Développement durable

Situation de l’emploi et de la pauvreté en Haïti

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Près de 57% de la population haïtienne est active, 48% des femmes et 66% des hommes, particulièrement en zone rurale où le taux d’activité est de 63%.

Par rapport à 2007, le taux d’activité global a augmenté de 9 points de pourcentage probablement en raison de l’appauvrissement de la population. Pour tenter de compenser la dégradation de leurs conditions de vie, les familles se voient contraintes de mettre au travail les membres secondaires des ménages dans l’espoir d’obtenir des compléments de revenu. Cette stratégie touche tout particulièrement les jeunes ruraux.

Le chômage est élevé, en particulier chez les jeunes. Ces derniers représentent une part importante de la population et exerce de ce fait une forte pression sur le marché du travail : en 2012, 57,5% de la population avait moins de 25 ans.

L’économie haïtienne n’offre pas aux jeunes travailleurs de possibilités suffisantes pour obtenir un premier emploi ou démarrer une entreprise. De plus, ceux-ci sont souvent mal préparés pour saisir ces opportunités lorsqu’elles existent. Les jeunes hommes et femmes sans emploi ou sous-employés se retrouvent piégés dans le cercle vicieux de la violence et de l’exclusion sociale.

La population active compte un grand nombre de «travailleurs pauvres», ce qui reflète un sous-emploi important et des revenus insuffisants. Bien que le revenu moyen ait augmenté de 4% depuis 2007, le revenu médian a quant à lui fortement diminué, avec une baisse de 57%.

Le chômage constitue un obstacle grave au développement d’Haïti dans la mesure où, même avant le tremblement de terre, 54% de la population active étaient sans emploi. Le taux de chômage parmi les jeunes en zone urbaine dépasse les 60%, ce qui suscite des préoccupations non seulement d’ordre économique mais aussi social. La majorité de la population avec un emploi vit dans des conditions précaires. Cette situation est surtout liée au sous-emploi: des revenus horaires insuffisants, plus de 80% d’auto-emploi ou d’emploi informel, particulièrement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, et les conditions de travail souvent indécentes. 60% de la population active ont des revenus inférieurs au salaire minimum, et les femmes gagnent en moyenne 32% moins que les hommes. La part des femmes est plus importantes dans le secteur informel (56%) tandis qu’elles ne représentent qu’environ 30% des emplois dans les secteurs privés formels, dans le secteur public et dans le secteur agricole. En 2012, 86% des femmes travaillant dans le secteur non-agricole travaillent à leur propre compte où elles sont employées pas un membre de leur famille.

De même, les jeunes se retrouvent davantage dans le secteur informel: la probabilité des travailleurs de 15 à 24 ans d’être dans l’informel est de 5 points supérieure à celle des travailleurs de 25 à 54 ans. L’écart le plus important est associé au niveau d’études, et plus il augmente, plus l’écart se creuse. Près de 40% de la population travaille dans l’agriculture. L’insécurité alimentaire, courante dans le pays, est particulièrement grave dans les zones rurales. Un exode rural massif (vers Port-au-Prince, le Nord et l’Artibonite) exacerbe la pression sur le marché du travail et les services sociaux des villes, tout en contribuant à la faible productivité agricole et à la pénurie de services dans les zones rurales. Il faut ajouter aussi le phénomène de l’émigration des Haïtiens qui, par manque de perspectives d’emploi, sont obligés de migrer afin de trouver de meilleures opportunités de travail et de revenus.

Dans des enquêtes récentes, l’emploi est apparu comme la priorité numéro un aux yeux des Haïtiens, devant le logement et l’éducation. Les rares emplois réguliers en Haïti se trouvent dans le secteur public (écoles, santé et justice) et ne représentent que 3% de la main-d’œuvre active. Le secteur privé formel emploie 5%. Le chômage et le sous-emploi en Haïti représentent un risque socio-économique qui constitue en lui-même une situation d’urgence humanitaire. Cette situation ne pourra pas être résolue par les seules forces spontanées du marché et de la croissance économique en raison des problèmes structurels de l’économie haïtienne. La solution requiert la mise en œuvre de politiques actives de l’emploi.

Il n’existe actuellement aucune stratégie ou politique nationale de l’emploi en Haïti. De même, personne n’est clairement en charge de la création d’emplois et des politiques de l’emploi au sein du gouvernement. Dans l’attente de la ratification de la nouvelle politique de l’Institut National de Formation Professionnelle, la politique de formation professionnelle actuelle n’est pas adaptée à l’économie informelle haïtienne, il n’existe pas non plus de mécanismes tripartites permettant de mettre en adéquation l’offre de compétences et la demande de travailleurs qualifiés sur le marché du travail. D’autre part, il est capital d’avoir des données à sa disposition sur le marché de l’emploi pour adopter des politiques appropriées. Or, le manque de données a empêché toutes les parties prenantes de mesurer la véritable ampleur du problème de l’emploi et de réagir en conséquence.

Les investissements privés, intérieurs et étrangers, ont été absents ces dernières années. Pour se développer, le secteur privé aura besoin d’un environnement propice aux affaires, impliquant notamment stabilité et primauté du droit. Ainsi, l’économie formelle majoritaire reste faible. Les vecteurs de formalisation les plus accessibles − qui améliorent la protection et la productivité − sont les (M)PME. 20% des entreprises dans l’économie informelle comptent en moyenne 10-20 travailleurs/euses, alors que 80% sont des micro-entreprises avec maximum 10 employé(e)s.

69% des ménages reçoivent des transferts privés, provenant de travailleurs résidant à l’étranger, principalement de la République dominicaine et des États-Unis.

Les moteurs de la croissance sont l’agriculture, le secteur manufacturier et les services. On a observé une certaine croissance de l’emploi (liée aux échanges commerciaux) dans le secteur de l’habillement. Par ailleurs, un potentiel d’emploi existe dans d’autres cadres plus formels, notamment la construction, le tourisme, le secteur agroalimentaire et l’exploitation minière.

Source : Bureau international du Travail (BIT)
Extrait du programme pays de promotion du travail décent (PPTD) / 2015-2020

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