Économie

Booster les micro, petites et moyennes entreprises : un impératif pour la relance économique en Haïti

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Organisée à l’initiative de la Banque de la République d’Haïti (BRH) et de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID), le forum des entrepreneurs s’est déroulé dans un hôtel à Pétion-Ville, début février 2022. Le forum entend relancer l’économie haïtienne à travers les Micro, petites et moyennes entreprises (MPME) autour du thème « Vers une relance économique plus résiliente ! ».

Le gouverneur de la Banque centrale, Jean Baden Dubois, a plaidé le mercredi 3 février 2022 pour la relance des activités économiques en Haïti au travers la mise en valeur des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) lors de la 2e journée du forum des Entrepreneurs tenu du 2 au 4 février 2022 axée sur les leçons apprises du projet Booster MPME du CNFA: Le Demo Day.

«Si l’on admet que la relance économique plus résiliente passe par le financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), il n’en demeure pas moins qu’il y a un réel besoin pour que les idées d’entreprise soient mieux exploitées et deviennent des entreprises légalement reconnues et opérationnelles», a affirmé Jean Baden Dubois, gouverneur de la Banque centrale dans son discours de circonstance.

Selon M. Dubois, les idées d’entreprises ne demandent qu’un espace pour être présentées et aussi un accompagnement professionnel susceptible de les aider à se développer.

Nous avons fait un appel à projets afin de primer 12 propositions d’entreprises. Nous avons reçu 1 700 propositions en 7 jours. Après 6 mois d’accompagnement, les plus entreprenantes sont prêtes à intégrer l’écosystème financier, s’est réjoui le gouverneur tout en admettant que le besoin de booster les MPME soit réel.

Un besoin que la Confédération de Suisse comprend bel et bien. «La confédération de Suisse dans sa politique de coopération internationale accorde une place importante au développement économique et au bon fonctionnement du secteur financier dans les pays partenaires», a fait savoir Fabrizio Poretti, chargé d’affaires de la Confédération. Un intérêt de la Suisse qui manifeste son engagement dans les domaines du développement économique et de l’emploi afin de lutter contre la pauvreté.

«L’objectif est de permettre à des ménages, des paysans et des petites entreprises de faible revenu d’accéder à des services financiers basés sur des principes de responsabilités et de durabilité», a déclaré M. Poretti dans son allocution.

Des MPME respectant les normes avant tout

Selon James Monazard, directeur général du ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI), l’accompagnement ne peut se faire qu’avec des entreprises légales. Intervenant dans un panel aux côtés d’autres acteurs étatiques, il est d’avis que les entreprises doivent suivre des procédures légales.

«Quand l’idée d’entreprise est devenue concrète, il faut se diriger au prime abord au MCI. La seule institution légale pouvant donner une reconnaissance aux institutions commerciales qu’elles soient des sociétés en nom collectif, en commandite ou par action. L’enregistrement se fait dans l’objectif d’avoir un nom commercial», a-t-il précisé.

De son côté, Lubonheur Loredant, directeur général adjoint de la Direction générale des Impôts (DGI), autre panéliste de la deuxième journée du forum, a informé que pour avoir une patente de l’institution, le passage au MCI est obligatoire. «Les entreprises ont pour obligation de se présenter avec un certificat du ministère du Commerce et de l’Industrie afin d’avoir une patente. Ensuite, elles auront à payer deux types d’impôts», a précisé Monsieur Loredant.

La quête de projets lancée par la BRH au cours de l’année 2020 avec le concours des initiatives innovantes a permis de dénicher 97 perles dans l’écosystème des startups. Ainsi, la première partie du second jour de l’événement était réservée à la constitution d’un portrait de l’écosystème des startups en Haïti.

Le principal défi a consisté à s’attaquer aux obstacles de formation des ressources humaines auxquels font face les porteurs des projets d’entre- prises avant de les orienter vers les institutions financières. À travers le projet CNFA financé par la Coopération  suisse,  la  BRH,  à  la  suite  d’une collaboration fructueuse avec des firmes d’encadrement de la place, offre un modèle de partenariats publics-privés pertinent pour le renforcement des services de coaching et d’encadrement aux petites et moyennes entreprises.

