Éditorial

Haïti a raté le 1er test de la saison cyclonique 2023

4 minutes lecture

Les fortes pluies qui se sont abattues sur le pays les 3 et 4 juin en cours ont emporté des vies humaines et causé des dégâts matériels considérables. Une calamité de trop pour une population meurtrie par l’insécurité, la faim et leurs corollaires.

Selon la Direction de la Protection civile, des dizaines de morts, de blessés et de disparus ainsi que des milliers de déplacés ont été enregistrés pour les premières pluies diluviennes de la saison cyclonique 2023. S’il s’agissait d’un test, Haïti aurait piteusement échoué. Le pays vient de prouver toute sa vulnérabilité face aux catastrophes naturelles et la prévention des risques et désastres. Il est un fait qu’Haïti figure sur la liste des pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles. Le lourd bilan des dernières inondations le reconfirme.

Alors que les autorités doivent assister les victimes des inondations, réparer les infrastructures détruites, revitaliser le secteur agricole durement éprouvé par les inondations, elles doivent aussi poser les jalons pour rendre le pays moins vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes. Si certaines mesures nécessitent du temps et des fonds dont le pays ne dispose pas, d’autres demandent d’abord de la volonté (politique). Curage régulier des rivières et interdiction de construction dans les bassins versants, les ravines ou les lits des rivières sont quelques-unes des mesures que le pays doit se donner les moyens d’appliquer. Ces mesures peuvent sauver des vies. L’application systématique de ces mesures pourrait éviter à Léogâne et à d’autres communes du pays les inondations du début du mois de juin. Il est vrai qu’on ne peut pas réparer ou corriger les erreurs du passé, mais on peut en tirer des leçons pour les éviter dans le futur. Ainsi, les leçons tirées des inondations du début du mois de juin doivent permettre au pays de mieux se préparer pour les pluies diluviennes à venir.

Il est temps que nos autorités se mettent au travail pour sauver ce qui peut encore l’être. L’argent qu’on est toujours prêt à mobiliser pour assister les victimes des catastrophes peut être utilisé dans la prévention. Ce à quoi doit servir un plan national de gestion des risques et désastres. C’est cette mission que doivent se donner les autorités locales. Il faut dire au gouvernement que les énergies déployées et les ressources mobilisées après les catastrophes pourraient aider dans la prévention.

Nous sommes au début de la saison cyclonique. Notre vulnérabilité, nos prières, nos pleurs…ne vont pas épargner Haïti des cyclones. Cela n’empêche que nous espérons que cette année cyclonique soit clémente avec notre pays pendant que nous exigeons des autorités constituées des mesures qui peuvent atténuer les conséquences d’éventuels cyclones.

Rome n’a pas été construite en un seul jour. De même Haïti ne va pas guérir de toutes ses plaies environnementales en peu de temps, mais il faut un 1er pas. Il faut commencer un jour par respecter les lois portant sur l’environnement. Il y a urgence d’une meilleure gestion des déchets, du reboisement des mornes et des bassins versants et de la protection réelle des aires protégées.

Les autorités peuvent prétendre au manque de moyens pour ne pas agir. Pourtant, tant bien que mal, elles trouvent de quoi assister les victimes après chaque catastrophe. Ces ressources pour- raient être utilisées dans la prévention. L’économie en bénéficierait, des vies seraient sauvées, des dégâts matériels seraient évités. Nous savons tous prévenir vaut mieux que guérir.

Nous sommes au début de la saison cyclonique. Le pays doit se préparer à toute éventualité. Cela exige de sensibiliser la population sur les mesures à adopter lors du passage d’un cyclone ou pendant des inondations, mais aussi des mesures pour minimiser les risques.

La crise politique ne doit pas servir de prétexte à tous ceux qui ont la charge de la protection de l’environnement pour ne pas assumer leurs responsabilités. Il revient à chacun de nous de poser notre pierre dans la restauration de l’environnement, mais aux autorités de prendre les mesures qui s’imposent. Le plus tôt est le mieux.

DevHaiti