Budget 2021-2022, l’État doit faire mieux…

Le Budget de l’État ou la Loi de finances est l’un des outils de politiques publiques majeurs établis chaque année par les pouvoirs publics afin de prévoir les recettes et les dépenses à réaliser. Cette année fiscale 2021-2022, malgré une situation politique et institutionnelle très instable, le gouvernement d’Ariel Henry a publié un budget très optimiste et marqué par des progrès par rapport à l’an dernier. En effet, 210,5 milliards de gourdes (MG) est le montant de l’enveloppe globale du budget 2020-2021, en hausse absolue de 17,5 MG, soit une variation relative de 9,1%.
La hausse de l’enveloppe globale du budget est principalement due à celle des recettes totales composées par les impôts directs, indirects et les autres recettes domestiques. Les recettes totales sont passées de 95,6 MG en 2020-2021 à 120,13 MG pour l’exercice fiscal actuel soit une variation relative de 24,6%. Les impôts directs, c’est-à-dire la somme des impôts sur les revenus, les taxes sur le salaire et main-d’œuvre et impôts sur la propriété, sont passés de 29,8 MG à 36,6 MG. Les impôts indirects (TCA et Import sur le commerce extérieur) pour leur part sont passées 57,7 MG à 72,4 MG.
Ces résultats qui sont par nature des prévisions sont bien corroborées par les réalisations présentées dans les notes de politique monétaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH). En effet, selon la BRH, dans le deuxième trimestre de l’exercice fiscal 2021-2022, les recettes se sont établies à 31 091,6 millions de gourdes (MG), en hausse de 18,7 % par rapport au trimestre précédent. Si nous comparons ces résultats à ceux du deuxième trimestre de 2020-2021 dans lequel les recettes du trésor n’ont été que de 22,6 MG, nous pouvons constater un certain renforcement de la capacité du Trésor public à collecter des recettes fiscales. Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)
La hausse des recettes publiques dans le budget 2021-2022 va de pair avec celle des dépenses qui ont connu des variations proportionnelles. Les dépenses courantes de l’État ont augmenté de manière absolue de 20.8 MG soit de 17,2% en termes relatifs. Ces dépenses sont passées de 121,4 à 141,6 MG entre 2020-2021 et 2021-2022 dans le Budget. Selon les notes de politique monétaire de la BRH, pour le second trimestre 2021-2022, les dépenses publiques ont baissé au deuxième trimestre de l’exercice, après un repli de 13,8 % au premier trimestre, ils ont reculé de 32,3 % en variation trimestrielle pour s’établir à 32 005,6 MG.
Si les résultats du premier trimestre des exercices fiscaux 2020-2021 et 2021-2022 sont semblables, les finances publiques de l’État ont nettement mieux performé cette année au deuxième trimestre. Au premier trimestre de l’exercice fiscal 2020-2021, les dépenses budgétaires ont totalisé 48 931,69 MG. Cette performance des dépenses publiques a soldé sur un niveau de déficit budgétaire de 20 673,01 MG au premier trimestre 2020-2021. Pour l’exercice actuel, au premier trimestre, le déficit budgétaire a été de 20,8 MG. Au deuxième trimestre de l’exercice fiscal 2020-2021, les opérations financières de l’État se sont soldées par un déficit du Trésor de 33 108,50 MG tandis que pour l’exercice actuel, le déficit au deuxième trimestre n’est que de 15.84 MG.
D’autres variations remarquables peuvent être aussi observées dans le budget 2021-2022 par rapport à celui de 2020-2021. Les cas des intérêts sur la dette qui ont augmenté de 12.8%, des autres ressources domestiques de 25,3%, la forte diminution des dépenses exceptionnelles de 46.8% marquée essentiellement par celle des dépenses électorales pour la même valeur relative. Les dépenses en capital ont aussi diminué de 6,93 MG passant de 46,6 à 39,6 tandis que les dépenses de fonctionnement de l’administration publique de 19.6% passant de 113.2 à 135.4 MG. Enfin, le taux de pression fiscale a connu une faible hausse. Il est établi à 6% contre 5.6% l’année précédente, ce taux reste très en-dessous de la moyenne régionale qui est de 21,9%.
Le Budget 2021-2022, particulièrement les réalisations effectuées au deuxième trimestre, traduit une meilleure performance de l’Etat par rapport à l’an dernier. Toutefois, certains secteurs de l’économie restent peu financées comme le traduit la baisse des dépenses en capital qui n’aidera surement pas la productivité. La fiscalité du pays reste aussi très dépendante des impôts sur la consommation et des taxes sur le commerce extérieur. La situation de la pression fiscale s’est nettement dégradée mettant Haïti en queue de peloton dans la région. Avec 6% à l’arrivée, la République dominicaine par exemple, fait double fois mieux avec une pression fiscale de 12.6%.
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