Haïti : 5e pays au monde le plus exposé au risque de catastrophes
Haïti, du fait de sa localisation géographique, est sujet à un ensemble de risques naturels qui peuvent être d’origine hydrométéorologique ou géodynamique. Haïti est considéré comme le cinquième pays au monde le plus exposé au risque de catastrophe. Près de 98 % de la population est exposée à au moins deux risques de catastrophe naturelle : séismes, ouragans, glissements de terrain, inondations et sécheresse.
En effet, plus d’une centaine de catastrophe a touché le pays de l’année 1900 à 2016. Parmi ces désastres qui ont tant de fois ravagés plusieurs villes du pays sur cette période, on compte : un séisme de magnitude (MW) 7.0, près de 40 cyclones, plus d’une cinquantaine d’inondations, sept périodes de sécheresse, une épidémie de choléra et deux autres épidémie infectieuses.
Haïti est particulièrement vulnérable non seulement aux ouragans en raison de son emplacement dans la ceinture des cyclones de l’Atlantique Nord, mais elle se trouve également dans une zone sismiquement active. En effet, la période cyclonique qui débute au mois de juin pour terminer au mois de novembre est une période assez redoutée par la population haïtienne. Plusieurs villes du pays, spécialement les villes de la Presqu’ile du Sud, ont été à plusieurs reprises détruites par des cyclones ou ouragans touchant le pays pendant cette période. Le cyclone Hazel en 1954, l’ouragan Flora en 1963 et plus récemment l’ouragan Matthew en 2016 ont ravagé certaines villes du pays, du nord au sud.
Les catastrophes cumulées, de 1971 à 2016, ont occasionné des pertes massives en vies humaines, fortement impacté les infrastructures et causé des pertes nuisibles à l’économie du pays. L’une des plus meurtrières est le séisme de 2010 qui a engendré plus de 220 000 morts, 300,000 blessées, 1.5 millions de personnes sans-abris, le déplacement de près de 1.3 million de personnes vers les zones non affectées, la destruction à grande échelle d’infrastructures, dont 105,000 bâtiments complètement détruits et 208,000 endommagées ; les pertes économiques étaient évaluées de l’ordre de plusieurs milliards de dollars US équivalent à 120% du PIB.
Les quatre cyclones successifs de 2008 et le cyclone Jeanne en 2004 ont respectivement occasionné des contractions de l’ordre de 15% et de 7% sur le PIB. Concomitamment, d’importants dégâts ont été inventoriés à la suite du passage de l’ouragan Matthew (en octobre 2016), non seulement en vies humaines et sur les infrastructures, mais particulièrement dans les secteurs de l’agriculture et les sous-secteurs de la pêche et l’élevage, de l’ordre de 38 milliards de gourdes, soit 7% du PIB ou 31% du PIB.
Dans un contexte de réchauffement climatique global, ces phénomènes devraient augmenter en fréquence et en sévérité. D’autres risques beaucoup moins bien répartis dans le temps sont susceptibles de créer beaucoup de dégâts au sein des familles haïtiennes s’ils ne sont pas pris en compte dans cette démarche de la réduction des risques de catastrophes. Ce sont donc les risques dits extensifs, comme les petites inondations à basse échelle risques accidentels, les risques industriels, les risques anthropogéniques et d’autres risques biologiques.
La forte exposition des populations haïtiennes aux catastrophes naturelles est exacerbée du fait de sa juxtaposition avec les risques sous-jacents découlant des vulnérabilités multidimensionnelles. Plusieurs groupes vulnérables ont été identifiés en Haïti, y compris les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes et les familles les plus pauvres. La liste comprend aussi bien les hommes que les femmes vivant dans les communautés rurales, les zones côtières, et les milliers de personnes déplacées du séisme vivant encore dans les camps. Vulnérabilités et décroissance économique
De 1971-2012, le PIB n’a fait que régresser de l’ordre de 0.7% par année en moyenne. Haïti à un pourcentage élevé de pauvres et de très pauvres, d’analphabètes, de ménages ayant un très faible accès à la terre, de ménages à faible revenu et insuffisant pour accéder à la consommation alimentaire de base et aux services sociaux de base.
La grande majorité de la population haïtienne soit 59% représentant 6.3 millions de personnes est estimée pauvre selon les critères définis par l’ONPES dont le quart évalué à 2.5 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et leurs moyens d’existence très fragiles sont souvent affectés par divers aléas auxquels elles sont exposées. 80% des plus vulnérables vivent en milieu rural, ce qui porte les populations rurales à choisir la migration interne et externe comme la voie pour accéder à une vie meilleure. Parallèlement, près de 22% de la population globale du pays vivent dans la région métropolitaine du département de l’ouest. Il s’en est suivi une urbanisation incontrôlée au niveau des villes principales et notamment la zone métropolitaine de port au prince. Ces facteurs socioéconomiques, parmi d’autres, exposent les ménages à des situations très précaires et limitent leurs capacités à faire face et récupérer des différents chocs qui sont récurrents.
Il faut aussi considérer que le pays compte un pourcentage élevé de ménages dirigés par une femme, plus de 40% en milieu rural contre 55% en moyenne en milieu urbain. Les femmes sont considérées comme l’un des groupes les plus vulnérables, et leurs besoins en temps de catastrophes différent de ceux des hommes. Il n’a pas pu être établit de corrélation entre le genre du chef de ménage et le niveau de pauvreté plus élevés, cependant il est important de faire ressortir les besoins spécifiques des femmes (quel que soit son milieu d’appartenance), dans une société à tendance patriarcale, dans toutes les phases et stratégies visant la gestion des risques et des désastres.
Source : Document Pays, Haïti 2016-2020
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