Pour attirer de nouveau les investissements directs étrangers (IDE) en Haïti
En présentant le plan stratégique pour la période 2023-2027 du Centre de Facilitation des Investissements (CFI), lors de la 13e édition du Sommet international de la Finance (SIF) organisé à Port-au-Prince du 17 au 19 avril 2023 par le Group Croissance et ses partenaires, Fatima Prophète, la directrice du CFI, a fait preuve de beaucoup de courage. Car, il en faut beaucoup pour penser à attirer des investissements dans cette conjoncture difficile dans laquelle nous vivons et encore plus pour établir des projections futures alors que le présent est aussi incertain.
Le capital est frileux, c’est un vieux secret de polichinelle. L’argent, dans ce cas précis l’investisse- ment, se laisse attirer plus facilement par le confort, la sécurité et la stabilité notamment politique. Ce n’est donc pas un hasard si la République dominicaine a réussi à capter l’année dernière des investissements directs étrangers (IDE) de l’ordre de 4 milliards de dollars américains, soit plus de 40% des flux à destination de la Caraïbe, selon des chiffres publiés par la Banque centrale de la République dominicaine (BCRD).
Depuis 2020, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), l’agence régionale des Nations unies, ne publie plus de statistiques sur Haïti dans son rapport annuel qui examine l’évolution mondiale et régionale des IDE. La dernière fois où Haïti a attiré des investissements directs étrangers remonte à 2019 et à l’époque, ils avaient atteint 55 millions de dollars américains.
«Les IDE peuvent soutenir les investissements nécessaires pour que les pays s’orientent vers un développement plus inclusif et durable, […], cela ne se produit pas automatiquement. Des politiques sont nécessaires qui fournissent le cadre nécessaire pour que les IDE qui entrent dans la région soient dirigés vers des activités qui soutiennent des processus de développement vertueux, en termes d’inclusivité, de qualité de l’emploi, de durabilité environnementale, d’innovation et de complexité technologique», peut-on lire dans la partie descriptive du dernier rapport de la CEPALC sur la question qui date de novembre 2022.
Tout est dit, ou presque, dans le paragraphe ci-dessous. Les autorités haïtiennes n’auront pas à réinventer la roue. Elles n’auront qu’à suivre les exemples de pionniers en la matière, en l’occurrence la République dominicaine ou la Jamaïque. Ces pays ont su mettre en place un cadre propice pour attirer ces flux chez eux et les orienter ensuite vers le financement de secteurs porteurs de l’économie réelle. Dans le cas d’Haïti, ce ne sont pas les exemples qui manquent, encore moins le savoir-faire. Tout est question ici de volonté politique et de leadership éclairé.
«Transformer Haïti en un pôle d’attraction incontournable pour les investisseurs internationaux (IDE), solidement connecté à l’économie mondiale, à travers la structuration et l’animation de l’écosystème des affaires », tel est l’objectif du plan stratégique du CFI présenté par Fatima Prophète au SIF le mois dernier. Si l’objectif du plan est ambitieux, il n’est pas moins réalisable. Pour cela, il faut commencer par rétablir la sécurité et la stabilité politique, améliorer le climat des affaires et surtout renforcer le système judiciaire.
Ces pas dans la bonne direction auront pour effet de rassurer les investisseurs locaux et de la diaspora qui n’hésiteront pas à miser leurs billes. S’il est reconnu mondialement que la pluie vient toujours après les éclairs et le tonnerre, les IDE suivent toujours la tendance des investissements nationaux.
DevHaiti

