Un programme de cofinancement en renforcement de la pêche artisanale 

Un programme de développement de la pêche artisanale en Haïti, financé par la Banque Interaméricaine de développement (BID), exécuté par le ministère de l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARDNR), à travers sa direction des Pêches et aquaculture, a contribué, entre autres, au renforcement de la pêche artisanale dans au moins trois régions du pays. Ce programme qui a débuté dans le Grand Sud bénéficie actuellement d’une extension dans le Nord et le Nord-est.

L’objectif de ce programme est d’améliorer le revenu des pêcheurs par le biais du développement durable de la pêche artisanale dans 19 communes du Grand Sud au bénéfice de 70 associations de pêcheurs – pour un total de 7 500 pêcheurs et marchands de poissons. Parmi ses différentes composantes, on compte le renforcement institutionnel et du système d’informations halieutiques, des infrastructures publiques et des capacités des acteurs locaux. Les départements visés sont le Sud, le Sud-est et la Grand’Anse.

Ce programme prétend améliorer le revenu des pêcheurs par le biais du développement de la pêche artisanale. Les résultats obtenus à travers la mise en œuvre de ce programme sont nombreux. Renforcement des capacités de la DPAQ et des Directions départementales agricoles (DDA) afin de mieux assurer le suivi des activités de pêche et l’encadrement des associations. Des campagnes de sensibilisation ont eu lieu, matérialisées au travers de la promotion de produits de la pêche et des foires de dégustation.

Également, la sensibilisation sur les espèces mena- cées entraînant une meilleure prise de conscience sur les espèces en danger.

Ce projet a permis le recensement des pêcheurs sans oublier, l’accouchement de réflexions sur une loi-cadre plus pratique pouvant être complétée et actualisée. C’était également l’occasion d’effectuer des recherches halieutiques qui ont débouché sur des recommandations pour une politique publique répondant aux enjeux du secteur de la pêche.

Programme de co-financement innovant

Ce projet a facilité le renforcement des capacités des acteurs locaux qui sont les pêcheurs et les marchands. Ainsi, 45 associations de pêcheurs sont formées dans le Sud et la Grand’Anse. L’approche de formation des formateurs est utilisée en favorisant la réplication des formations aux associations par les équipes de terrain. Au sein des acteurs locaux, un autodiagnostic est réalisé, mais aussi un plan de redressement organisationnel.

Grâce aux formations, les associations ont pu intégrer de manière efficace un programme de cofinancement des équipements et des matériels de pêche qui a été introduit pour la première fois. Dans le passé, il y avait certes des projets de pêche dans lesquels les équipements ont été donnés gratuitement, mais dans celui-ci, il a été décidé de changer la donne en introduisant un programme appelé «mécanismes de cofinancement».

Les différents équipements faisant partie du programme sont des bateaux, moteurs, congélateurs, glaciers et des matériels pour une trentaine de DCP qu’a bénéficié une soixantaine d’associations. Cela a été une expérience enrichissante dans la mesure où avec la mise en place de ce programme de cofinancement, c’est-à-dire, en exigeant une contrepartie/une contribution de la part des associations, on s’est rendu compte que ces dernières étaient plus responsables et solidaires.

Nécessité d’approfondissement …

Dans le passé, il y a eu des projets qui distribuent des bateaux et des moteurs, après six mois, ces équipements ont été utilisés à d’autres fins. Ce qui est différent dans le cadre du présent projet. Pas moins de 43 associations ont pu aussi bénéficier des équipements gratuits en raison du fait qu’elles ont été victimes du cyclone Matthew en 2016.

Les leçons apprises liées au programme de cofinancement sont nombreuses. Il a une meilleure compréhension de la nécessité d’avoir des données sur les impacts des équipements subventionnés et leurs retombées sur la sécurité alimentaire des bénéficiaires. Augmentation des prises et la diversification de la valorisation des produits de pêche (vente au frais, salage, séchage, filets et emballages). La recherche de partenariat avec le secteur privé pour la commercialisation des prises.

Il y a nécessité qu’il y ait une formation approfondie en entretien et en maintenance des équipements afin d’optimiser leur durabilité. Les acteurs nécessitent de nouveaux équipements et matériels de pêche en ciblant beaucoup de femmes.

Dans le cadre du mercredi de réflexions de la BID constituant un espace d’échanges et de réflexions — aussi devant favoriser des échanges entre des acteurs publics et privés — ceci depuis 10 ans, le Programme de Développement de la Pêche artisanale a été présenté par Laurent Merisier, son coordonnateur au sein du MARNDR. Ce numéro de mercredi de réflexions a été réalisé autour du concept de l’Économie bleue.

DevHaiti