Développement durable

Conférence de Doha : comment accélérer le développement durable dans les pays moins avancés ?

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La cinquième Conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés (PMA5) s’est déroulée à Doha, Qatar, du 5 au 9 mars 2023 autour du thème «PMA5: du potentiel à la prospérité» et a réuni les représentants (autorités politiques, militants de la société civile et acteurs du secteur privé) des pays membres de cette catégorie, notamment Haïti, unique pays moins avancé (PMA) de l’hémisphère occidental.

Les Nations unies, l’instance organisatrice, estiment que cette cinquième Conférence est l’occasion, une fois par décennie, d’accélérer le développement durable dans les lieux où l’aide internationale est la plus nécessaire – et d’exploiter pleinement le potentiel des pays les moins avancés en les aidant à progresser sur la voie de la prospérité.

«Ils ont besoin d’investissements audacieux dans les systèmes de santé, d’éducation et de protection sociale; de toutes les ressources nécessaires pour mettre pleinement en œuvre le Programme 2030 et les objectifs de développement durable», a déclaré António Guterres, le Secrétaire général des Nations unies, en prélude de la session plénière inaugurale de la Conférence de Doha.

La Coordonnatrice Résidente des Nations unies en Haïti, Ulrika Richardson, a fait savoir que: «le système des Nations unies est prêt à accompagner l’Etat et les parties prenantes dans la mise en œuvre des résultats de cette Conférence».

Les dirigeants mondiaux se sont réunis, pendant les cinq jours de la Conférence LDC5, avec le secteur privé, la société civile, les parlementaires et les jeunes pour promouvoir de nouvelles idées, susciter de nouvelles promesses de soutien et stimuler la réalisation des engagements convenus, par le biais du Programme d’action de Doha.

«Le programme d’action de Doha nous rappelle l’importance pour le gouvernement, la société civile et le secteur privé de travailler ensemble pour renforcer la cohésion sociale et veiller à ce que des investissements audacieux dans l’éducation, l’agriculture, la santé, l’action climatique, la protection sociale et le marché du travail soient effectués en vue de l’atteinte des objectifs de développement durable», a souligné Ulrika Richardson.

Le Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2022-2031, dont le texte final a été adopté lors de la première partie de la conférence PMA5 le 17 mars 2022 et approuvé par l’Assemblée générale par le 1er avril, manifeste une nouvelle génération d’engagements renouvelés et renforcés entre les pays les moins avancés et leurs partenaires de développement, y compris le secteur privé, la société civile et les gouvernements à tous les niveaux.

«À travers son nouveau Cadre de Coopération pour la période 2023-2027, le système des Nations Unies s’engage à soutenir l’Etat haïtien dans la mise en œuvre du programme d’action de Doha et ce dans la voie des réformes nécessaires pour une transformation économique inclusive», a assuré l’actuelle Représentante spéciale adjointe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), coordinatrice résidente et humanitaire en Haïti, connue pour sa connaissance approfondie des défis multidimensionnels auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement.

Les Nations unies classent actuellement 46 pays dans cette catégorie, en raison de leur degré de vulnérabilité élevé face aux perturbations économiques externes, aux catastrophes d’origine naturelle et humaine ainsi qu’aux maladies transmissibles. Ces pays sont confrontés aux plus grands obstacles en matière de développement durable, en particulier la pauvreté énergétique, un accès limité aux marchés, le manque de capacités de production et la vulnérabilité climatique.

Une délégation, composée des membres du gouvernement, du secteur privé et de la société civile, était sur place à Doha pour prendre part au PMA5.

Haïti réclame plus d’investissements que d’aide humanitaire

La République d’Haïti, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, a réclamé plus d’investissements que d’aide humanitaire afin d’atteindre les ambitions collectives de son pays de ne laisser personne de côté, lors de son intervention en séance plénière de la 5e Conférence des Nations unies sur les pays moins avancés (LDC5), le lundi 6 mars 2023.

«Notre pays attend des initiatives concrètes telles que le renouvellement de partenariats solides pour que la coopération du développement devienne plus efficace afin d’accélérer les progrès en matière de développement et de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) ainsi que pour soutenir notre sortie durable de la catégorie des PMA sur la base des principes d’efficacité», a déclaré Jean Victor Généus, estimant que les rares progrès effectués en Haïti montrent que le pays n’atteindra pas les ODD dans les délais impartis sans un redressement progressif de la situation.

Selon la Banque Mondiale, 47 % de la population haïtienne en 2022 vit en dessous du seuil d’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour et par personne), et 68 % se trouve en situation de pauvreté (moins de 2 dollars par jour et par personne).

La mise en œuvre du programme d’action de Doha, un engagement décennal visant à renouveler et renforcer les partenariats entre les pays les moins avancés et les nations développées, ainsi qu’avec le secteur privé et la société civile, peut signifier une planche de salut pour les 46 pays appartenant à la catégorie des pays les moins avancés (PMA) des Nations unies qui ont souffert de l’insuffisance des ressources allouées à la lutte contre la pandémie et de la spirale de l’endettement, ce qui a fait reculer leur développement.

Des six domaines que renferme le programme d’action de Doha, Haïti a décidé de prioriser les objectifs 1, 3 et 5, qui sont respectivement les suivants : éliminer la pauvreté et renforcer les capacités, soutenir la transformation structurelle en tant que moteur de prospérité, et lutter contre le changement climatique, la dégradation de l’environnement, se remettre de la pandémie de COVID-19 et renforcer la résilience face aux chocs futurs.

La 5e Conférence a eu lieu à un moment où la République d’Haïti connaît une situation difficile marquée par l’instabilité, l’insécurité, la faillite du modèle économique et les multiples défis qui rendent le pays extrêmement fragile et vulnérable.

« La violence des gangs armés met à mal les progrès réalisés au cours des dernières décennies en matière de lutte pour la réduction de la pauvreté et de développement socio-économique, notamment une augmentation de l’insécurité alimentaire et l’affaiblissement davantage de nos systèmes de santé déjà fragiles », a reconnu à l’époque Jean Victor Généus, ministre haïtien des Affaires étrangères.

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