Des propositions expertes pour la pêche marine artisanale en Haïti
La pêche marine en Haïti a du plomb dans l’aile en dépit de nos 1 750 kilomètres de côtes. Souvent, des besoins de survie poussent les pêcheurs à faire remonter des poissons juvéniles, voire des larves via des moyens très peu conventionnels.
Cette pratique cause des ravages dans diverses zones de pêche à travers Haïti. Les habitats naturels de poissons, qu’ils soient rocheux ou coralliens existent de moins en moins. Pour pallier le problème, un expert propose d’installer des dispositifs artificiels dans des endroits bien identifiés à travers le pays.
L’éventualité de développer des ressources halieutiques, c’est-à-dire des espèces pour l’alimentation humaine dans les petits fonds côtiers est à portée de main. La pêche haïtienne par ses moyens, ses embarcations de fortune, ne permet pas de s’aventurer loin des côtes.
De l’avis du Dr Sylvain Pioch, géographe, spécialiste en aménagement de l’espace et en ingénierie écologique marine, il faut tenter d’envisager l’augmentation des ressources dans les petits fonds pour lutter contre l’insécurité alimentaire et concrètement développer des habitats marins.
Sylvain Pioch explique que le développement des habitats artificiels devrait être une priorité avant même de mettre le paquet sur d’autres éléments du secteur comme le transport, la chaine du froid, etc. Pour convaincre les décideurs Dr Pioch, fait remarquer qu’Haïti n’est pas le seul pays à faire face à des problèmes de ce genre. Les récifs artificiels ont déjà été expérimentés dans le golfe du Mexique, en Floride, dans les Iles vierges, en Guadeloupe et dans d’autres endroits de la région caribéenne.
Les dispositifs proposés par Sylvain Pioch- qui intervenait le mercredi 25 janvier 2023, dans un webinaire de la BID autour de la pêche artisanale en Haïti- vont à coup sûr aider au développement de populations de poissons juvéniles dans des profondeurs entre 5 et 10 mètres. Ensuite, ledit secteur doit être interdit de pêche. En contrepartie, les autorités laisseront deux autres secteurs pour les poissons pré-adultes et les adultes ouverts à la pêche avec des profondeurs de 10 à 50 mètres, autrement dit à une distance utile de moins d’un kilomètre de la côte, à proximité des ports de pêche.
À travers des projets à vocation pilotes, l’expert propose de mettre en place des récifs artificiels en collaboration avec le ministère de l’Agriculture des Ressources naturels et du Développement rural (MARNDR) et l’Association nationale des Pêcheurs (ANAP).
Et selon lui, l’Etat et les associations de pêcheurs devraient aider dans la gestion des sites et offrir un accompagnement dans l’explication du bien-fondé et le fonctionnement des habitats artificiels. Les concepteurs du projet croient qu’on peut le matérialiser entre trois à cinq ans pour produire 2 500 à 3000 tonnes de poissons sur un volume de 10 000 mètres cubes. La durée de vie des récifs est estimée à 50 ans et le retour sur investissement à 50 dollars pour 1 (d’investi).
Dr Sylvain Pioch constate que les financeurs de la filière de la pêche se sont longtemps contenté d’accompagner l’économie. Cependant, la proposition de son équipe s’est concentrée sur la production des ressources halieutiques. Il concède, cependant, que ces solutions ne sont ni idéales ni parfaites sans partenariats avec les pêcheurs.

DevHaiti

