Panorama statistique de l’emploi informel dans les Amériques
            Vue d’ensemble
Deux milliards de personnes âgées de 15 ans et plus dans le monde travaillent dans l’économie informelle, représentant 61,2 pour cent de l’emploi dans le monde (figure 5C). Le taux d’emploi informel varie d’une région à l’autre (figures 5A et 5C). Parmi les cinq principales régions, la grande majorité des emplois en Afrique (85,8 pour cent) sont informels. L’Asie et le Pacifique (68,2 pour cent) ainsi que les États arabes (68,6 pour cent) atteignent pratiquement le même niveau d’informalité. Dans les Amériques (40 pour cent) et en Europe et Asie centrale (25,1 pour cent), moins de la moitié des emplois sont informels (figure 5C et tableau 1.1). Hors agriculture, le niveau de l’emploi informel dans le monde est de 50,5 pour cent. L’emploi informel non agricole demeure élevé dans trois régions du monde (Afrique, États arabes et Asie et Pacifique) (figures 5B et 5C et tableau 1.2).
Ampleur régionale
Dans la région des Amériques, l’emploi informel représente 40% de l’emploi total. En chiffres absolus, cela signifie que 183 millions de personnes occupent un emploi informel, que ce soit dans des entreprises du secteur formel ou informel ou des ménages. Ces taux varient considérablement d’une sous-région à l’autre, passant de 18,1 pour cent en Amérique du Nord à 53,1 pour cent en Amérique latine et dans les Caraïbes (ALC). Dans les pays de la sous-région ALC, les taux d’emploi informel les plus élevés peuvent être observés en Amérique centrale (58,0 pour cent) et dans les Caraïbes (57,6 pour cent). À l’échelle des pays, la part de l’emploi informel varie de 24,5 pour cent en Uruguay à presque 80 pour cent au Honduras, au Guatemala et au Nicaragua, et plus de 80 pour cent dans l’État plurinational de Bolivie (figure 14.G1, tableau 3 et annexe B, tableau B.1).
Hors agriculture, le taux d’emploi informel non agricole atteint 36,1 pour cent au niveau régional et 17,7 pour cent en Amérique du Nord, contre 49,0 pour cent dans la sous-région ALC (figure 14.G1 et tableau
L’emploi dans le secteur informel des travailleurs à leur propre compte et des employeurs peut être un indicateur du nombre d’unités économiques informelles. On estime que 71,2 pour cent de l’ensemble des unités économiques au niveau régional peuvent être considérées comme informelles, dont 76,6 pour cent dans la sous-région ALC (figure 14.G.5).
Composition
L’emploi informel représente 40,0 pour cent de l’emploi total, dont 29,3 pour cent dans le secteur informel, 7,9 pour cent dans le secteur formel et 2,7 pour cent dans les ménages. La majorité des travailleurs en emploi informel sont dans les unités économiques du secteur informel, mais une proportion importante de salariés occupant un emploi informel sont employés dans le secteur formel (42,6 pour cent des salariés en emploi informel sont dans le secteur formel et 15,2 pour cent d’entre eux sont employés au sein des ménages en tant que travailleurs domestiques). Dans la sous-région ALC, et en particulier en Amérique centrale, l’emploi informel dans le secteur formel est relativement élevé, ce qui témoigne du grand nombre de salariés qui ne sont pas protégés ou sont insuffisamment protégés dans les entreprises du secteur formel. Cette tendance s’accentue en ce qui concerne l’emploi informel non agricole (tableau 3).
Le taux d’emploi informel des travailleurs à leur propre compte est élevé (82,2 pour cent), tout comme celui des travailleurs familiaux contribuant à l’entreprise familiale qui occupent par définition des emplois informels. Les taux d’emploi informel sont inférieurs pour les employeurs (31,3 pour cent) et les salariés (25,9 pour cent). La part de l’emploi informel chez les salariés est plus élevée en Amérique latine (37,2 pour cent) qu’en Amérique du Nord (12,7 pour cent). Dans la sous-région ALC, la plus forte proportion de salariés occupant un emploi informel peut être observée en Amérique centrale (48,3 pour cent) (graphique 14.G3).
Dans la sous-région ALC, les salariés représentent la plus grande part de l’emploi informel (44,8 pour cent de la totalité de l’emploi informel), en raison notamment de la situation en Amérique centrale où ils représentent 55,1 pour cent de la totalité des personnes en emploi informel. Dans les autres sous-régions, la proportion de travailleurs à leur propre compte est supérieure à celle des salariés. En Amérique du Nord, les salariés représentent 70,7 pour cent de la totalité des personnes occupant un emploi informel. Au niveau de la région, la proportion de salariés est toujours inférieure parmi les travailleurs occupant un emploi informel que parmi ceux qui occupent un emploi formel.
Caractéristiques
Certains groupes au sein du marché du travail sont particulièrement touchés par l’informalité. La part de l’emploi informel est plus élevée chez les hommes que chez les femmes, principalement en Amérique du Nord où ce taux atteint 18,9 pour cent chez les hommes et 17,3 pour cent chez les femmes. Au sein de la sous-région ALC, la part de l’emploi informel dans l’emploi total est plus élevée chez les femmes (54,3 pour cent) que chez les hommes (52,3 pour cent), notamment en Amérique centrale où le taux d’emploi informel des femmes est de 61,8 pour cent, contre 55,6 pour cent chez les hommes (tableau 3).
La part de l’emploi informel est également relativement élevée chez les jeunes: 46,2 pour cent contre 40,4 pour cent chez les adultes. Alors que la part de l’emploi informel baisse à 37,6 pour cent chez les jeunes âgés de 30 à 34 ans, elle augmente à partir de 35 ans pour atteindre 54,4 pour cent chez les travailleurs âgés de 65 ans et plus (tableau 3).
Il existe un rapport inversé évident entre le niveau d’éducation et l’exposition au risque d’informalité. L’informalité diminue à mesure que le niveau d’éducation augmente, passant de 81,0 pour cent pour les personnes n’ayant reçu aucun enseignement à 71,3 pour cent pour celles qui ont suivi un enseignement primaire, 46,9 pour cent pour celles qui ont suivi un enseignement secondaire et 22,7 pour cent pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Ce rapport inversé peut également être clairement observé dans la sous-région ALC, malgré un taux d’emploi informel plus élevé chez les personnes ayant suivi un enseignement supérieur (33,5 pour cent) (figure 14.G4 et tableau 3).
Le lieu de résidence exerce également une influence sur la part de l’emploi informel dans l’emploi total, qui est plus élevée dans les zones rurales (52,6 pour cent) que dans les zones urbaines (35,8 pour cent). Cette différence est particulièrement marquée au sein de la sous-région ALC, où le taux d’emploi informel dans les zones rurales atteint 68,5 pour cent, contre 47,0 pour cent dans les zones urbaines (tableau 3).
Parmi les secteurs d’activité économique, l’informalité est particulièrement marquée dans le secteur de l’agriculture, où 77,5 pour cent de l’emploi est informel. Dans le secteur de l’industrie, 38,4 pour cent de l’emploi est informel, et ce taux atteint 35,5 pour cent dans le secteur des services. L’informalité est beaucoup plus faible en Amérique du Nord dans l’ensemble de ces secteurs, ce qui permet de faire chuter les moyennes de la sous-région. Dans les Caraïbes, par exemple, 86,9 pour cent de l’emploi dans le secteur de l’agriculture est informel (tableau 3).
Source : Organisation internationale du Travail (OIT) 
Rapport Femmes et Hommes dans l’économie informelle – Un panorama statistique (Troisième édition)

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