DevExpo 2025 : la technologie haïtienne forge son chemin vers l’innovation et le développement
La quatrième édition de DevExpo s’est tenue le samedi 21 juin 2025 à l’hôtel Karibe autour du thème : « Encourager la croissance des startups technologiques à fort impact en Haïti ». Des centaines de jeunes, d’entrepreneurs, d’investisseurs, de décideurs publics et de spécialistes du numérique ont répondu présents à cet espace d’échange et d’initiatives.
La journée a été ponctuée par une série de discussions en groupe, de présentations par des startups et d’interventions stratégiques sur l’avenir de l’écosystème technologique haïtien. En coopération avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’édition 2025 de DevExpo a mis en avant des initiatives concrètes et les défis importants à surmonter pour ancrer durablement l’innovation technologique dans le paysage économique et social du pays.
Un panel initial remarquable
Le premier panel de la journée, très attendu, a su captiver l’attention grâce à ses intervenants de qualité : James Monazard, ministre du Commerce et de l’Industrie ; Robert Paret Junior, président du groupe ProFin ; Xavier Michon, représentant du PNUD en Haïti ; et Patrick Attié, fondateur de l’École supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH). La discussion, brillamment animée par Marc Alain Boucicault, fondateur de Banj, a eu pour propos initial : « La technologie doit désormais être perçue non comme une option, mais comme une solution stratégique au développement national. »
Le ministre Monazard a profité de cette plateforme pour dresser un bilan favorable de ses actions ministérielles. Il a souligné les avancées dans la numérisation de ses services, notamment via le lancement récent d’une plateforme de légalisation en ligne pour les entreprises individuelles. Selon lui, cette plateforme est déjà un succès notable, et il est prévu que les documents produits soient bientôt officiellement reconnus par les banques.
Mais, les ambitions du ministre vont au-delà : il a annoncé que d’ici deux semaines, les entrepreneurs pourront obtenir leur carte d’identité professionnelle (CIP) en ligne. À plus long terme, son ministère espère permettre la création en ligne d’entreprises en nom collectif et de sociétés anonymes « d’ici la fin de l’année ». De plus, un projet de réforme législative est en préparation avec un atelier à venir sur la formation d’une entreprise individuelle à responsabilité limitée.
L’ESIH parie sur l’intelligence artificielle
Un autre moment marquant de ce panel a été l’intervention de Patrick Attié, pionnier de l’éducation en informatique en Haïti. Il a signalé le retard pris par l’espace francophone en matière de technologies d’intelligence artificielle (IA), précisant sa démarche éducative pour combler ce décalage. Grâce à ses efforts, l’ESIH a mis en place plusieurs cycles de formation sur les IA génératrices, notamment autour de l’usage de ChatGPT.
« Nous avons formé plusieurs dizaines de personnes, avec des acteurs des secteurs public et universitaire », a-t-il déclaré. Plus de quarante sessions de formation ont été proposées, avec le soutien d’anciens élèves, pour le bénéfice du ministère de l’Éducation nationale et de l’Université d’État d’Haïti. Ces formations visent l’intégration progressive de l’IA dans les pratiques pédagogiques haïtiennes.
Pour une économie numérique et équitable
Robert Paret Jr., représentant le secteur privé via son entreprise ProFin, a défendu une approche élargie de la richesse, intégrant à la fois les revenus financiers, et l’accès à l’éducation, à la santé et à la sécurité. Il a souligné que la jeunesse constitue un atout majeur pour Haïti. « Aujourd’hui, les jeunes ont accès en temps réel à l’information et aux formations, comme partout ailleurs », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de leur donner les moyens de créer, d’innover et de développer des solutions durables.
Quant à Xavier Michon, il a encouragé les entrepreneurs à persévérer malgré les obstacles et à s’appuyer sur la collaboration pour renforcer la résilience de l’écosystème. Selon lui, l’innovation technologique ne pourra apparaître sans un effort collectif impliquant les secteurs public, privé et la société civile.
Des projets de startups et une jeunesse engagée
L’après-midi a été dédiée à la présentation de startups haïtiennes à fort potentiel. Environ quarante jeunes entrepreneurs ont eu chacun trois minutes pour exposer leurs solutions novatrices devant un jury d’experts. Ces projets, bien ancrés dans les réalités haïtiennes, traitent de sujets aussi divers que la santé, l’éducation, la gestion des déchets, la sécurité alimentaire ou la finance inclusive.
Pour Marc Alain Boucicault, cette dynamique montre que, malgré les difficultés structurelles du pays, il existe en Haïti une énergie créatrice prête à transformer la nation. « Il est crucial que tous les acteurs de l’écosystème conjuguent leurs efforts pour construire une économie numérique viable, génératrice d’emplois et de richesse », a-t-il conclu.
Un écosystème encore en développement mais prometteur
DevExpo 2025 s’est affirmé comme un point de rencontre primordial pour réfléchir à l’avenir technologique du pays. À travers les discussions, les annonces gouvernementales, les récits inspirants et les démonstrations des startups, l’événement a montré que les solutions locales existent et n’attendent souvent que le cadre adéquat pour se développer.
Dans un contexte national complexe, les technologies numériques apparaissent plus que jamais comme un levier stratégique pour sortir Haïti de l’impasse, à condition que tous les acteurs concernés s’impliquent totalement. DevExpo a pour mission de créer cet espace de rencontre, de réflexion et d’action, et semble l’accomplir avec succès.
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