Quid du climat des affaires en Haïti ?
Le temps où les autorités haïtiennes clamaient que le pays était «ouvert aux affaires» est révolu. Haïti ne s’est pas contenté de faire du surplace. Après quatre années de récession, Haïti sombre dans la dépression économique. Les chiffres montrent une descente aux enfers. Haïti est un pays fragile, sujet à des tensions sociales et politiques à répétition. De plus, les tremblements de terre du 12 janvier 2010 et du 14 août 2021 ont plongé le pays dans une situation d’urgence humanitaire en détruisant de nombreuses infrastructures (résidences, écoles, hôpitaux, etc.).
Le constat de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), plus connue sous son acronyme en anglais IOE, laisse les observateurs sans équivoque dans son « Analyse du climat des affaires dans les PMA (Haïti) publié début mars 2003. Selon la Banque mondiale (2022), 47 % de la population haïtienne vit en dessous du seuil d’extrême pauvreté (moins d’un dollar par jour et par personne), et 68 % se trouve en situation de pauvreté (moins de deux dollars par jour et par personne). La crise sanitaire est quant à elle venue accentuer les effets des différentes crises humanitaires et la crise socio-politique auxquelles le pays faisait déjà face.
Outre la situation d’extrême pauvreté et de pauvreté généralisée en Haïti, des études de l’Union Européenne et la Banque mondiale citées par le rapport de l’OIE mettent en perspective la vulnérabilité et l’instabilité d’Haïti face aux aléas du changement climatique. Une situation qui rend précaires les volontés et possibilités d’investissements. Le pays, malgré son potentiel, est notamment exposé aux catastrophes naturelles les plus aiguës telles que des ouragans, des inondations, des glissements de terrain la déforestation.
Le pays fait face régulièrement à des tensions sociales et politiques. Ce qui peut décourager les investissements, notamment les investissements étrangers. De plus, une informalité généralisée qui touche davantage le milieu urbain. Selon le rapport de l’OIE, l’emploi informel domine et représente plus de 80 % des actifs, à savoir 40 % dans l’agriculture, 25 % dans le commerce, 11 % dans l’industrie, tandis que le secteur public n’emploie que 2 % du total de la population active. En milieu urbain, le secteur informel représente 81 % et 42 % en milieu rural. Et il faut considérer que 61,9 % de la population haïtienne est sans emploi, dont 50 % de la tranche d’âge 20-24 ans.
Les recommandations du secteur privé
L’OIE qui a reçu un co-financement de l’UE dans la production de ce rapport recommande notamment le soutien et le renforcement du dialogue public privé. Ce domaine vise l’intégration du dialogue public-privé dans les plans et les stratégies sectoriels de développement; l’établissement et le maintien d’un partenariat public-privé renforcé; l’élaboration d’une feuille de route et d’un agenda pour le dialogue public-privé au niveau national;
Les recommandations du secteur privé touchent le renforcement des institutions étatiques, notamment l’évaluation du cadre juridique et réglementaire en matière de création et de formalisation des entre- prises dans le secteur formel; la conception permanente des réformes visant à améliorer le climat des affaires; respect des accords; et, entre autres, le renforcement du rôle de l’État en tant que garant de la paix, de la sécurité et de la bonne gouvernance.
Le secteur des affaires haïtien recommande un soutien aux jeunes investisseurs et à la gent féminine, qui passe par le développement de l’entrepreneuriat et lutte contre l’informalité. Ainsi, le secteur patronal entend promouvoir la culture entrepreneuriale dans la société tout entière, notamment au sein des établissements de formation technique et professionnelle, au sein des plateformes de l’audiovisuel (télé et radio) et réseaux sociaux nationaux en ligne, au sein des centres de formation pour adultes, au sein des universités. Il est aussi entendu la création des centres de formation et d’apprentissage aux métiers d’auto-entrepreneurs pour les jeunes déscolarisés.
L’Organisation internationale des employeurs (OIE/IOE), qui se présente comme le plus grand réseau du secteur privé dans le monde met en exergue les différents soucis du secteur patronal dans son rapport. L’OIE indexe aussi des inégalités sociales liées au non-respect de l’État de droit en Haïti. Cette organisation représente les intérêts des employeurs au niveau international dans les domaines du travail et du social.

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