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La stabilité du système bancaire : défis du contexte national et perspective face à la conjoncture internationale

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La stabilité est l’un des défis auxquels fait face actuellement le système bancaire haïtien dans le contexte de crise socioéconomique actuel. Dans la treizième édition du sommet international, un panel animé par trois cadres de la Banque de la République d’Haïti (BRH), était porté sur cette grande thématique. Djemsy Delphin, Henriette Chaperon et Jean Armond Mondelis nous ont entretenu sur la stabilité du système bancaire : défis du contexte national et perspective face à la conjoncture internationale.

La stabilité financière est la situation dans laquelle, le système financier, qui comprend les intermédiaires financiers, les marchés et les infrastructures de marché, est capable de résister aux chocs et de corriger le déséquilibre financier. Selon M. Delphin, les déséquilibres financiers peuvent se traduire en crise financière, en contraction des revenus, en ralentissement de la croissance et augmentation du chômage et en durcissement des conditions de prêts. Ces scénarios ne sont pas sans effet sur l’économie réelle qui subir un ralentissement de croissance et une augmentation du chômage.

M. Delphin a poursuivi par l’énumération des principaux défis auxquels fait face l’économie nationale et le  système  bancaire  en  particulier.  L’insécurité physique et alimentaire, l’émigration massive conduisant à la fuite de cerveaux, la récession de l’économie traduite par quatre années de croissance négative, l’inflation galopante, la décote de la gourde par rapport au dollar, la vulnérabilité climatique etc… sont les principaux défis de l’économie nationale.

Ces désastres humains et naturels ont des impacts négatifs sur le système bancaire. Ils altèrent les capacités de remboursement des débiteurs du système, ce qui détériore la qualité des portefeuilles des banques, ils provoquent une baisse de productivité du système (fuite de cadres), ils réduisent les dépôts et les crédits du système etc… En dépit du mauvais contexte de l’économie haïtienne, M. Delphin a montré que le système bancaire est solide. Quasiment tous les postes ont connu des augmentations, allant des revenus nets d’intérêt, passant des produits nets bancaires au bénéfice net, tous ont augmenté entre 2021 et 2022.

M. Delphin a terminé par élaborer des perspectives pour que le système conforte davantage sa résilience face aux crises nationales qu’internationales. Selon lui, il y a:

–           Nécessité de la BRH de continuer à supporter les débiteurs en difficulté ;

–           Utilisation d’analyses de scénarios pour prévenir les impacts d’une éventuelle crise financière internationale ;

–           Mesure du degré d’exposition des banques aux risques climatiques ;

–           Introduction des mécanismes de financements au bénéfice de projets potentiellement verts dans l’agenda de croissance de la BRH.

Pour terminer avec le panel, M. Mondelis a commenté sur les nombreuses informations fournies par l’assistant directeur de la direction de la supervision des banques. Il a surtout mis l’accent sur le rôle de la BRH comme régulateur qui exige aux banques centrales d’avoir des fonds propres solides afin de garantir la stabilité des institutions bancaires. M. Mondelis a rappelé que la confiance au sein des institutions bancaires est fondamentale pour la bonne marche du système. Sans confiance entre les différentes parties prenantes, à savoir le public, les banques commerciales et la BRH, le système est voué à l’échec.

Mme. Chaperon a pour sa part intervenue sur un sujet très intéressant ayant rapport à la prise de risque des banques commerciales. En effet, il est tout à fait paradigmatique qu’en dépit de la mauvaise santé de l’économie haïtienne, les banques commerciales présentent des résultats solides dont la tendance est croissante. Mme. Chaperon a souligné que si effectivement il y a peu de relations entre les banques commerciales et l’économie réelle, cela est davantage dû à l’absence de politiques publiques plutôt qu’a une volonté manifeste du système. Comme agents rationnels, les banques sont soumises à des calculs pour maximiser leurs profits, dans le cas où il n’y a pas de politiques publiques pour réduire le niveau de risque-pays, il y aura toujours peu de relations entre les banques et l’économie réelle.

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