Bonne gouvernance : la solution au secteur éducatif haïtien ?

L’éducation est devenue un facteur fondamental dans un monde dominé actuellement par le savoir et la connaissance. De nos jours, l’aspect quantitatif déterminé par le nombre d’années passé en moyenne à l’école n’est même pas suffisant pour permettre aux jeunes de trouver ensuite un emploi décent. Une étude de la Banque mondiale a indiqué que des enfants ayant fréquenté l’école pendant une période de dix années, dans des Pays moins avancés comme Haïti, avaient de sérieuses difficultés pour lire un texte de façon adéquate et le comprendre. Si on veut assurer une solide formation à la jeunesse haïtienne, devant lui permettre d’être productive et compétitive sur le marché du travail, la qualité de l’éducation ne peut être ignorée.
Une éducation de qualité, rappelons-le, représente donc le quatrième des dix-sept (17) Objectifs de développement durable, signés par Haïti en 2015 en compagnie des autres pays membres des Nations-unies.
En dépit de multiples plans de réforme adoptés par différents gouvernements au cours des dernières décennies, l’éducation haïtienne peine à apporter des solutions nécessaires à une certaine stabilité sociopolitique, indispensable au développement durable. Faute d’une politique publique cohérente en la matière, le secteur éducatif haïtien n’a pu accoucher que des inégalités criantes tout en encourageant d’importants mouvements migratoires du milieu rural vers le milieu urbain. Ceci provoque une densité incontrôlée avec des conséquences néfastes sur la sécurité et la qualité de vie de la population dans les grandes villes. Le manque d’intérêt pour le secteur éducatif haïtien de la part des leaders économiques et sociaux explique en grande partie la dégradation socioéconomique du pays. Alors que la demande pour une éducation de qualité par une population en croissance continue n’a jamais été aussi forte.
Beaucoup d’acteurs se plaignent de la faiblesse des allocations budgétaires au secteur éducatif. Ils notent que le montant alloué dans le budget national à ce secteur est le plus faible de la région. Toutefois, il convient de souligner qu’une augmentation substantielle du budget du Ministère de l’Éducation nationale représente une condition nécessaire mais loin d’être suffisante pour faire face aux multiples défis du secteur. En outre, nous avons tendance à associer le problème de l’éducation en Haïti à la langue d’enseignement et au curriculum utilisé. Il ne fait aucun doute que d’importants changements se révèlent nécessaires dans un système éducatif jugé obsolète et incapable de répondre aux grands défis du 21ème siècle.
Quelle gouvernance pour le secteur éducatif haïtien?
Tout d’abord, les responsables du Ministère de l’Education nationale devraient faciliter l’appropriation des plans stratégique et d’action aux différents niveaux de gestion de l’administration scolaire à travers une décentralisation au niveau des décisions. En renforçant son rôle de régulateur, le Ministère devrait favoriser l’émergence de conseils d’administration au niveau des écoles publiques avec la participation d’acteurs locaux de la société civile, de représentants d’enseignants et de parents d’élèves pour assurer une gestion rationnelle de ces organisations. Des fonds plus importants doivent être octroyés aux organisations scolaires mais la gestion financière devrait respecter toutes les normes allant de l’acquisition de biens et services à la reddition de comptes après chaque année scolaire.
En somme, un leadership transformationnel s’avère nécessaire non seulement à la tête du Ministère mais aussi dans les directions des écoles tant publiques que privées, et jusque dans les salles de classe. Doit-on rappeler que l’éducation est un bien public qui demande la participation de tous les secteurs pour favoriser un développement durable ?
DevHaiti