Cette initiative souhaite faciliter le renforcement de capacités et la montée en compétences du personnel des MPME et leur cheminement vers le succès. Dans un contexte de reprise économique post-Covid de tremblement de terre dans les départements de la Grand-Anse, des Nippes et du Sud, la création d’emplois à travers la mise en place et le renforcement des MPME en termes de registres financiers peuvent contribuer de façon considérable à la création d’emplois et la génération de croissance particulièrement dans les zones les plus touchées, croient les organisateurs.

Jeunes entreprises et firmes d’expertises: une alliance efficace

Youseline Vital et Maxime Pierre ont été les jeunes entrepreneurs les plus remarqués parmi ceux qui ont participé à l’appel à propositions d’entreprises, lancé par la Banque de la République d’Haïti (BRH). Ils font partie des 12 gagnants de la première cohorte.

Mme Vital est la directrice artistique de Payèt Design qui existe depuis 2018. «C’est une compagnie qui crée des tableaux avec des tissus, des perles, du bois… Je voulais créer quelque chose qui pourrait servir d’héritage et aussi pouvant promouvoir la culture haïtienne», a-t-elle confié. La jeune gestionnaire se réjouit de l’accompagnement professionnel qu’elle a reçu durant l’expérience qui lui a permis d’être remarquée pour son idée innovante.

Pour sa part, Maxime Pierre a proposé Field Ayiti Max, une entreprise spécialisée dans la transformation de giraumon en poudre. «L’idée m’est venue alors qu’on était en pleine période de Covid-19 en 2020. Au départ, les gens de mon entourage pensaient que c’était impossible puisque le concept était nouveau. Mais j’ai continué. J’ai même transformé ma maison en laboratoire pour arriver à mettre un produit de qualité sur le marché», a expliqué l’économiste-statisticien.

Aux côtés d’autres jeunes entrepreneurs, Youseline et Maxime ont beaucoup appris des firmes accompagnateurs. Une alliance prônée par la Banque centrale pour atteindre son objectif de relance économique plus résiliente.

Isnel Pierreval, représentant de la firme Diagnostic and Development Group, s’est dit satisfait de l’expérience avec les jeunes entrepreneurs. Outre les aspects techniques, l’accompagnement psychologique a été au rendez-vous. «Nous avons fait l’évaluation psychologique des entreprises que nous devions accompagner. Ce qui nous a permis de les évaluer afin de les accompagner au mieux. Nous avons aussi mis l’accent sur la vie personnelle de l’entrepreneur», a-t-il déclaré.

Rock André a abondé dans le même sens. Le directeur du Centre Entrepreneurship et de Leadership (CEDEL Haïti) croit que le mental est à prioriser.

«Vous avez certes besoin d’argent et de finance- ment, mais vous avez d’abord besoin de travailler le mental», a-t-il lancé. Haïti Efficace, Development & diagnostic Group, Confin Consult-Audit et plusieurs autres firmes ont accompagné les jeunes entrepreneurs et les a permis de mettre sur pied leurs entre- prises.

L’objectif a été d’aider les entreprises en devenir dans l’étude de marché et de faisabilité et aussi dans le renforcement à travers plusieurs séances de formation. Les présentations des jeunes entrepreneurs et les panels de discussions avec les chefs d’entreprises d’encadrement ont permis à travers les leçons acquises d’identifier les éléments importants pour le développement de l’écosystème entrepreneurial en Haïti.

La deuxième journée du forum des entrepreneurs a offert un espace de dialogue et d’échanges entre plusieurs acteurs économiques du pays dans le but d’inspirer les décideurs à prendre part au relève- ment économique d’Haïti suite à la pandémie de Covid-19 et aux lourds impacts survenus dans les départements du grand sud après le tremblement de terre du 14 août dernier.

Faciliter le renforcement des capacités et la montée en compétence du personnel des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et leur cheminement vers le succès, tel a été l’objectif de la Banque de la République d’Haïti. Ce qui a permis à 92 idées de projets de passer au stade d’entreprises légalisées. Jean Baden Dubois, gouverneur de l’institution, souhaite récidiver l’année prochaine avec 1 000 entreprises lors du prochain forum. Il a soutenu que la création de richesses passe avant tout par la création d’emplois.

DevHaiti

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