Éditorial

Assurance santé : Haïti à la case de départ

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Au regard de l’état actuel du système de santé national, la mise en place, même progressive, de la couverture sanitaire universelle s’apparente à un idéal. En effet, tout système de santé joue un rôle vital en ce qui a trait à une progression sur la voie de la couverture sanitaire universelle.

La constitution haïtienne de 1987 garantit la santé comme étant un droit fondamental. Comme à son habitude, Haïti a ratifié toutes les lois et conventions internationales par rapport au droit à la santé.

L’Organisation Mondiale de la Santé définit la couverture universelle en santé comme «l’accès de tous à des prestations essentielles liées à la promotion de la santé, à la prévention, au traitement et à la réadaptation, et cela à un coût abordable pour permettre d’instaurer l’équité d’accès».

Aussi la couverture sanitaire universelle passe-t-elle, dans les pays à faible revenu, par l’augmentation des dépenses publiques de santé. Sans surprise, Haïti se retrouve avant dernier dans le monde pour la part des dépenses publiques de santé dans le total des dépenses publiques.

Haïti ne pourra atteindre la couverture sanitaire universelle sans consentir des financements conséquents de son système de santé. Véritable passage obligé afin de permettre à tous les Haïtiens l’accès à un panier complet de services de santé de bonne qualité sans tenir compte de leur incapacité à payer ni de l’endroit où ils se trouvent sur le territoire national.

En attendant, la population fait face à une faible couverture sanitaire car, très peu de familles haïtiennes jouissent d’une couverture d’assurance. L’OFATMA ne couvre qu’une quantité limitée de ménages. Même cas de figure pour l’ONA ainsi que les autres compagnies d’assurance privées de la place.

Il existe à travers le monde plusieurs options de financement de la couverture sanitaire universelle. Il revient à Haïti d’opter pour l’option la plus adaptée à la réalité du pays avant de la mettre en œuvre. Mais, avant d’arriver à cette étape, les décideurs doivent à tout prix établir une estimation chiffrée des besoins d’investissement et des coûts totaux nécessaires pour atteindre cette couverture sanitaire universelle. Dans le cas contraire, on risque d’assister à une perte de temps, un gaspillage de ressources et d’énergie.

En République dominicaine, par exemple, les plus pauvres, en 2002, dépensaient plus de 100% de leurs revenus mensuels pour des services de santé. De nos jours, grâce à l’assurance-santé, les Dominicains les plus pauvres peuvent se faire soigner sans que leurs conditions économiques ne s’en trouvent drastiquement affectées.

Plus loin de nous, sur le continent africain, il y a environ 3 décennies, le génocide rwandais faisait plus de 800.000 victimes. Actuellement, le pays est un véritable modèle en termes d’assurance maladie. Pour ce faire, le gouvernement de Paul Kagame a mis en place un système novateur en termes de santé, composante fondamentale de ce renouveau. Ce système permet de couvrir une grande partie de la population rwandaise, de manière efficace grâce à une décentralisation totale des services de soins. Tous les Rwandais quasiment bénéficient d’une assurance maladie publique.

Pour rappel, le Rwanda compte le même nombre d’habitants que nous et n’est guère plus riche que nous.

L’exemple dominicain et rwandais montre parfaitement, si besoin en était, la voie à suivre pour une couverture sanitaire universelle en Haïti.

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