Les transferts internationaux, un des moyens pour favoriser l’inclusion financière en Haïti
Selon la Banque mondiale, l’inclusion financière rend compte de la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à toute une gamme de produits et de services financiers (transactions, paiements, épargne, crédit, assurance) qui soient d’un coût abordable, utiles et adaptés à leurs besoins. Ces produits et services sont proposés par des prestataires fiables et responsables.
En Haïti, dans le cadre de la Stratégie nationale d’inclusion financière lancée en 2014, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a fait mention de plusieurs axes à prioriser afin de permettre à la population de bénéficier de plus de services et produits financiers et a noté par ailleurs qu’entre 2014 et 2018 le taux d’inclusion est passé de 27% à 34% en 2018.
Avec un taux aussi faible, renforcer la pédagogie en la matière devient par conséquent une nécessité afin de permettre à cette part importante de l’économie nationale de mieux gérer les ressources financières dont elle dispose. Avec un taux de chômage élevé, une portion considérable de la population dépend des transferts de l’étranger.
Selon les données publiées par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), ces transferts ont totalisé un montant significatif de 3,8 milliards de dollars américains en 2023. Une large partie de ces fonds est destinée à la consommation des ménages, notamment pour des dépenses en nourriture, logement, éducation, entre autres. Ces transferts, représentant une part considérable dans le produit intérieur brut (PIB), pourraient participer au développement du pays s’ils étaient investis dans des secteurs clés et favorisaient une meilleure inclusion financière des ménages bénéficiaires.
Avec l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), plusieurs institutions financières commencent à intégrer les systèmes de paiement virtuels dans le cadre de leur gamme de services. En plus des services disponibles localement favorisant les transferts de fonds locaux à travers les banques commerciales, une considérable partie de la population longtemps exclue du système bancaire traditionnel, surtout dans les zones rurales, utilise un portefeuille numérique. Cette évolution a contribué d’une manière ou d’une autre à leur intégration sur le marché financier à l’exemple de « MonCash et Natcash » fournis par les différents opérateurs de téléphonie mobile.
Ces dernières années, de nombreux Haïtiens, en plus des moyens traditionnels de transfert de fonds de l’étranger du type « MoneyGram, UniTransfer, Western Union, CAM Transfert entre autres », à travers lesquels les bénéficiaires reçoivent de l’argent liquide dans les bureaux agréés en Haïti. Mais, depuis peu, de nombreuses autres plateformes offrent les mêmes services, souvent à des coûts plus bas et offrant parfois des transferts instantanés sur le portefeuille numérique des bénéficiaires qui peuvent l’utiliser en temps voulu.
Voulant s’adapter à cette nouvelle réalité, les institutions financières concernées dans le transfert de fonds s’allient avec les opérateurs locaux en vue de rendre disponibles sur le portefeuille numérique des bénéficiaires. Ainsi un client peut recevoir dans certains cas leur transfert directement sur leur compte bancaire, sur leur portefeuille numérique disponible localement sans avoir à fréquenter une agence locale.
Tenant compte du nombre de bénéficiaires ne disposant d’un compte bancaire, l’utilisation de ces moyens numériques devient une nécessité pour faciliter l’inclusion financière de millions de personnes, surtout dans les zones rurales qui connaissent un taux élevé d’utilisateurs de « MonCash et NatCash ».
Dans le cadre des efforts consentis par les autorités financières, ils préconisent une inclusion financière établie sur le numérique. Selon Jean Baden Dubois, ancien gouverneur de la BRH, qui intervenait lors du lancement du Plan national de l’éducation financière (PNEF) : « L’accès à l’éducation financière peut contribuer, à la fois, à accroître l’accès, et, l’utilisation des services financiers en termes d’épargne, à réduire le niveau d’endettement, à faire diminuer la probabilité de défaut de paiement et de la faillite et à maintenir la stabilité financière ».

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