Gouvernance

Bref survol historique de l’espace Caricom

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La Communauté des Caraïbes ou «Caribbean Community» en anglais (Caricom) qui vient de célébrer, le 4 juillet 2023, son 50e anniversaire de fondation, est une organisation régionale composée d’États membres et cinq pays associés des Caraïbes. Réunis dans une localité de l’île de Trinité, Chaguaramas, les représentants de quatre pays: la Barbade, la Jamaïque, la Guyane et Trinité-et-Tobago ont signé, le 4 juillet 1973, le Traité dit de Chaguaramas.

Depuis sa création, la Caricom a élargi sa composition pour inclure la plupart des pays de la région sur la base de quatre piliers fondateurs de l’organisation: l’intégration économique, le développement humain et social, la coordination d’une politique étrangère commune et la coopération sécuritaire. L’objectif principal de la Caricom est de promouvoir l’intégration économique et le développement régional dans les Caraïbes. Elle cherche à renforcer la coopération entre ses membres dans divers domaines, tels que le commerce, les investissements, les transports, le tourisme, la santé, l’éducation et la culture.

La création de la Communauté et du Marché commun des Caraïbes (Caricom) a été le résultat des efforts de 15 ans pour réaliser l’espoir d’intégration régionale qui est né avec la création de la Fédération des Antilles britanniques en 1958. La Fédération des Antilles connait sa fin en 1962, mais sa fin peut être considérée comme le véritable début de ce qui est aujourd’hui la Communauté des Caraïbes.

De CARIFTA à CARICOM

En juillet 1965, des pourparlers entre les Premiers ministres de la Barbade et de la Guyane britannique et le ministre en chef d’Antigua sur l’éventuelle création d’une zone de libre-échange dans les Caraïbes ont abouti à l’annonce de plans précis pour établir une telle zone de libre-échange. En décembre de la même année, les chefs de gouvernement d’Antigua, de la Barbade et de la Guyane britannique ont signé un accord à Dickenson Bay, Antigua, pour créer l’Association de libre-échange des Caraïbes (CARIFTA).

Le nouvel accord CARIFTA est entré en vigueur le 1er mai 1968, avec la participation d’Antigua, de la Barbade, de Trinité-et-Tobago et de la Guyane. L’idée de départ est de permettre à tous les territoires de la région de participer à l’association a été réalisée plus tard cette année-là avec l’entrée de la Dominique, de la Grenade, de Saint-Kitts/Nevis/Anguilla, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent en juillet et de la Jamaïque et de Montserrat le 1er août 1968. Le Honduras britannique (Belize) est devenu membre en mai 1971.

En octobre 1972, durant la septième conférence des chefs de gouvernement, les représentants des différents pays membres ont décidé de transformer la CARIFTA en un marché commun et d’établir la Communauté des Caraïbes dont le marché commun ferait partie intégrante de la nouvelle organisation. En effet, lors de la huitième Conférence des chefs de gouvernement de la CARIFTA tenue en avril 1973 à Georgetown, Guyana, la décision de créer la Communauté des Caraïbes a été concrétisée par l’examen de projets d’instruments juridiques et par la signature par 11 membres de la CARIFTA (à l’exception d’Antigua et de Montserrat). L’Accord prévoyait la signature du Traité de la Communauté des Caraïbes le 4 juillet et son entrée en vigueur en août 1973, entre les quatre pays devenus indépendants : la Barbade, la Guyane, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago.

Haïti et la Caricom

Haïti a intégré la Caricom, en tant que membre provisionnel (ndlr: attendant le règlement définitif de son statut), le 4 juillet 1998 pour ne devenir membre de plein droit que quatre ans plus tard en 2002. Depuis son adhésion, Haïti participe aux activités et aux initiatives de l’organisme sous-régional.

Le Traité Chaguaramas révisé (2001) prévoit la mise en place de la libre circulation des personnes, de services et la libre circulation des capitaux. La décision de réviser le Traité de Chaguaramas afin d’y ajouter le marché unique qui a été prise en 2005 par les chefs d’État et de gouvernement de la Caricom, et cette décision pour diverses raisons, la majorité des pays de la Caricom ne l’a jamais mise en œuvre. Cette révision a donné lieu au CSME qui comporte trois composantes: la libre circulation des personnes, la libre circulation des marchandises et la libre circulation des capitaux. Les pays membres ont pris la décision de se donner une date butoir, à savoir mars 2024, afin de résoudre certains problèmes spécifiques liés à l’application de cette mesure.

Mais, à la 45e réunion des Chefs d’État et de gouvernement de la Caricom, tenue à Trinité-&-Tobago, du 3 au 5 juillet 2023, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, aurait constaté que son pays n’est encore prêt pour intégrer pleinement le CSME. Les raisons évoquées seraient l’attente de la ratification par Haïti de certains instruments juridiques.

En 2005, République dominicaine sollicite son intégration au sein la Caricom. Le poids de la population et de l’économie dominicaine par rapport à celles des autres États membres posent un problème pour les autres Etats-membres. Entre temps, il a été proposé que les relations entre la Caricom et la République dominicaine soient resserrées par le biais de l’Association des États de la Caraïbe (AEC).

En dépit des défis d’ordre divers, la Caricom continue de jouer un rôle important dans le renforcement de la coopération et de l’intégration régionale dans les Caraïbes. Cependant, l’intégration d’Haïti se heurtera longtemps encore aux exigences de l’organisme sous-régional, tant que le pays connait l’instabilité politique, économique et structurelle. Bien des conditions doivent être remplies par Haïti avant cette intégration tant souhaitée.

DevHaiti

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