Développement durable

Saison cyclonique 2023 sous fond d’inquiétudes pour les communautés vulnérables

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La saison cyclonique a débuté le 1er juin dernier. Si dans un premier temps, elle était perçue comme étant «relativement normale», elle s’annonce pourtant très menaçante au regard des premières pluies diluviennes qui ont causé d’importants dégâts à travers le pays dans un contexte marqué par une crise humanitaire dominée par le rebondissement du choléra et la détérioration de la situation sociopolitique et économique.

«Comparée aux années précédentes, cette saison devrait être moins active en raison de plusieurs facteurs, notamment le retour du phénomène El Niño dans la zone atlantique», a révélé la Direction de la Protection civile (DPC) dans une note rendue publique. Plus loin, ladite note précise que «cette période de l’année suscite à la fois une certaine inquiétude dans les communautés les plus vulnérables».

Avec le phénomène d’El Niño, le développement des tempêtes pourrait suivre une trajectoire descendante à cause de sa capacité à faiblir les activités cycloniques, poursuit la note, ajoutant que la manifestation d’El Niño va provoquer des vagues de chaleur augmentant la température de l’air ambiant.

Entre le 1er juin et le 30 novembre, durée de la saison cyclonique, il est prévu 17 tempêtes dont 5 à 9 pourraient se transformer en ouragans et 1 à 4 pourraient être majeurs. Cela laisse penser que malgré les prévisions qualifiées de «rassurantes», les phénomènes hydrométéorologiques cycloniques seront toujours en formation et pourront se manifester à tout moment dans la zone de l’Atlantique, notamment dans la Caraïbe, poursuit le communiqué.

Soutenant que la saison cyclonique est l’affaire des autorités ainsi que les organismes de secours et de chaque membre de la communauté, la DPC estime important que chacun soit conscient des risques et des mesures à prendre pour se protéger ainsi que pour protéger sa famille en cas d’urgence.

Très peu de jours après le début de la saison cyclonique, le pays eut à faire face à ses premières averses. Et les dégâts sont considérables, à en croire les bilans officiels. Pourtant, des événements météorologiques similaires ou plus violents sont attendus dans les mois à venir, selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires (OCHA).

Les premières pluies augurent des jours noirs ?

Le 3 juin 2023, Haïti a été frappé par une tempête de pluie particulièrement intense, provoquant des averses ininterrompues dans tout le pays. Ces pluies torrentielles, accompagnées de rafales de vent et d’orages ont été déclenchées par la formation d’une dépression qui est restée stationnaire sur le pays tout au long de la journée.

La plupart des départements ont connu de graves inondations, des éboulements et des glissements de terrain. Les rapports de la DPC font état de près de 45 mille ménages touchés, 58 décès, 20 disparus, 34500 maisons inondées, près de 3 000 maisons endommagées ou détruites et 9 119 personnes déplacées dans l’Ouest (DTM).

Les fortes précipitations ont provoqué le débordement de nombreux ruisseaux et rivières, ainsi que des glissements de terrain dans les communautés riveraines. Quelques jours plus tard, le 6 juin, le département de la Grand’Anse a été secoué par un tremblement de terre de magnitude 5,5.

En raison des conditions météorologiques extrêmes, 9 119 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, dont 1 826 ménages à la suite des inondations. Parmi elles, 5 009 personnes vivent dans des sites, dont 1 166 ménages, selon des chiffres de l’OIM. L’Ouest, y compris la zone métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPAP), a été le département le plus touché, en particulier dans les communes de Cité Soleil (18 416 ménages touchés), Léogâne (8550), Grand-Goâve et Port-au-Prince (4 524 chacune).

Le département du Nord-Ouest a connu plusieurs jours de pluies intenses entre le 29 mai et le 3 juin, provoquant des inondations répétées. Outre les pertes humaines et matérielles, de nombreuses structures communautaires ont été endommagées. La DGPC a signalé l’inondation de trois centres de santé et de 48 écoles.

Selon les analyses du PAM basées sur l’imagerie satellitaire, un total de plus de 30 000 hectares de terres cultivées a été inondé pendant les intempéries, en particulier dans les départements de l’Artibonite (22 107 ha), de l’Ouest (2 731 ha), du Nord (2 305 ha), du Nord-Est (1 977 ha), du Sud.(1906 ha) et du Centre (1 497 ha).

«Il s’agit d’une période critique du calendrier agricole (fin des semis pour les cultures de printemps et préparation des terres et des semis pour la campagne principale)», écrivent-ils. Le PAM met en garde contre les conséquences de ces pertes agricoles importantes pour la sécurité alimentaire du pays, surtout à un moment où, face à la hausse des prix des produits importés, les moyens de subsistance de nombreux ménages haïtiens dépendent de l’agriculture.

Et le choléra rebondit…

Le choléra qui a refait son apparition en Haïti en octobre dernier, deux ans après sa disparition, a rebondi à la suite des premières averses inaugurant l’arrivée de la saison cyclonique.

En effet, dans le département du Nord-Ouest, le réseau d’approvisionnement en eau a été endommagé, avec de nombreuses fuites, 600 latrines détruites et des dizaines de réservoirs d’eau contaminés. Par ailleurs, les autorités sanitaires ont signalé une recrudescence des cas de choléra dans plusieurs communes, notamment à Baie de Henne et à Port-de-Paix.

Au total, le pays compte 48 902 cas suspects pour 3 076 cas confirmés — également, 45 045 cas hospitalisés. Pas moins de 750 personnes sont déjà mortes dont 509 dans les hôpitaux et 241 dans les communautés alors que l’âge médian des cas hospitalisés est de 17 ans, selon le dernier communiqué du ministère haïtien de la Santé et de la Population (MSPP).

54.05 % des cas cumulés sont des hommes et les 45,95 % sont des femmes. Le département le plus affecté est l’Ouest. Port-au-Prince est la ville la plus affectée avec 370 cas confirmés, suivi de Delmas avec 275 cas et Delmas avec 239.

Selon les dernières données dont nous disposons, le nombre de personnes infectées augmente chaque jour un peu plus.

DevHaiti

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