L’inclusion financière en Haïti : un écart entre les rêves et la réalité du terrain
La Banque de la République d’Haïti (BRH) souhaite depuis longtemps rendre les services financiers accessibles à tous les Haïtiens. La Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) et le Plan national d’éducation financière (PNEF) ambitionnent de faciliter l’accès aux banques, d’encourager l’utilisation des outils numériques et d’améliorer les connaissances financières de la population. Cependant, sur le terrain, de nombreux problèmes persistent et freinent les efforts pour une réelle inclusion.
La BRH souligne que près de la moitié des adultes en Haïti n’ont pas de compte en banque et que seulement 11 % utilisent des services financiers formels. Même si les téléphones portables offrent des opportunités pour les paiements et les transferts d’argent en ligne, leur utilisation reste limitée, surtout dans les campagnes et parmi les personnes les plus vulnérables.
Par rapport à cela, questionnons la coordination entre les acteurs qui interviennent dans ce champ. La SNIF et le PNEF impliquent de nombreux acteurs : des ministères, des organismes publics, des partenaires internationaux comme l’OCDE, la Banque mondiale et l’Alliance pour l’inclusion financière. Mais, cette multitude d’intervenants, sans une bonne coordination, ralentit la mise en œuvre des projets. Par exemple, l’intégration de cours sur l’argent dans les écoles, bien que prévue, se fait très lentement.
Le financement, un obstacle majeur
L’unité d’inclusion financière de la BRH est chargée de suivre et d’évaluer les actions menées. Cependant, son travail est fragilisé par le manque d’argent sur le long terme. Les outils pour suivre et mesurer les résultats sont encore incomplets, alors que le PNEF prévoit une évaluation à mi-parcours et une identification des différents acteurs pour comprendre l’impact des programmes.
Certains acteurs y voient une inégalité dans les infrastructures déployées. Des progrès existent : lancement du PRONAP (processeur national de paiement), du système interbancaire de paiements (SPIH), déploiement de BRH Mobile, cartographie des points de services financiers… Cependant, ces outils sont surtout disponibles dans les villes, laissant les zones rurales largement de côté.
L’éducation financière : un défi important
Plus de la moitié des adultes affirment vouloir mieux comprendre comment gérer un budget, épargner et investir. Ce manque de connaissances financières limite l’utilisation des services disponibles et diminue la confiance dans le système.
Vers une inclusion durable ?
L’inclusion financière en Haïti n’est pas juste une idée : elle est essentielle pour avoir accès à des prêts, épargner en toute sécurité et participer au développement du pays. Mais, pour que la SNIF et le PNEF aillent au-delà des intentions, il est nécessaire de mieux coordonner les institutions, d’assurer un financement stable, de faciliter l’accès aux infrastructures et d’investir massivement dans l’éducation financière.
Sans ces actions, l’espoir d’un système financier accessible à tous risque de rester un rêve lointain pour la plupart des Haïtiens.
Sources
- Banque de la République d’Haïti (BRH) – Allocution du Gouverneur Jean Baden Dubois, Atelier national d’orientation et d’intégration de l’éducation sociale et financière dans les curricula d’enseignement en Haïti, mai 2022 : brh.ht
- BRH – Chronologie des activités liées à la SNIF et au PNEF : brh.ht
- BRH – Unité d’Inclusion Financière (présentation et missions) : brh.ht

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