérable aux effets du changement climatique. S’il est vrai que tous les pays font face peu ou prou aux phénomènes climatiques – inondations, feux incontrôlés, vagues de chaleur et sécheresses -, mais les pays pauvres sont dépourvus face à ces catastrophes.

Dans le cas d’Haïti, les données sont là et les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes auxquels le pays est confronté au cours des dernières décennies sont visibles. Selon le ministère de l’Environnement, en 10 ans, les pertes causées par les catastrophes climatiques en Haïti ont augmenté de manière significative et totalisent près de 400 millions de dollars américains en 2020. Ce qui représente environ 50% de l’aide internationale et 20% du budget de l’État. Si on faisait aussi le décompte des morts et blessés causés par ces catastrophes, le bilan humain serait encore plus lourd.

Face à ce tableau, dirait-on macabre, Haïti a de quoi faire entendre sa voix dans les négociations sur le climat en Egypte. Nous avons intérêt à n’être pas un simple spectateur dans le plus grand événement en faveur de l’action climatique. Le pays doit montrer ses cicatrices aux grands pollueurs, responsables du phénomène.

Pour amplifier sa voix, Haïti doit s’unir avec les autres petits Etats insulaires en développement et les autres pays du Sud qui payent un lourd tribut au dérèglement climatique. Parallèlement, étant l’un des trois pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles, Haïti doit se donner les moyens de développer un leadership dans la lutte contre les changements climatiques.

De petites îles dans l’océan Indien ou dans les Caraïbes – moins vulnérables, avec une population de loin inférieure à la nôtre et avec un territoire plus petit aussi – parlent plus fort que nous. Elles se montrent plus concernées par les changements climatiques et plus agressives dans les négociations sur le climat.

La délégation haïtienne en Egypte a la lourde responsabilité de défendre les intérêts d’Haïti. Elle doit être partie prenante des engagements concrets découlant des pourparlers. Elle doit multiplier les rencontres bilatérales, approcher les bailleurs, et surtout être porteuse de projets. Ce ne sont pas les interlocuteurs d’envergure qui manquent. Elle doit symboliser l’espoir que le pays trouvera les ressources nécessaires pour se donner les moyens de faire face aux changements climatiques. C’est un impératif.

Pour Haïti, l’heure est grave. Le pays ne peut pas se permettre de continuer à subir les conséquences des changements climatiques comme ce fut le cas la décennie écoulée. Pour nous, faire face aux changements climatiques c’est une question de vie ou de mort. Les autorités environnementales, notamment le ministère de l’Environnement, doivent trouver la bonne formule pour intégrer chaque Haïtien dans cette bataille. Dans les COP ou ailleurs, Haïti doit faire entendre sa voix par rapport aux pertes et aux préjudices qu’elle subit à cause du dérèglement climatique.

Plus important encore, le pays est attendu au tour- nant après la COP 27. L’erreur à ne surtout pas commettre, pour un pays aussi vulnérable qu’Haïti, serait de tout plaquer dans un tiroir pour se donner rendez-vous l’année prochaine à la COP 28. La lutte contre les changements climatiques est une lutte de longue haleine qui ne sera remportée qu’au prix d’un combat de tous les instants. À bon entendeur…

DevHaiti

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