Tableau de bord des finances publiques au premier semestre 2022-2023
La mobilisation des recettes sur les six premiers mois de l’exercice fiscal en cours est plus importante que celle comparée à la même période de l’exercice 2021-2022. Autrement dit, les organismes de perception ont déjà collecté 84,7 milliards de gourdes contre 56,7 milliards de gourdes, soit une hausse 47% en glissement annuel. Le directeur général du Budget, Jean Michel Silin, précise que le taux de réalisation affiche déjà 51,6% par rapport à l’objectif global de l’exercice.
Le DG du Budget attribue cette performance notamment à l’Administration général des Douanes (AGD) qui a collecté 61,3 % et la Direction générale des Impôts (DGI) qui a capté 51,5 % pour l’exercice 2022-2023. Les résultats obtenus par l’Etat pendant le premier semestre de l’exercice fiscal sont aussi le fruit d’une maitrise des dépenses budgétaires, d’un contrôle des dépenses de biens et services et d’une chute des transferts et subventions financés par le Trésor public.
Un taux de croissance du PIB réel de 0,3 % supporté par la mise en œuvre du Plan de relèvement Intégré de la péninsule Sud (PRIPS), des programmes sociaux et l’amélioration du climat sécuritaire.
Le DG du budget estime que ce chiffre est maigre, mais acceptable par rapport à la chute enregistrée précédemment. Le gouvernement entend faire passer le niveau d’inflation à 30,5% au 30 septembre 2023 contre 38,7% enregistré durant l’exercice précédent. Cette hypothèse deviendra réalité au cas où les actions entreprises par le gouvernement pour limiter les épisodes de crises et de pénuries de carburant, seraient convenablement mises en œuvre.
Pour atteindre ses objectifs l’Etat haïtien prévoit de collecter des recettes fiscales de l’ordre de 164 milliards de gourdes durant l’exercice 2022-2023 contre 120,1 milliards en 2021-2022. Il est prévu une maîtrise du financement de la Banque centrale, dont 33 milliards de gourdes contre 49,3 durant l’exercice 2021-2022. L’enveloppe totale demeure 267,5 milliards de gourdes.
Jean Michel Silin partageait son «analyse des finances publiques, au premier semestre de l’exercice fiscal 2022-2023» à la deuxième journée du 13e Sommet international de la finance tenu à l’hôtel Marriott de Port-au-Prince. Le directeur général du budget attire au passage l’attention de l’assistance sur le poids des recettes courantes par rapport à l’enveloppe globale du budget 2022-2023. Les recettes courantes représentent 61,3% du budget. Avec 78,9%, les ressources domestiques dépassent de loin les ressources externes qui ne dépassent pas 21,1% du total.
Quant à la répartition des crédits budgétaires, la dette publique engrange la plus grande part du gâteau avec 36,70 milliards de gourdes, le ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) obtient 30,59 milliards de gourdes, le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) dispose de 30,04 milliards dans le nouveau budget. Suivent le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) avec 28,8 milliards, les interventions de l’Etat 26,65 milliards et le ministère des Travaux publics, Transports et Communications, avec 18,20 milliards de gourdes.
L’orientation du cadre budgétaire à moyen terme concerne l’implémentation des programmes sociaux du gouvernement, notamment la Politique nationale de protection et de promotion sociale (PNPPS) qui cherche à mitiger les effets de l’inflation sur les pauvres, combattre l’insécurité alimentaire, et ainsi créer les conditions de mise en œuvre de certaines réformes nécessaires. La mise en œuvre du Plan de relèvement Intégré de la péninsule Sud (PRIPS) après les dégâts causés par le séisme du 14 aout 2021.
Le budget 2022-2023 s’inscrit également dans une perspective pluriannuelle à travers l’élaboration du premier cadre budgétaire à moyen terme (CBMT) qui s’étend sur l’année budgétaire en cours et les deux suivantes, à savoir 2023-2024-2025.
La signature du Staff Monitored Program (SMP) avec le Fonds Monétaire International (FMI) vise à travers des cibles et objectifs bien définis, à améliorer la situation socio-économique et remettre l’économie haïtienne sur une trajectoire de croissance plus inclusive et durable. L’approbation, le 6 février 2023, par le conseil d’administration du FMI d’un décaisse- ment de 105 millions de dollars en faveur d’Haïti au titre du guichet de financement des ripostes aux chocs alimentaires (Food Shock Window), est un atout dans ce budget.
Les perspectives pour le second semestre laissent comprendre qu’en matière de dépenses de fonctionnement, les dépenses de personnel suivront le même rythme qu’au premier semestre avec une légère baisse anticipée. Cette baisse, explique Silin, d’une part, par le départ d’un effectif non-négligeable du personnel dans le cadre du programme «Humanitarian Parole» et, d’autre part, du programme de départ volontaire à la retraite anticipée. Les dépenses de biens et services continuent à faire l’objet d’un arbitrage pour des raisons de trésorerie.

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