Développement durable

Que peut tirer Haïti de la Conférence de Doha sur les PMA ?

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La cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA) s’est tenue en mars de cette année à Doha, au Qatar. À la 13e édition du Sommet international de la finance, organisé par le Group Croissance et ses partenaires du 17 au 19 avril dernier, un temps d’intervention a été consacré à la Déclaration de Doha. La Représentante spéciale adjointe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), Ulrika Richardson, en a profité pour expliquer comment Haïti peut profiter de ladite déclaration pour financer et atteindre les Objectifs de Développement durable (ODD).

La Représentante spéciale adjointe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) était à Doha dans le cadre du cinquième Conférence de l’ONU pour les PMA. Elle salue la délégation haïtienne à cette conférence qui était composée de représentants du gouvernement, du secteur privé des affaires et des organisations de la société civile. «A la conférence de Doha, j’ai vu les liens forts qui existent entre les différents secteurs», a-t-elle expliqué. Elle salue les différentes résolutions qui ont été adoptées à cette conférence, notamment celle portant sur la nécessité de redoubler d’efforts en vue d’aider les pays moins avancés dans leur quête de développement.

Pour Mme Richardson, la conférence de Doha peut avoir des retombées positives pour Haïti. «Haïti peut profiter d’une coopération internationale», a-t-elle souligné, informant que des contacts étaient établis en la circonstance avec des institutions de la famille des Nations unies qui travaillent beaucoup plus dans l’économie et qui ne sont pas nécessairement présentes en Haïti. Avant la Conférence de Doha, ces agences onusiennes ne voyaient pas la situation en Haïti comme une crise économique mais comme une crise humanitaire ou de développement. «Mais on va leur faire engager. Engager avec un fort lien avec le secteur privé», a-t-elle promis.

Ces institutions onusiennes, d’après Ulrika Richardson, peuvent aider à augmenter le portefeuille de crédit en Haïti pour le rendre disponible à des taux d’intérêt intéressant sur le long terme. Elle annonce par ailleurs un échange dans un ou deux mois entre le secteur privé et les représentants des agences concernées.

Ulrika Richardson a par ailleurs annoncé une nouvelle stratégie de coopération des Nations unies pour Haïti sur les cinq prochaines années. «Ce cadre de coopération pour la première fois ne concerne pas seulement les problèmes sociaux, mais couvre aussi la transformation économique et environnementale. «On va intégrer ces deux dimensions dans chaque activité ou programme qu’on va entre- prendre avec le gouvernement. C’est ce que décident les Nations unies pour aider le pays à résoudre certains problèmes durablement», a-t-elle affirmé.

Pour sortir le pays du bourbier, la représentante adjointe de l’ONU en Haïti conseille les autorités haïtiennes à faire de l’éducation une priorité. «Il faut investir dans l’éducation pour avoir le capital humain», a-t-elle fait remarquer, soulignant qu’il y a aussi urgence de restaurer l’environnement. «Il y a une grande dégradation environnementale en Haïti. Le reboisement c’est quelque chose de très urgent. On a la dégradation côtière. On a l’impression chaque pluie qui devrait être bénéfique pour le pays et pour l’agriculture crée l’effet contraire, provoque une catastrophe, un désastre», a-t-elle regretté. Pour elle, la réponse à cette situation doit être l’agri- culture. «Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste pour s’engager dans ce domaine», a-t-elle dit pour inciter tous les Haïtiens à s’y impliquer.

En Haïti, a poursuivi la diplomate, on a un taux élevé d’insécurité alimentaire, un niveau de malnutrition qu’on n’a jamais vu avant. «Pour résoudre ce problème, au lieu d’importer des produits alimentaires, nous voulons stimuler la production locale», a-t-elle conseillé. Elle a par ailleurs informé que 40% des produits servis dans la cantine scolaire – la viande, les légumes – sont produits en Haïti. «Il faut faire plus, croit-elle. Les plats seront plus nutritionnels et cela aidera à la relance de la production locale.»

Pendant qu’on cherche à renforcer la production locale, Ulrika Richardson invite les instances concernées à enseigner aux agriculteurs les pratiques agricoles protectrices de l’environnement. «Cela permettra de renforcer la durabilité environnementale. C’est quelque chose de très simple mais très important pour le pays», a-t-elle fait remarquer.

En dépit de la crise multiforme à laquelle fait face le pays, Mme Richardson dit relever certains éléments positifs qui peuvent aider Haïti à créer un avenir meilleur. «Il n’y a pas une dépendance à l’assistance étrangère comme beaucoup d’autres PMA», a-t-elle précisé en saluant le courage des Haïtiens qui se battent chaque pour changer la situation du pays.

«Je suis fascinée par ces personnes. C’est pourquoi je garde espoir», a-t-elle déclaré.

Dans le contexte d’une crise mondiale due à la guerre en Ukraine, Ulrika Richardson conseille Haïti à impliquer les jeunes dans les initiatives de création de richesses et à utiliser les fonds envoyés par la diaspora à des fins de développement. Au secteur privé des affaires, elle lui conseille d’investir dans des projets pouvant avoir des impacts durables sur l’économie tout protégeant l’environnement. «C’est à ce prix qu’Haïti pourra atteindre les ODD», a conclu celle qui dit être repartie de Doha avec beaucoup d’espoir.

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